Ça balance pas mal à Paris

Quelques jours après la défaite face à l'Angleterre, plusieurs joueurs se sont livrés à leur autocritique mais ils n'ont pas aussi mâché leurs mots pour parler de l'équipe de France dans son ensemble. Eux, qui sont les premiers déçus de l'élimination en demi-finale, ont décidé de panser cette plaie en se livrant sans détour. Frédéric Michalak était le premier à ouvrir les vannes samedi dernier au Stade de France, relayé par son coéquipier Clément Poitrenaud hier en conférence de presse. Ce matin, Christophe Dominici n'a pas fait de déclarations fracassantes mais les non-dits étaient nombreux dans ses paroles. Le Mondial n'est pas terminé que, déjà, les langues se délient.

Quatre jours après, l'ouvreur n'a pas changé sa ligne de conduite et son bilan sur les quatre dernières saisons des Bleus est parfois cinglant : "Entre 2003 et 2007, l'équipe de France a stagné. Notre jeu est toujours le même et il n'a pas évolué. Il est tellement stéréotypé que tout le monde sait comment on joue. C'est à cause de ça que l'Argentine nous a battus. Tout le monde sait que si nos ballons sont ralentis dans les rucks, nous ne pouvons pas mettre notre jeu en place. Nous en avons souvent parlé entre joueurs, mais il était difficile de remettre à zéro tout ce qui avait été mis en place pendant quatre ans."

"Notre rugby a été très pauvre"

Le constat de Frédéric Michalak sur le jeu proposé par les Bleus est sans appel : "Notre rugby a été très pauvre, je le pense tout simplement. Pourtant, nous avons les joueurs pour pratiquer tous les styles de jeu." Si l'ancien Toulousain n'est pas le seul à s'être posé des questions, pourquoi les joueurs n'ont-ils pas essayé de trouver des réponses? "Je regrette de n'avoir pas plus communiqué, mais c'est aussi difficile à faire quand personne ne sait qui va jouer le week-end d'après."

Michalak n'a pas apprécié le management des joueurs mis en place par le staff tricolore : "Je ne dis pas ça car j'étais remplaçant. Je sais que je n'ai pas fait une bonne rentrée face à l'Angleterre. En demi-finale, je crois que certains joueurs manquaient de confiance en eux car l'équipe a beaucoup changé. Je suis assez surpris que Yannick Jauzion n'ait pas joué deux matchs de suite, car il est un cadre indiscutable de l'équipe. Il est indispensable sur le terrain, c'est un des meilleurs centres du monde mais il a besoin d'être en confiance."

Avant de partir "s'aérer la tête dans le meilleur championnat du monde" en Afrique du Sud, le petit génie français veut dire la vérité, toute la vérité : "A un moment tu adhères ou pas au discours. Je n'adhère plus au discours qui est toujours le même et à certaines choses. Ce n'est que mon avis personnel." Frédéric Michalak a livré ce bilan sans aucun sourire, avec sincérité. Il ne participera au prochain Tournoi des 6 Nations et personne ne sait quand il rejouera en bleu. En attendant, il veut se faire plaisir pour sa cinquantième sélection face à l'Argentine.