Ce n'est qu'un début…

Par Rugbyrama
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La France a battu les Blacks? Et alors? Pour un groupe qui a toujours affiché comme seule ambition la quête du titre mondial, une victoire en quart de finale ne constitue rien de plus qu'une étape. Mais est-il aussi facile de balayer d'un point de vue émo

C'est terrible à dire. Presque injuste. Mais pour le moment, le XV de France n'a rien accompli. Il n'est nulle part, si ce n'est au milieu du chemin. Depuis des semaines, des mois même, Bernard Laporte et ses hommes clament qu'ils n'ont qu'un seul objectif dans le crâne: le titre de champion du monde. Aux yeux de ce groupe, toute autre issue constituera une forme d'échec. Aussi exceptionnelle soit la victoire obtenue face aux Néo-Zélandais samedi à Cardiff, elle ne marque donc qu'une simple étape dans ce long processus. Ni plus, ni moins, que le succès obtenu contre l'Irlande ou la Géorgie au premier tour, par exemple, même si on pousse là le raisonnement à l'extrême.

Alors, on reparlera probablement de ce match aux quatre coins du pays dans 15 ou 20 ans autour d'une bonne bière, mais pour l'heure, il ne s'agit que d'un simple quart de finale victorieux. Que les Bleus aient terrassé les Blacks au terme d'un combat d'anthologie ou balayé l'Ecosse, aucune importance, aucune différence. Seul compte désormais l'avenir. Et l'avenir, c'est l'Angleterre maintenant. Dès la fin de la rencontre, le staff tricolore, comme les joueurs d'ailleurs, s'est efforcé d'appuyer sur ce point: la marche qui vient d'être franchie, aussi haute fut-elle, n'est qu'une marche de plus dans l'escalier.

Clerc: "Laisser de côté cette victoire"

Ce n'est pas que les Bleus galvaudent leur performance. Ils ont, pour la plupart d'entre eux, vécu le plus grand moment de leur carrière samedi. Mais ils espèrent goûter à des plaisirs plus intenses encore dans deux semaines au Stade de France. Le rugby français a aussi payé pour savoir que les lendemains de fête sont souvent difficiles. "Ne commettons pas les mêmes erreurs qu'en 1987 et 1999", implore Jean-Claude Skrela. Il y a huit ans, il était le sélectionneur d'un XV tricolore auteur d'un exploit face aux Blacks, avant de se fracasser sur la muraille australienne en finale. "Ce match de Cardiff était magnifique, mais il ne faut pas que ce soit notre finale", rappelle Skrela.

Le message est certainement entendu, tant il a été rabâché. Mais il est humain de se laisser griser par l'impact émotionnel, dans ce genre de circonstance. S'il est simple de dire que la page est déjà tournée, c'est une autre affaire d'appliquer ce précepte de manière concrète. Compliqué, et pourtant indispensable. " Il faut absolument qu'on arrive à laisser de côté cette victoire, sinon nous n'avancerons pas, prévient Vincent Clerc. La Coupe du monde ne s'est pas terminée ce soir. Nous devons nous persuader que le plus dur commence, et que battre l'Angleterre au Stade de France, ce sera plus dur encore que battre les Blacks à Cardiff." "Restons humbles, renchérit Dominici, échaudé par l'édition 99. Nous étions tombés de très haut, je ne veux pas revivre ça."

On dit souvent qu'il est plus aisé de récupérer après une victoire qu'après une défaite. Physiquement, c'est probablement exact. Malgré les stigmates du combat, visibles pour certains (on songe à l'oeil de Jauzion notamment), les bleus au corps s'effaceront dans les jours qui viennent. Ils seront prêts à défier les Anglais. L'émotion, elle, s'ancre plus profondément encore. Plus insidieusement, aussi. De la faculté des héros du Millennium à enfouir l'immense bonheur vécu ce week-end dépend pour partie le destin des Bleus dans ce Mondial. Après avoir savouré l'exploit comme il se devait samedi soir ("sagement", d'après Damien Traille), tout le monde s'est tourné vers l'Angleterre. "Dès dimanche soir, nous avons commencé à travailler sur ce match ", confie Bernard Laporte. Tout le reste ne doit plus exister. Pas même les victoires de légende.

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