Les 10 matchs les plus mémorables : Munster – Nouvelle-Zélande 2008

Par Rugbyrama
  • Le haka des néo-zélandais du Munster face aux All Blacks en 2008
    Le haka des néo-zélandais du Munster face aux All Blacks en 2008
  • Hosea Gear - Nouvelle Zélande - 2009
    Hosea Gear - Nouvelle Zélande - 2009
  • Le haka des Néo-Zélandais du Munster face aux All Blacks en 2008
    Le haka des Néo-Zélandais du Munster face aux All Blacks en 2008
  • Donnacha Ryan (Munster) aux prises avec Jason Eaton
    Donnacha Ryan (Munster) aux prises avec Jason Eaton
  • Joe Rokocoko (All Blacks) anéantit les espoirs du Munster
    Joe Rokocoko (All Blacks) anéantit les espoirs du Munster
Publié le Mis à jour
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INTERNATIONAL - La crise sanitaire actuelle a contraint les autorités à stopper toutes les compétitions de rugby en Europe. L’occasion de ressortir les matchs les plus beaux, les plus légendaires, les plus inoubliables de l’histoire du rugby. Sixième match mémorable : quand le Munster a failli créer un miracle face aux All Blacks à Thomond Park.

Tout est réuni pour assister à une jolie fête du côté de Limerick. En ce 18 novembre 2008, pour l’inauguration du nouveau Thomond Park, dont la capacité vient d’être augmentée à 26 000 spectateurs (contre 13 500 au départ) les dirigeants du Munster ont réussi à obtenir une rencontre d’exhibition face aux All Blacks, de passage en Europe pour la traditionnelle tournée automnale. Cette rencontre, la huitième entre les deux équipes depuis 1905, marque les 30 ans de la première et seule victoire des Munstermen, qui avaient triomphé des néo-zélandais sur le score de 12 à 0, le 31 octobre 1978. La plupart des héros irlandais sont dans les gradins pour l’occasion, et crédités en avant-match d’une copieuse ovation par un public qui n’oublie jamais ses champions.

Détail important : ce match anniversaire est joué un mardi, les organisateurs ayant réussi à trouver un créneau entre les rencontres des All Blacks face à l’Irlande puis au pays de Galles. Les joueurs phares néo-zélandais sont presque tous laissés au repos : parmi les 15 titulaires ce soir, seul Joe Rokocoko était aligné d’entrée trois jours avant à Dublin. Mais le sélectionneur Graham Henry aligne quand même des joueurs de qualité. La charnière Weepu-Donald, titulaire lors de la finale de la Coupe du monde 2011, est alignée pour la première fois, tandis que le jeune pilier Ben Franks connait sa première cape. Quant aux futures stars que deviendront Cory Jane, Hosea Gear, Liam Messam ou Kieran Read (sur le banc), elles ont là l’occasion de montrer toute l’étendue de leur talent.

Hosea Gear - Nouvelle Zélande - 2009
Hosea Gear - Nouvelle Zélande - 2009

Mais face à ces All Blacks privés de la plupart de leurs titulaires, il ne faut pas oublier que le Munster est amputé de 10 internationaux irlandais. Les piliers Horan et Hayes, la seconde ligne O’Callaghan-O’Connell, les flankers Quinlan et Wallace, la charnière O’Leary-O’Gara… Tous étaient titulaires à Dublin face aux néo-zélandais et absents ce soir à Limerick. Selon les bookmakers, la cote du Munster vainqueur est à 33 contre 1.

Un parfum de possible

Malgré tous les pronostics en leur défaveur, les 22 joueurs en rouge qui rentrent sur le terrain y croient, et comptent mettre toutes les chances de leur côté. C’est ainsi qu’avant le haka des All Blacks, 4 Munstermen sortent du rang : les centres Lifeimi Mafi et Rua Tipoki, l’ouvreur remplaçant Jeremy Manning mais aussi l’arrière Doug Howlett, recodman du nombre d’essais sous le maillot noir frappé de la fougère argentée. Les quatre néo-zélandais du Munster réalisent un Ka Mate poignant sous les hourras de la Red Army. Les All Blacks répliquent avec la même danse, le décor est planté.

