Les supporters de Bordeaux-Bègles entre frustration et fierté

Par Rugbyrama
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CHAMPIONS CUP - L’ambiance aurait dû être exceptionnelle. Dimanche dernier, Nans Ducuing crucifie Bristol sur une interception en fin de rencontre, scellant la victoire des girondins 36-17. Pour la première fois de son histoire l’UBB accède à un quart de finale de Coupe d’Europe… devant un stade Chaban-Delmas vidé de ses supporters.

"J’ai sauté sur mon canapé quand Ducuing a intercepté, l’émotion était trop forte !" réagit Sophie Ligier-Durand, présidente des UBB Angels, l’un des quatre clubs de supporters de Bordeaux-Bègles. Elle qui bondit d’habitude au milieu des sièges bleus et blancs de l’ancien parc Lescure n’a rien perdu de sa passion pour les grenats. Dans un match tendu, débloqué dans les dernières minutes du temps réglementaire, le soleil et le ciel bleu azur accompagnent les sourires bordelais sur la pelouse. Un réconfort bien mince pour les hommes de Christophe Urios, eux qui comptaient avant l’épidémie de Covid-19 sur une affluence moyenne de 25 000 spectateurs par match, la plus haute d’Europe.

Quelques jours après cette victoire historique, Sophie Ligier-Durand se tord entre la fierté de ce succès et la frustration immense de n’avoir pas pu prendre part à la fête. "En parlant au nom de mon club, nous sommes tous frustrés et énervés des matchs à huis clos depuis le début de la saison, encore plus pour ce huitième et le quart qui se profil dimanche. Notre stade a la capacité d’accueillir 5 ou 10 000 spectateurs avec les mesures sanitaires, on ne comprend vraiment pas…"

Christophe Urios : "C’est un crève-cœur de jouer sans nos supporters. On aurait été encore plus dangereux avec 38000 personnes à Chaban."
Crève coeur partagé de ne pas pouvoir vous encourager à fond et vous pousser vers les sommets ❤️
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— catourneovale (@catourneovale) April 7, 2021

Un manque à vite combler dans les têtes

Même son de cloche du côté de United BB et de son co-président Frédéric Bernard. Une frustration exacerbée tant l’association se démène chaque année pour faire les déplacements en Europe et en France. Depuis mars 2020, ces longs voyages festifs sont à l’arrêt, les réceptions sont vides, de quoi donner à Frédéric Bernard un sentiment de "crève-cœur". "Le futur quart est doublement frustrant car il ne sera pas non plus diffusé sur France 2. Sachant que beaucoup de nos abonnés n’ont pas beIN Sports c’est très dur de ne pas pouvoir regarder ces premiers grands moments européens pour le club."

Comme son homologue béglaise, le responsable bordelais note l’incompréhension de ne pas ouvrir le stade à "20 ou 30 % de sa capacité maximale". Entre United BB et UBB Angels, les contacts avec les joueurs et le staff sont fréquents et témoignent d’un manque cruel des supporters. "Plusieurs joueurs nous ont fait part de leur tristesse et de leur manque de public. Nous y sommes sensibles et nous aimerions crier dans les travées pour les encourager" lance Frédéric Bernard. Un manque d’autant plus crucial que l’Union sait quel genre de cylindrée vient sur ses terres.

Cette saison, les rencontres entre Racingmen et Girondins n'ont pas été heureuses pour les hôtes. Les Bordelais se sont déjà inclinés contre les ciel et blanc en décembre dernier mais se sont vengés à la Paris-La Défene Arena en mars, témoin d’une tendance inédite cette saison : l’augmentation globale des victoires à l’extérieur.

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Les déclarations d'@AlexandreRoumat, Romain Buros et Christophe Urios avant l'?????????? quart de finale de Champions Cup contre le @racing92

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— UBB Rugby (@UBBrugby) April 8, 2021

Des pertes financières non négligeables

Laurent Marti partage le constat paradoxal de ses supporters. La voix du président de l'UBB laisse paraître ces deux sentiments ambivalents de fierté et de frustration. Mais il tient aussi à rappeler trois dimensions vitales pour son club. "Être à huis clos nous pose trois problèmes majeurs. D’abord l’agacement et la frustration de l'absence de nos supporters, qui nous sont essentiels notamment dans les gros matchs. Ensuite, et c’est la conséquence directe de cette absence, l’équipe à domicile est plus vulnérable cette année que par le passé. Ce n’est pas pareil de recevoir le Racing avec un stade plein ou vide. Et le dernier axe concerne les finances. Sur des matches comme Bristol, on estime une perte de chiffres d’affaires entre 800 000 et un million d’euros, ce qui est évidemment colossal pour nous..."

Si Bordeaux-Bègles a regretté l’arrêt de la saison dernière à cause de la crise sanitaire, les matchs à huis clos sont depuis septembre un nouveau caillou dans les crampons des grenats. De l’autre côté, la fierté de voir le club si haut est partagée du bureau de Laurent Marti aux associations de supporters.

Par Clément LABONNE

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