C’est un fait amer mais le XV de France a la plus mauvaise attaque…

  • Virimi Vakatawa pris par Jack Nowell
    Virimi Vakatawa pris par Jack Nowell
  • Jules Plisson face à Chris Robshaw et Luther Burrell
    Jules Plisson face à Chris Robshaw et Luther Burrell
  • Scott Spedding, l'arrière du XV de France
    Scott Spedding, l'arrière du XV de France
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TOURNOI DES 6 NATIONS - Malgré des intentions de jeu en net progrès, le XV de France reste trop souvent inefficace. Avec seulement 7 essais inscrits, les Bleus terminent le Tournoi des 6 Nations 2016 avec la plus mauvaise attaque. Mais où est le mal ?

C’est un soupir qui a du mal à s’éteindre. La frustration coincée dans la gorge, Jeff Dubois restera plus de 25 minutes face aux journalistes pour essayer d’expliquer le manque d’efficacité du rugby français. A chaud, dans les coursives du Stade de France, l’impuissance gagne d’abord l’adjoint de Guy Novès. Est-ce que c’est qu’une question d’automatismes ? Je n’ai pas de réponses à ça, avoue l’ancien entraîneur du Stade français. On va essayer d’y remédier en apprenant à se connaître encore plus. Les chiffres sont impitoyables avec les élans offensifs prônés par Guy Novès ! Avec sept essais, le XV de France achève ce Tournoi des 6 Nations avec la plus mauvaise attaque, derrière l’Italie (8), l’Ecosse (11), l’Irlande (13), l’Angleterre (15) et le pays de Galles (17).

7 essais: Un bilan moins bon que le premier Tournoi de Lièvremont (11) et Saint-André (8)

Les Bleus auront traversé ce Tournoi en cultivant le paradoxe d’une équipe entreprenante, alerte pour casser les défenses mais sans être en mesure de franchir la ligne d’en-but ad libitum. On veut peut-être faire la passe de trop ou faire la différence tout seul alors que si on fait un ou deux temps de jeu de plus, on marque un peu plus loin, reconnaît l’ouvreur Jules Plisson. Dès qu’on a franchi, on a essayé de faire la passe directement pour marquer. Peut-être qu’on n’a pas été assez patient. Mais on ne peut pas nous reprocher de tenter. Notre volonté, c’est de tenter la passe même si elle est compliquée. Au fur et à mesure, on se trouvera mieux sur le terrain, ça va venir avec les automatismes. C’est un travail qu’on doit faire tous ensemble pour être plus efficace quand on perce. C’est frustrant de créer autant, de percer et soit leur rendre le ballon sur une mauvaise passe, soit se faire pénaliser ou perdre des ballons.

Jules Plisson face à Chris Robshaw et Luther Burrell
Jules Plisson face à Chris Robshaw et Luther Burrell
On veut peut-être faire la passe de trop ou faire la différence tout seul… (Plisson)

Le Crunch aura stigmatisé la fébrilité offensive française pour conclure ses actions. Malgré 508 mètres parcourus ballons en mains, dont 129 mètres pour Scott Spedding et 128 mètres pour Virimi Vakatawa, l’en-but anglais sera resté vierge (21-31). J’ai eu l’impression qu’on pouvait les mettre en difficulté, à tenir le ballon, à enchaîner les séquences de jeu, souligne Plisson. On a déplacé le ballon, on a essayé de se faire des passes, du large-large, on les a pris parfois dans l’axe. On a essayé de jouer les duels. Il y a des séquences de jeu ce samedi qu’on n’avait peut-être pas vu sur le Tournoi. On a fait du large-large, on les a pris parfois dans l’axe. Je ne suis pas sûr que beaucoup d’équipe les ait franchi autant. Mais le bilan, c’est qu’on peut faire des choses extraordinaires et malheureusement louper le plus simple. On se viande comme des fous pour les mettre en difficulté et on leur rend le ballon trop facilement.

Le bagage technique de certains joueurs est un problème

Un pied en touche de Virimi Vakatawa (7e), une passe mal ajustée de Scott Spedding pour Gaël Fickou (10e), un coup de pied de recentrage hasardeux du même Spedding après une percée de 40 mètres (17e)… Quand ils n’ont pas été rattrapés par leur maladresse, les Bleus ont souvent donné l’impression de vouloir sauver la patrie sur un exploit individuel. Avec 11 défenseurs battus mais 7 ballons perdus (sur 18 ballons perdus au total par la France, NDLR), Vakatawa est le meilleur exemple de ce panache un peu brouillon.

Scott Spedding, l'arrière du XV de France
Scott Spedding, l'arrière du XV de France

Si le projet de jeu de Guy Novès a ravivé la flamme des supporters, son application est encore aléatoire. Les gens ne se rendent pas compte que ça fait très peu de temps qu’on travaille ensemble, coupe Jules Plisson. Une équipe ne se fait pas en quatre semaines. Il faut nous laisser le temps de nous connaître, de bien nous approprier tout ce qu’on nous demande. On nous demande énormément de choses. On a besoin de passer du temps ensemble pour tout apprendre. Tout est une question d’automatismes.

Alors d’accord, l’enthousiasme des Bleus est une chose. Mais leurs lacunes techniques pour assouvir un jeu aussi ambitieux est à l’heure actuelle un problème. On ne va pas devenir d’un coup la meilleure équipe du monde, avoue le demi d’ouverture parisien. Peut-être qu’on attend trop de cette équipe de France, trop rapidement… Surtout quand on ambitionne - dixit Guy Novès - "vouloir jouer comme les All Blacks avec l'état d'esprit des Pumas..."

De notre envoyé spécial au Stade de France, Vincent PERE-LAHAILLE

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