Baky écrit : "Dupont rend ses acolytes meilleurs, c'est la marque des très grands"

Par Rugbyrama
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Déjà double Oscar Midi Olympique qui l'a intronisé meilleur joueur du monde le 15 novembre dernier, Antoine Dupont vient d'être honoré par World Rugby. Il succède ainsi au sud-africain Pieter Steph du Toit, sacré en 2019 et rejoint une constellation qui comporte des noms comme Johnny Wilkinson, Thierry Dusautoir ou encore Dan Carter élu 3 fois.

Tout comme son compatriote Richie McCaw qui, lui, est le joueur le plus nommé (8 fois).

C’était sans réelle grande surprise, tant le bonhomme de Castel-Magnoac aura été plébiscité cette année. Les pronostics n’ont pas eu à être déjoués. Maro Itoje aurait pu assener 10 fois plus de placages, Michael Hooper aurait pu gratter tous les ballons qu’il aurait voulu et Samu Kerevi breaker toutes les défenses du monde, rien n’y aurait fait. Les trois concurrents ne pouvaient rien face au capitaine de l’équipe de France. Qu’il soit le récipiendaire de ce trophée était un secret de polichinelle. Et le mode de scrutin qui alliait vote du public et collège d’experts a confirmé la tendance. Son jeu saute aux yeux du premier des Béotiens. Il éclabousse de son talent chaque rencontre.

Il aurait pu décompresser après l’obtention de ces titres honorifiques. Mais, comme s’il restait d’éventuels sceptiques à convertir, Antoine a enfoncé le clou samedi en marchant à lui seul sur l’équipe de Cardiff.

Arrêtons-nous sur cette dernière phrase et cette locution "à lui seul". Cette hyperbole mérite une attention particulière. Bien évidemment, "AD nueve" n’a pas joué seul sur le terrain contre les "Blues" de Cardiff. Il était flanqué de 22 partenaires de jeu qui ont fait le boulot. Néanmoins, si le demi de mêlée attire autant l’attention, c’est qu’il donne l’impression d’une facilité déconcertante à un poste ô combien stratégique. Surtout, il donne la sensation de rendre ses acolytes meilleurs. Les Gallois en ont fait les frais. Et ça, c’est la marque des très grands.

Se pose alors la question de la distinction individuelle. A plus forte raison pour un sport collectif qui comporte un nombre important de joueurs dans l’équipe, et qui a pour substantifique moëlle les vertus de solidarité et d’altruisme.

Sur quels critères peut-on sortir une individualité d’un collectif ? Sur des données statistiques strictes ? La popularité ? Le fair-play ? La beauté physique ?

Je m’hasarde à penser qu’Antoine n’est pas le joueur le plus rapide, ni le plus costaud, même si son rapport poids/puissance doit être bien au-dessus de la moyenne. De quoi parle-t-on, alors ? De son impact sur le jeu de son équipe. Que ce soit en Top 14, sur la scène européenne ou au niveau international. Indépendamment du poste occupé. C’est pour ça que, d’une année sur l’autre, le meilleur joueur pourra être un troisième ligne dans un registre essentiellement défensif à en écœurer les stratèges offensifs adverses comme l’a été Thierry Dusautoir. Ou alors un attaquant pure race, chasseur d’essais à la pointe de vitesse d’un guépard. Je parle bien évidemment de Bryan Habana.

"AD", de par sa position, touche un nombre incalculable de ballons, doit réaliser presqu'autant de passes (un geste technique, donc) et, pourtant, il réussit tout. Absolument tout. Il ne loupe rien. Pas même un plaquage. Comme un Midas, qui transformerait tous les ballons en jouets préférés de Lionel Messi. Sa concurrence au poste souffre de la comparaison, tant il est au-dessus du lot.

Paradoxalement, cornaquer un paquet d’avants, assurer des passes de qualité et gagner de nombreux mètres ballon en mains, sur le terrain, ne lui assure pas un blanc-seing pour l’obtention d'un trophée individuel chaque année. En effet, il est seulement le deuxième demi de mêlée auréolé. Avant lui, c’était son sélectionneur actuel, Fabien Galthié qui avait emporté la mise. Dupont avait 6 ans…

Deux tiers des lauréats occupaient le poste de demi d’ouverture ou de troisième ligne aile. Eux peuvent s’appuyer sur un matelas statistique confortable et rassurant. Nombre de pénalités, nombre de plaquages… Les centres et les piliers étant les grands absents de ce classement.

Si toutes ces distinctions individuelles se font à grand renfort de sponsors, qui alimentent allégrement les caisses de World Rugby, elles trouvent leur fondement dans la quête de têtes d’affiches qui feront rayonner le sport dans d’autres sphères. On a emboîté le pas du football et sa grandiloquente soirée du Ballon d’Or.

On n’oubliera certainement pas Anne-Cécile Ciofani, meilleure joueuse du monde de rugby a 7, Caroline Boujard, nommée pour le titre de meilleure joueuse a 15 et Damian Penaud pour le plus bel essai.

Cette année, "AD" a réalisé une rafle historique. Il y a un mois, Midi Olympique l’a doublement honoré d’un Oscar Monde et d'un troisième Oscar d’or (meilleur joueur français). Performance jamais réalisée jusque-là. Là encore, le public et le panel de spécialistes ne s’y étaient pas trompés. Le consensus qui entoure l’appréciation de ses performances est sans égal. La constance de l’ancien numéro 9 du Castres Olympique depuis maintenant 3 ans est tout bonnement diabolique.

Avec ces butins, Antoine Dupont fait une entrée fracassante dans des classements comme celui de la personnalité préférée des Français. Il n’est plus seulement invité à Stade 2 mais dans "C à vous", "Quotidien" et, en quittant ainsi la sphère rugbystico-sportive, il part à présent à la conquête de la ménagère de moins de 50 ans. Si, en chemin, il pouvait attraper par l’oreille le trophée Webb Ellis, elle lui déroulerait, pour sûr, le tapis rouge.

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