Plisson: "Si je dois prendre le coude de Vunipola dans la tête, je ne m’enlèverais pas !"

Jules, on vous a laissé à Rome avec une fracture du nez. Êtes-vous bien à 100% pour affronter l’Angleterre ?

Jules Plisson : Je vous rassure, ça va. Vous pouvez le toucher (sourire). Je m’étais déjà cassé le nez plus jeune en Espoirs. Mais là, le docteur me l’a bien remis, il n’y a pas de problème. Je ne me suis pas posé dix-mille questions. Ce n’est pas une petite fracture qui va m’empêcher d’être sur le terrain. Et puis on dit que les blessures font les vrais joueurs de rugby. Je suis au maximum de mes possibilités. Je me sens bien dans ma tête, je suis en forme physiquement. J’ai hâte d’être à Twickenham pour un match qui s’annonce énorme. En tant que jeune joueur de rugby, jouer dans ce stade en conclusion du Tournoi, c’est génial. C’est le plus beau match, une opportunité exceptionnelle.

Comment avez-vous appris votre titularisation ?

J.P : Ce jeudi matin, un peu avec les médias. Je n’ai pas forcément eu de nouvelles après le départ de Camille (Lopez). Je suis allé le voir dans sa chambre. Sa décision ne me regarde pas. J’ai une pensée pour lui. Mais c’est une très grosse chance pour moi. C’est le dernier match du XV de France avant de basculer vers la Coupe du monde. Elle est dans ma tête, en ligne de mire. En même temps, je me dis que ça faisait un peu plus d’un an que je n’avais pas connu une titularisation. Mon leitmotiv est de m’éclater, tout simplement. On verra bien la suite. Je peux vous assurer qu’on va faire le plus gros match possible parce que j’en suis capable… parce qu’on en est capable, pardon.

Mon leitmotiv est de m’éclater

Mais vous êtes également capable de faire un gros match samedi…

J.P : On a tous envie de faire un gros match, moi le premier. Je vais avoir une grosse responsabilité avec le jeu au pied, les tirs au but. Certains peuvent penser que ça va me mettre une pression supplémentaire mais je peux vous garantir que ça me fait plaisir de taper dans ce stade mythique. Mon match en Italie m’a permis de me libérer. J’avais moins de pression que par le passé pour jouer, trouver les intervalles. Je me sens plus grand dans ma tête. Quand je joue au rugby, j’ai juste envie de sentir que les mecs autour de moi prennent du plaisir à jouer.

Ce "Crunch" représente le très haut standing du Tournoi des 6 Nations…

J.P : J’ai eu la chance de le jouer l’année dernière pour ma première sélection. Là, le contexte sera plus difficile. Mais on est assez réaliste et solide en défense pour proposer du jeu et ne pas être spectateur du jeu anglais. C’est eux qui ont la pression. On a tout à gagner.

La Coupe du monde est dans ma tête, en ligne de mire

En dépit d’un nez cassé, allez-vous être la réincarnation du French Flair ?

J.P : C’est une bonne question (rire). Quand on regarde les qualités des joueurs de cette équipe de France, elle n’a rien à envier aux mecs qui sont en face. On doit jouer encore plus ensemble pour tenter des choses.

Ne craignez-vous pas que les Anglais vous visent tout particulièrement.

J.P : Ils peuvent me viser, il n’y a aucun problème. Si je dois prendre le coude de Vunipola dans la tête, je ne m’enlèverais pas ! Je vais me servir de ça. Mon nez ne va pas me freiner. Je vais forcément reprendre des coups dessus. Ça va piquer un peu. Je risque de moucher rouge pendant le match. Mais c’est sympa aussi (sourire).

Un beau duel se profile face à George Ford. Quel regard portez-vous sur ce joueur talentueux ?

J.P : C’est un mec que j’ai souvent joué dans les équipes de jeunes. Il était surclassé plusieurs fois quand j’étais en U20. Il jouait en 10 et Owen Farrell en 12. C’est un joueur hyper talentueux qui m’a l’air très serein malgré son jeune âge. C’est un excellent buteur, très bon en attaque. On sent qu’il aime faire jouer autour de lui. J’ai joué contre Jonny Wilkinson, l’ancienne star anglaise au poste de demi d’ouverture. Samedi, je vais certainement jouer contre la prochaine grande star du rugby anglais.