Baky écrit : "Big Data" ou la quête de la donnée ultime"

Par Rugbyrama
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BAKY ÉCRIT - Tout jeune retraité, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour intégrer l’équipe des chroniqueurs Midi Olympique. L’ancien troisième ligne a tout connu du rugby, d’abord amateur et finalement professionnel. Pour Rugbyrama, l’ancien international ivoirien va désormais s’attacher à poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby. Welcome "Baky".

"La vérité derrière l’action". Voilà ce que vous promet Sportable, un des acteurs majeurs de la récolte de données dans le sport.

Aujourd’hui, pas un seul club qui se dit professionnel ne fonctionne sans GPS, capteurs, puces ou autres cellules. Autant de technologies embarquées qui recèlent de précieuses informations pour les préparateurs physiques, précurseurs dans le domaine du traitement de ces éléments. Mais pas seulement. Que ce soit "Fabien le manageur" ou "Dudule l’analyste vidéo", tout le staff a quelque chose à tirer de ces marqueurs ou de ces vecteurs.

Le sport est entré dans une nouvelle ère. Celle de la technologie. Depuis un certain temps me direz-vous, mais le constat que je dresse est que l’on a encore franchi un cap. Celui de la révolution digitale. Avec des informations toujours plus précises.

Sachez qu’aujourd’hui, avec certains ballons "smart ball", on est en mesure de vous donner la hauteur du point culminant ainsi que la distance parcourue par le ballon après un jeu au pied. Avec une précision diabolique. Les capteurs tout autour du terrain peuvent permettre aussi de connaître la vitesse, la direction du ballon ou encore le temps de suspension de ce dernier. Des items importants pour le préposé aux skills. Ce n’est pas Jeremy Valls, le coach du jeu au pied qui officie auprès de Melvyn Jaminet, qui dirait le contraire. La paire qui n’est autre que la digne héritière de l’association Yachvili – Larqué.

Avec un feedback en temps réel, la correction apportée se veut plus circonstanciée. Et le suivi de la progression d’autant plus précis. Une aubaine pour les buteurs notamment, qui sont constamment à la recherche du geste parfait. Des outils, donc, qui cherchent à tendre vers cette perfection.

Aussi, ce ballon révolutionnaire pourrait tout simplement venir régler l’une des plus vieilles palabres du rugby, à savoir la passe au cordeau. En avant ? Pas en avant ? les mains qui vont vers l’arrière ? La technologie, un jour, viendra clore le débat et délester les arbitres.

Il existe aussi, aujourd’hui, des plastrons qui mesurent : la force de la poussée en mêlée, l’impact d’un plaquage. Là encore, des bulletins importants pour l'entraîneur, qui pourra ajuster son coaching le cas échéant.

Mais si toutes ces data sont en priorité à destination des acteurs et de leurs staffs sur le terrain, elles peuvent devenir des atouts pour mieux vendre son sport.

Le sport reste avant tout un divertissement pour les diffuseurs. Et ces derniers sont disposés à livrer plus de données en temps réel aux téléspectateurs, à grand renfort d’infographies. Quant au spectateur présent dans les gradins, il ne devrait pas être en reste avec des stades toujours plus connectés. Soit via l’écran géant, soit via son smartphone. Pour une expérience qui se veut continuellement plus immersive. Entre deux rasades de bière, on m’informe que le deuxième ligne a capté le ballon en touche à 3,92m au-dessus du sol. Vertigineux.

Alors, ces avancées technologiques sont-elles bonnes pour le rugby et le sport en générale ? Nos amis outre-Atlantique ne se sont pas embarrassés de la question. Il y a bien longtemps que les sports majeurs aux USA collectent et traitent de manière scientifique les datas. En exagérant à peine, la chaîne ESPN, en collaboration avec la NBA, est capable de délivrer des statistiques dans le genre : le joueur qui a effectué le plus de dribbles de la main gauche dans la moitié de terrain adverse, parmi tous les joueurs mesurant plus d’1m97. Je vous laisse libre d’apprécier la pertinence de l’information.

Pour résumer, c’est purement et simplement inévitable. Il est déjà trop tard pour se poser la question. A peine six mois après l’arrêt de ma carrière professionnelle, et j’ai déjà l’impression d’être largué. Lors de mes dernières saisons, le GPS que je m’accolais sur le bas de la nuque dispensait de nombreuses informations. Rapporté au temps passé sur le terrain, le staff connaissait la distance que j’avais parcourue, le nombre de mètres par minute parcourus, le nombre de mètres parcourus au-dessus de 15km/h, les mètres parcourus au-dessus de 60% de ma vitesse max ou encore la vitesse maximale atteinte lors d’un sprint. Je parcourais sans doute moins de mètres/min que d’autres, mais ma pointe de vitesse était supérieure. Autant d’indications qui permettent à un staff de faire des choix lors de la composition de l’équipe. En fonction de l’adversaire, de l’état du terrain ou encore de la météo.

Ces éléments sembleraient presqu’obsolètes tant on progresse à une vitesse folle dans le domaine. Le digital, le binaire, le codage et les algorithmes ont envahi notre quotidien. Tout est manié, décortiqué et analysé. De ce que vous mettez dans votre caddie de supermarché aux sujets que vous abordez sur les réseaux sociaux.

Pour les nostalgiques de la passe de Guy Accoceberry, dites-vous que sous peu, Maxime Lucu pourra s’exercer à reproduire la même passe, le même geste encore et encore et pourra s’enquérir du résultat qui lui sera révélé au centimètre près. Si la conquête de la prochaine Coupe du monde doit passer par là, pourquoi s’en priverait-il ?

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