Lapasset : "Pas une tombola"

Par Rugbyrama
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Le président de la FFR Bernard Lapasset, candidat à la présidence de l'IRB, fait le point après l'élimination des Bleus en Coupe du monde... et avant la nomination du prochain entraîneur tricolore.

Compte tenu du fait que les Bleus ont été éliminés, considérez-vous que cette Coupe du monde en France est un échec, au niveau de l'événement que cela représente ?

Bernard LAPASSET : Un échec, c'est beaucoup dire... Mais c'est sûr que c'est un arrêt par rapport à notre objectif. Nous voulions la gagner cette Coupe du monde, jusqu'au bout de nous-mêmes. Mais nous avons vécu des choses extraordinaires et il faut avoir du respect et de l'amitié pour tous ceux qui se sont livrés pendant ce Mondial. Le parcours n'a pas été simple, le projet a été extraordinairement complexe à monter et tout le monde a répondu présent. Nous avons perdu, bien sûr que nous sommes malheureux mais je ne suis pas furieux du tout.

Comment expliquez-vous cette défaite?

B. L.: Ça se joue à très peu de choses et il ne faut pas chercher des raisons là où il n'y en a pas. Contre les All Blacks samedi dernier, c'était extraordinaire, tellement parfait. Le match de samedi ne remet en cause ni les hommes, ni la façon de jouer, ni l'engagement de chacun. Quelque chose de fort s'est passé pendant cette Coupe du monde. Nous avons fait la plus longue préparation du rugby français. On y a mis beaucoup d'ardeur, d'envie et de conviction et on termine seulement sur dix minutes durant lesquelles on a vu un joueur (Wilkinson) rayonner sur un terrain, faisant de choses que lui seul sait faire. Il fait des choses extraordinaires, sur tous les compartiments du jeu, sait se mettre en retrait, alterner du côté gauche et du côté droit, jouer au pied ou à la main. Bref, il a montré la qualité de son talent. Bravo, l'Angleterre a mérité sa victoire.

Le match ne bascule-t-il pas avec la cuillère de Worsley sur Clerc?

B. L.: Si Clerc passe à la 68e, il n'y a rien à dire. Avec des si..., on ne refait pas le match. Donc c'est une énorme déception, mais parler d'échec, c'est trop. Le rugby français a encore de beaux moments à vivre. Il y a tellement de gens qui ont donné avec nous. Je suis allé voir les volontaires après le match. Je n'avais jamais vu une passion aussi forte. C'est rare après une défaite de voir un public derrière son équipe comme ça et lui dire merci.

La Coupe du monde reste donc une réussite pour vous?

B. L.: Je veux dire merci à ce public, aux partenaires, aux bénévoles qui ont permis de faire de cette Coupe du monde une très belle fête. 95% de remplissage dans les stades, ce n'est pas rien. Ce que je voulais dire aussi, c'est que le plus bel exploit de ce Mondial a été réalisé par l'équipe de France. Il y a toujours quelque chose qui ressort d'une telle compétition. Je me rappelle qu'en 1995, c'était Jonah Lomu qui avait explosé. Là, je n'ai pas trouvé de joueur extraordinairement au-dessus du lot. Le plus gros exploit, c'était samedi dernier à Cardiff et c'est l'équipe de France qui l'a créé.

La nomination du nouvel entraîneur de l'équipe de France fait couler beaucoup d'encre. Où en êtes-vous sur ce sujet ?

B.L. : Un entraîneur, ça ne se choisit pas au hasard. Il faut qu'on arrête cette tombola, on a l'impression que c'est un tirage au sort. Etre entraîneur de l'équipe de France, c'est un choix, c'est un projet. Une nomination, ça se construit, ça s'analyse. Il faut donc avoir deux approches. La première, c'est de respecter la Coupe du monde. Il y aura un champion du monde samedi prochain et il faut attendre que la compétition se termine. On n'a pas besoin de faire du franco-français pendant cette période et il faut donner la meilleure image qui soit de notre engagement à nous, Français, dans ce Mondial. Le deuxième élément, c'est qu'il faudra en parler avec Bernard Laporte et d'autres. Parce que ça se partage ces décisions-là. Nous sommes quelques-uns, pas nombreux, à pouvoir répondre à cette question. Nous évoquerons en bureau fédéral la personne ou le groupe de personnes qui succèderont à cette équipe. Dans les quinze jours qui suivent la Coupe du monde, vous connaîtrez les nouveaux entraîneurs de l'équipe de France.

Quels sont les critères auquel devra répondre le nouveau sélectionneur ?

B.L. : Il y en a beaucoup. Mais les critères essentiels sont la capacité à travailler en équipe, l'expérience, la dimension humaine de la personne, son vécu. Je ne sais pas s'il s'agira d'un international, mais c'est sûr que c'est plus facile quand il l'a été. Mais il n'y a pas d'homme providentiel. Le choix sera forcément très subjectif. Est-ce que ce sera forcément le meilleur ? Je ne sais pas.

Jo Maso va-t-il rester ?

B.L. : Il restera manager oui, c'est certain.

On parle de Philippe Sella également...

B.L. : Il y aura aussi une place quelque part pour Philippe Sella. Pas forcément avec l'équipe de France seulement mais avec toutes les équipes de France. Quand on voit qu'un match des moins de 20 ans contre une sélection africaine a attiré 15 000 personnes à Metz... Cela prouve qu'il y a beaucoup d'engouement pour le rugby en France et des choses à faire.

Le nouvel entraîneur aura donc un profil très différent de Bernard Laporte ?

B.L. : C'est le message oui. Il ne faudra pas essayer de faire du Laporte sans Laporte.

Beaucoup de moyens ont été mis en place pour préparer cette Coupe du monde. Y en aura-t-il encore plus ?

B.L.: Les premiers moyens, ce sont les hommes qui sont sur le terrain. Nous avons une équipe à construire, nous verrons ce que feront les anciens de l'équipe après la Coupe du monde. Ce matériel humain est le premier substrat de ce qui constituera le groupe de l'équipe de France pour les quatre prochaines années. Les autres moyens, pour leur part, vont bien sûr évoluer eux aussi. Les moyens mis en place depuis que je suis arrivé en 1991 sont extraordinairement forts aujourd'hui. Nous sommes l'une des nations qui a construit le plus d'investissements autour de l'équipe de France. Nous allons continuer pour être encore meilleurs. Nous ne sommes pas champions du monde, c'est un problème qu'il va falloir évoquer avec les futurs entraîneurs puis nous construirons une équipe, un environnement, des moyens pour aller encore plus loin.

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