Le haka des Néo-Zélandais du Munster face aux All Blacks en 2008
Le haka des Néo-Zélandais du Munster face aux All Blacks en 2008

Accompagné de chants irlandais, l’arbitre français Romain Poite siffle le coup d’envoi du match, donné par l’ouvreur australien du Munster Paul Warwick. Mais les Irlandais semblent avoir du mal à entrer dans leur partie car dès la première action, Steven Donald transperce bien trop facilement le rideau défensif du Munster. Sans conséquence, cette alerte a le mérite de réveiller des Irlandais certainement groggys par l’importance de l’événement. Les locaux se font dès lors dominants dans les impacts et obtiennent une première pénalité dans le jeu au sol. Warwick transforme et le Munster ouvre le score. Sur le renvoi, Steven Donald réplique et après un quart d'heure de jeu, le score est de 3 partout.

Mais les coéquipiers de Nick O’Driscoll ont du cœur et font surtout preuve de réalisme. À chaque incursion dans le camp adverse, Warwick score, d’abord sur une pénalité, puis sur un magnifique drop de plus de 40 mètres qui fait se lever le public comme si le match était gagné. Mais les All Blacks, même affaiblis, restent les All Blacks. Après un ballon perdu par Murphy, les hommes noirs enchaînent les passes après contact, les courses tranchantes et c’est Steven Donald qui vient marquer le premier essai du match qu’il transforme aussitôt. En 5 minutes de folie, le score vient de passer de 3-3 à 9-10.

Donnacha Ryan (Munster) aux prises avec Jason Eaton
Donnacha Ryan (Munster) aux prises avec Jason Eaton

À ce moment-là, on se dit que la machine est lancée, que les Blacks vont dérouler. Que nenni, les joueurs du Munster résistent, et même plus ! Alors qu’on joue la 36ème minute, sur une mêlée à 5 mètres de l’en-but néo-zélandais, James Coughlan et Peter Stringer réalisent une 89 d’école. Le demi de mêlée fixe Hosea Gear et transmet à Barry Murphy qui peut aller aplatir, sans opposition, le seul essai encaissé par les All Blacks sur toute leur tournée d’automne. La Red Army exulte : à la mi-temps, le Munster mène 16 à 10, mais l’on se demande si les Irlandais vont réussir à maintenir l’allure.

Rokocoko, briseur de rêve

Au retour des vestiaires, la réponse est claire. Les Munstermen, malgré une pénalité de Donald qui réduit rapidement l’écart, sont transcendés. Comme une meute de loups fond sur sa proie, les hommes en rouge se jettent sur tous les ballons qui traînent, sur tous les attaquants néo-zélandais qui tentent leur chance et en ressortent frustrés. Le capitaine Nick O’Driscoll est à la pointe du combat, le jeune Donnacha Ryan est une tour de contrôle en touche, et la charnière Stringer-Warwick alterne à merveille le jeu pour renvoyer les All Blacks dans leur camp.

L’atmosphère dans Thomond Park est électrique : il reste peu de temps, les protégés de Tony McGahan peuvent le faire ! Mais comme souvent, quand on joue au-dessus de ses moyens, on finit par craquer. À l’approche du coup de sifflet final, les Blacks se font de plus en plus dangereux. Romain Poite ne récompense pas un dernier conteste désespéré de Coughlan, et puis tout va très vite. Muliaina fixe trois défenseurs et sert Rokocoko sur sa gauche. L’ailier gauche élimine Howlett et résiste au retour de Springer pour aller marquer son 43ème essai en 56 matchs avec la Nouvelle-Zélande. Cinq minutes à jouer, le Munster est K.-O et ne se relèvera pas, en témoigne ce ballon lâché au pied par Warwick alors que le temps réglementaire est terminé. Score final : 16-18.

Joe Rokocoko (All Blacks) anéantit les espoirs du Munster
Joe Rokocoko (All Blacks) anéantit les espoirs du Munster

Cette histoire ne se termine pas vraiment bien mais elle fut magnifique, à l’image de l’ovation de la Red Army à la fin de la partie. L’histoire d’un club irlandais qui, dans l’ère professionnelle, a fait jeu égal avec une équipe vainqueur du Tri-Nations et auteure d’un Grand Chelem dans sa tournée des îles britanniques cette année-là. Ce soir-là, Thomond Park fut le théâtre d’un rêve inachevé, un rêve qui restera gravé dans la mémoire de tout fan de rugby, du Munster ou d’ailleurs.

Baptiste Pery

Crédits photos : Photosport, Sean Ryan

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