L'exploit quadriennal

C'est désormais entré dans le langage rugbystique courant, les Français réalisent un exploit par Coupe du monde. Le raccourci est pourtant vite fait, voire un peu trop. Si les victoires sur les Australiens en 1987 (30-24), puis contre les Blacks à deux reprises, en 1999 (43-31) et 2007 (20-18) sont d'authentiques performances, celle contre les Anglais lors du match pour la troisième place en 1995 (19-9) est à relativiser. Quid des années 1991 et 2003, où tout s'est déroulé selon la logique du moment, avec les défaites face aux anglais, qui finiront finaliste de la première édition, et vainqueur de la seconde. Une réputation qui s'est donc faite au gré des éliminations des All Blacks par les Français, considérés dorénavant comme des bêtes... noires au pays du long nuage blanc.

La qualifications aux dépens des Anglais ce samedi dernier peut-il alors être considéré comme un exploit ? Si l'on en juge par les seules prestations précédentes du XV de Marc Liévremont, oui ! Si l'on en juge par celles réalisées par les Anglais, non. Encore une fois, tout est question de point de vue, selon que vous voyez le verre à moitié plein ou à moitié vide.

L'aide irlandaise

Suivant les matches quelque peu indigestes de la phase de poules, personne ne donnait de grandes chances à l'équipe de France, mais c'était sans compter sur la tornade irlandaise, qui reléguait l'Australie au rang de numéro 2 de sa poule. Ou quand la troupe de BOD (Brian O'Driscoll) joue à qui perd gagne, puisque le XV du Trèfle s'est ensuite heurté aux Gallois de Sam Warburton qui font une des plus belles impressions jusqu'à présent. Exit l'Australie de la partie du tableau promise au XV frappé du coq. Exit l'Afrique du Sud du tableau tout court dorénavant. L'on est quand même bien content, à ce jour, d'affronter les nations du Nord, plutôt que de se frotter à ces Sudistes, certes émoussés, mais toujours follement craints. Devant ce calendrier a priori favorable, tous les rêves sont permis, même les plus fous.

Où est l'exploit ?

Alors, si d'aventures, le XV de France se hissait en finale... Si d'aventures, il devenait champion du monde, l'exploit serait là, exposé à la face du monde : le trophée doré dans les bras de Thierry Dusautoir. Et l'on ferait certainement table rase du passé, encensant les vainqueurs, tant décriés quelques semaines auparavant. Mais l'hypothétique nous fait redescendre de notre piédestal. Pour le moment, la France n'a rien gagné, tout juste s'est-elle qualifiée pour cette demi-finale, largement à sa portée donc. Présentement, le XV de France n'a réalisé qu'un exploit... celui d'être battu par le Tonga et d'avoir totalisé deux défaites dans une phase de poule avant d'atteindre le dernier carré. Et si d'aventures, c'était ça, notre exploit quadriennal ?