Berbizier se montre pessimiste envers le XV de France

  • Pierre Berbizier - Octobre 2012
    Pierre Berbizier - Octobre 2012
Publié le Mis à jour
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Pas de projet de jeu, d’équipe type, de charnière définie… Pierre Berbizier, ancien sélectionneur, s’avoue très critique au sujet du XV de France.

2014 doit être un tournant pour le XV de France. Après une année catastrophique en termes de résultats, les Bleus sont attendus au tournant. Dès samedi et l’ouverture du Tournoi des 6 nations contre l’Angleterre. Une entrée délicate, certes. Mais à un an et demi du Mondial, il est enfin temps de hausser le niveau de jeu et l’équipe et de s’armer en prévision du rendez-vous de 2015. Pour Pierre Berbizier, ancien sélectionneur entre 1991 et 1995, il est primordial de réagir. "C’est une obligation puisque l’ambition annoncée est de remporter le Coupe du monde. On ne peut pas ne pas se positionner. Il est impératif de s’habituer à battre ces équipes susceptibles d’être championnes du monde", assure-t-il dans les colonnes de Sud Ouest.

Je ne vois pas de fil conducteur

Pas avare de mots forts, celui-ci porte un regard très critique sur la santé actuelle du XV de France. Il s’interroge notamment sur le projet de jeu souhaité par Philippe Saint-André et son staff. "Je cherche une continuité. Je ne vois pas de fil conducteur, une équipe type, un jeu qui caractérise cette équipe de France. On voit des séquences, des bribes de matchs par ci par là, mais ça ne fait pas un style de jeu". Et se pose la question sur la véritable identité de l’équipe nationale. "On identifie le jeu des Anglais, celui des Gallois ou des Springboks, et bien sûr celui des All Blacks qui est un modèle de continuité. Mais aujourd’hui, en France, je ne sais pas où on est en termes de jeu". 

S’il s’étonne du niveau de jeu, il en fait tout autant sur le choix des joueurs. Guère cohérent selon lui. "J’ai du mal à identifier la colonne vertébrale de cette équipe", s’inquiète-t-il, toujours sur Sud Ouest. Avant de pointer du doigt la charnière. "On est parti de Parra et Trinh-Duc puis Machenaud et Michalak. Maintenant, c’est Doussain-Tales. A un moment, on aurait pu penser que ça pouvait être Pélissié ou Lopez. C’est significatif d’idées pas forcément clarifiées". On l’aura bien compris, PSA et le staff tricolore sont dans le viseur de Pierre Berbizier. Mais pas que…

On occulte un des aspects déterminants du rôle de l’ouvreur. C’est dramatique

La formation des ouvreurs constitue pour lui un énorme souci. Et le rugby français vit sur trop de clichés. "On a fait croire aux ouvreurs que le jeu au pied n’était pas important. […] Aujourd’hui, on cherche des demis de mêlée buteurs. Donc on a des dix hybrides. On occulte un des aspects déterminants du rôle de l’ouvreur. C’est dramatique. […] Ce n’est pas normal et ce n’est pas la faute des joueurs. On vit sur des a priori et des idées fausses qui nous pénalisent. Le poste de dix est porteur de toutes les ambiguïtés du rugby français".

Plus généralement, l’ancien sélectionneur s’avoue vraiment pessimiste sur l’état du rugby hexagonal. "Personne n’a jamais fait les vrais bilans des Coupes du monde. Depuis 2007, on s’imagine que l’on peut devenir champion du monde en perdant trois matchs. On refuse de se poser les vraies questions. Le potentiel existe mais on ne l’optimise pas. Ce n’est pas un hasard si la France est le seule nation de référence qui ne soit pas championne du monde". Le XV de France doit impérativement redorer son image. Et le temps presse…

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