Un Haka d'anthologie

C'est un moment magique. Sans doute l'une des images qui va rester de cette rencontre, de ce Tournoi même. Vingt-deux Français sautillant, s'agrippant à leurs t-shirts bleu-blanc-rouge, les yeux exorbités par la rage de vaincre face à des Néo-Zélandais exécutant leur Haka. Tels des boxeurs face-à-face, les Français ont voulu montré qu'ils allaient se battre et ne rien lâcher. "On a pris la décision il y a deux, trois jours ensemble, explique Raphael Ibanez. On ne cherchait pas la provocation parce qu'on a beaucoup de respect pour le Haka mais simplement montrer qu'on existait et qu'on était fiers de nos couleurs".

Résultat, une minute vingt de pur bonheur où les Néo-Zélandais ont semblé légèrement perturbé et n'ont pu avancer plus loin que la ligne médiane où s'étaient alignés les Bleus. Les hommes de Bernard Laporte ont avancé les premiers comme pour signifier qu'ils ne subiraient pas et qu'il répondraient présents. "On a voulu montrer qu'on faisait bloc, explique Sébastien Chabal. Qu'il était interdit de franchir la ligne". "Ce sont toujours les Néo-Zélandais qui décident après le Haka que l'on peut jouer. On a voulu y participer sans le subir", poursuit Cédric Heymans.

Au final, de l'émotion et des hommes qui se défient les yeux dans les yeux. "C'était à celui qui allait baisser les yeux le premier , explique Damien Traille. "On avait décidé de prendre chacun le sien, de choper un regard et de ne plus le lâcher, poursuit Frédéric Michalak. C'était un moment très sympa à vivre pour nous et j'espère pour tout le monde". Vincent Clerc confirme. "J'en avais des frissons, les larmes aux yeux, même, tellement c'était intense" . Heureusement, tous se sont ressaisis - ou s'en sont nourris - sans se laisser submerger par l'émotion, pour réaliser l'impensable exploit et laisser un souvenir merveilleux.