Premier bain de foule

Au milieu des curieux venus approcher le XV de France d'un peu plus près, un jeune Néo-Zélandais charrie gentiment les supporters tricolores : "Je suis désolé de vous le dire mais les All Blacks vont vous battre... Si vous avez remporté le quart de finale en 2007, c'est seulement parce que l'arbitre était anglais." L'assistance sourit, amusée.

Aux abords du stade d'entraînement des Bleus, les supporters présents ne sont pas tous français, vous l'aurez compris. Veronica, par exemple, a emmené son neveu de 10 ans, fan absolu de rugby... et des All Blacks : "Même si la France n'évoque pas de bons souvenirs pour nous, c'est sympa de pouvoir approcher les joueurs de près, explique-t-elle, un grand drapeau français entourant ses épaules. Et puis, ils sont venus de loin alors leur apporter un peu de soutien ne peut pas leur faire de mal."

Les joueurs ne sont pas les seuls à être venus du bout du monde. Des supporters parisiens, niçois ou toulousains ont fait le tour de la planète pour suivre cette Coupe du monde et soutenir le XV de France. D'autres sont là parce qu'ils vivent en Nouvelle-Zélande. C'est le cas d'Isabelle, dont le mari est kiwi. Les noms des joueurs, ou même leurs visages, ne lui sont pas familiers, mais l'essentiel n'est pas là : "J'ai un mois et demi pour apprendre à les reconnaître, je vais m'y mettre !, s'amuse-t-elle. D'habitude, je ne m'intéresse pas du tout au rugby mais ils sont là alors c'est la moindre des choses de venir les supporter."

Marty ménagé, Mermoz dans l'en-but

Alors qu'une pluie fine commence à tomber, les Bleus effectuent une opposition. Ils se sont échauffés en petits ateliers et ont déjà travaillé les passages au sol. Les avants et les trois-quarts vont bientôt se séparer, pour répéter les lancements en touche et perfectionner le jeu au pied sous l'oeil de Philippe Sella et d'Olivier Magne. David Marty, ménagé en raison d'une pointe au mollet, regarde lui aussi, tandis que Maxime Mermoz poursuit son travail en marge du groupe, dans l'en-but. La séance n'est pas d'une qualité exceptionnelle. Et Jérémy, venu de Nice pour trois semaines, ne cache pas son pessimisme : "Le XV de France me déçoit depuis deux ou trois ans. Les Tonga me font très peur et je ne le vois même pas sortir de la phase de poules. Pour tout vous dire, ma femme est Néo-Zélandaise alors mon équipe de coeur, c'est les All Blacks."

D'autres se montrent plus enthousiastes toutefois, à l'image de ce supporter qui s'exclame : "Je suis heureux !" alors qu'il se fait photographier entouré d'Imanol Harinordoquy et de Thierry Dusautoir à l'issue de la séance. Le sourire aux lèvres, les joueurs du XV de France signent des autographes et échangent avec leurs fans. Ils le feront tous les mardis durant la phase de poules, au moins.