Décollage difficile pour le rugby en Chine

Par Rugbyrama
  • L'équipe de Chine a battu l'Inde. Crédit photo : www.asiarugby.com
    L'équipe de Chine a battu l'Inde. Crédit photo : www.asiarugby.com
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INTERNATIONAL - Ils slaloment entre des plots, se jettent sur un ballon ovale, certains pleurent parce qu'on ne leur a pas passé la balle: pendant que les grandes nations préparent la Coupe du monde, l'avenir du rugby en Chine se joue peut-être là, avec ces enfants, dans l'anonymat d'une petite salle du sud-est du pays.

"Passe, relève toi et arrête de pleurer", martèle l'entraîneur Zhang Shuangyi, à la fois autoritaire et bienveillant, aux gamins du Simba Rugby Youth Club à Chongqing. Le rugby s'est rapidement développé chez le voisin japonais. A tel point que le pays du Soleil Levant accueillera la Coupe du monde cette année et attire, de plus en plus, de gloires du rugby, néo-zélandaises ou australiennes, attirées par des contrats juteux proposés par des clubs aux importants moyens financiers.

Il a beaucoup plus de mal à s'implanter dans l'Empire du milieu, où "le ballon olive", comme certains le surnomment là-bas, demeure encore mystérieux pour beaucoup. "La plupart des gens pensent que c'est un sport rude", explique Zhang, qui tente d'inculquer aux jeunes générations les valeurs du rugby. Xia Jialiang, ancien membre du XV de Chine et cofondateur du Simba Club en 2009, veut néanmoins y croire: "le côté positif avec le rugby, c'est que quand vous y goûtez, il y a quelque chose de magique qui opère, pas seulement à cause de ses caractéristiques sportives mais aussi pour les valeurs humaines de camaraderie qu'il véhicule", déclare-t-il à l'AFP. "Cette sorte de magie est quelque chose que nous espérons faire partager", ajoute-t-il.

En queue de peloton

"Ici, nous encourageons l'esprit d'équipe et de partage. Beaucoup de ces jeunes communiquent beaucoup mieux depuis qu'ils sont ici", poursuit ce pionnier. "Ceux qui ne connaissent rien au rugby s'arrêtent à l'aspect rude de ce sport, qui réclame un engagement total", regrette pour sa part Liu Ying, dont la fille Adora, âgée de quatre ans, pratique ce sport chaque semaine au club de Simba. "Elle est devenue plus solide, saute plus loin et tombe moins souvent malade", note-t-il.

Malgré tout, les tentatives pour développer le rugby dans un pays de quelque 1,4 milliard d'habitants ne sont pas couronnées de succès. Une offre de 100 millions de dollars présentée par Alisports, la branche sports du géant chinois du commerce électronique Alibaba, visant à créer des ligues professionnelles masculines et féminines, n'a pas fait décoller ce sport, et a été pour l'instant abandonnée. Au niveau mondial, la Chine est en queue de peloton : elle n'apparaît qu'en 80e position sur 105 pays. Bien trop loin pour prétendre disputer un jour une Coupe du monde, alors que se profile le premier Mondial de cette discipline jamais organisé en Asie.

L'essentiel de son activité se concentre sur la douzaine d'équipes amateurs, noyées dans l'immensité des mégalopoles du pays. Les Chongqing Rangers, celle du club de Simba, est l'une d'elles. Championne de sa province et 4e au niveau national, elle tente de faire la promotion du rugby en allant jouer des matches-exhibition dans de petites villes. Malgré l'optimisme de World Rugby, l'organe suprême du rugby qui évoque une étude selon laquelle 30 millions de Chinois seraient attirés par ce sport, le chemin vers sa reconnaissance en Chine reste encore très long. La Fédération chinoise de rugby, dont les moyens sont dérisoires comparés au basket ou au football, n'a pas daigné s'exprimer sur le sujet.

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