Ecosse : une académie pour les jeunes Français

Chris Ewing vit en partie en France et fut naguère footballeur professionnel, à Motherwell, en première division écossaise puis de divers clubs de niveau inférieur. Mais le 5 mai, il supervisera la tenu d'un match de rugby à Paris, au centre de Marcoussis. Son but organiser le séjour d'une quinzaine de jeunes Français en Ecosse pendant, en gros, une année scolaire. Il a forgé le concept en 2011 avec des jeunes footballeurs et le modèle a tout de suite marché via sa société Edusport Academy. Il en a fait son métier. "Jusqu'à présent, je suis le seul à faire ça en Ecosse. Proposer un séjour linguistique à des jeunes en parallèle avec une activité sportive. En football, nous avons soixante joueurs et quatre équipes. Notre équipe première joue au cinquième niveau écossais, c'est à dire à un stade semi-professionnel. En rugby, la situation est différente. Nous avons commencé en début de saison, nous avons fait venir un petit groupe de neuf jeunes dans un projet-pilote et nous avons choisi de les répartir dans plusieurs clubs écossais selon leur niveau."

Le but est évidemment de proposer une immersion culturelle totale à ces joueurs pour qu'ils deviennent bilingue à la fin de l'année. Chris Ewing leur propose un logement dans une résidence universitaire accompagné de plusieurs heures par semaine de cours d'anglais. Ils ont aussi des séances d'entraînements propres en plus de ceux qu'ils font avec leur clubs respectifs. La première promotion des rugbymen français n'est pas pléthorique, elle est issue de deux matchs de sélection rapidement organisés la saison passée. "Ils ont déjà fait énormément de progrès en sept mois, mais le fait qu'ils ne soient que neuf est problématique. Ca nous empêche de les réunir pour faire quelques matchs amicaux ensemble contre des universités par exemple. Cette année, nous allons travailler plus en profondeur notre sélection pour trouver un groupe plus fourni."

Venus du Lot -et-Garonne, de Toulouse ou de la Bourgogne

Ces neuf joueurs qui sont ils ? Nous les avons rencontrés dans une cité universitaire de la banlieue de Glasgow. Ils ont le profil d'étudiants à la croisée des chemins, motivés par l'idée de maîtriser l'anglais couramment. Alexandre, 22 ans, arrière ou centre, a joué à Agen chez les jeunes avant d'arrêter sur blessure. Puis il s'est retrouvé en Fédérale 3 à Laroque Timbault. "J'ai connu l'académie par hasard. Je suis tombé sur un post sur un site internet et ça m'a intéressé. Je me suis retrouvé au club de Cartha Queens Park, dont l'équipe première est en deuxième division. Je suis arrivé fin août." Il s'est vite fait à cette vie de semi-professionnel. Deux entraînements avec le club, deux avec l'académie : "Sans compter les trois ou quatre séances de musculation hebdomadaires." Sur le plan scolaire, il suit des cours d'anglais, trois matinées par semaine.

Francis, deuxième ligne, 18 ans, vient de Bourgogne, onze ans de pratique à Saint-Martin du Lac, un club de série en Saone-et-Loire. "J'ai découvert l'existence de l'académie sur Facebook. Je suis monté à Paris pour la détection et ça a marché. Mon objectif, est de progresser, tout simplement pour essayer de percer" Francis joue lui aussi à Cartha Queens Park. En fait ce club de Glasgow accueille tout le contingent français et les disperse dans ses trois équipes. Boris-Alexis vient de Quint-Fonsegrives, dans la banlieue de Toulouse. Il jouait ouvreur en seconde-série : "J'arrivais à la fin de mes études et je ne savais pas trop quoi faire. J'ai découvert l'académie sur internet par hasard. J'en ai discuté avec mes parents et je me retrouve ici pour améliorer mon rugby et mon anglais."

Les rugbymen sont encadrés par un manageur, un entraîneur proprement dit, un préparateur physique. Sans compter Nathalie Piret, manageur général de toute l'académie, rugby et foot pour superviser la vie des jeunes au quotidien, et leur accès à l'université de Glasgow s'ils sont désireux de suivre telle ou telle formation. Les jeunes ont donc le sentiment d'être vraiment pris en main pour devenir de vrais rugbymen sérieux, capables de jouer au moins en fédérale. Francis, aimerait bien trouver une place dans l'équipe espoirs d'un club professionnel. Il s'apprête par exemple à faire une séance de détection du LOU.

Ce jour-là, Fraser leur manageur, les a pris pour l'après-midi sur un terrain d'entraînement dans une sorte de plaine des sports nichée au cœur d'un bois. Fraser fut professionnel dans les années 90, au début de l'existence de la franchise des Glasgow Warriors, comme demi de mêlée jusqu'en 2001. Et joua même pour l'Ecosse A. Il ne travaille pas à plein temps pour l'académie. Mais la qualité de ses séances est là pour assurer la crédibilité de l'académie de Chris Ewing qui devrait continuer son existence avec de plus en plus de jeunes rugbymen français....