Les meilleures intentions

Par Rugbyrama
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On prête beaucoup de bonnes intentions de jeu au nouveau staff tricolore. Mais comment se manifestera la rupture avec l'ère Laporte dès dimanche sur le terrain de Murrayfield? Pour les anciens, elle ne sera peut-être pas si manifeste...

C'est un sujet délicat. Aborder sur des oeufs. La question irrite à ce point les "anciens", ceux qui ont connu l'ère Laporte, que certains d'entre eux la devancent pour mieux la court-circuiter. "Je vous préviens tout de suite, je ne ferai aucune comparaison entre les méthodes de Bernard Laporte et celles de Marc Lièvremont ", assène d'emblée Cédric Heymans en se présentant devant les journalistes. Même discours chez Jean-Baptiste Elissalde. "Il n'y a pas à comparer puisque rien n'est comparable. Il y a un nouveau staff qui arrive avec sa méthode et ses idées. Bernard avait les siennes, Marc aussi", lance le demi de mêlée toulousain. Point final.

Ne comptez donc pas sur les "Mondialistes" pour aborder le sujet. Comme si, évoquer la période précédente revenait forcément à le faire de manière négative. "Ça ne se fait pas de parler comme ça, après. C'est trop facile", ajoute JBE. Sur la forme, difficile donc de savoir ce qui a changé, si tant est que quelque chose ait changé, en trois mois, du côté de Marcoussis. "La seule chose qui a changé, c'est la nature de la pression, forcément beaucoup moins forte aujourd'hui", consent simplement Heymans.

Gare aux stéréotypes

Et sur le fond? L'identité de ce nouveau XV de France sera-t-elle radicalement éloignée de sa devancière? Les Bleus ont souvent été critiqués pour le manque d'ambition de leur jeu lors de la Coupe du monde. A juste titre. Même si l'idée peut paraitre réductrice. "On a aussi fait de très bons matchs sous Bernard Laporte", rappelle Elissalde. Notre jeu était stéréotypé? Je ne crois pas que ce soit aussi simple que ça. C'est de la caricature. On avait quand même certaines libertés et Bernard n'a jamais empêché personne de prendre des initiatives." Il n'y aurait donc pas, d'un côté l'attentisme forcené, de l'autre l'initiative permanente.

Paradoxalement, c'est pourtant de l'extérieur que viennent peut-être les appréciations les moins nuancés. François Trinh-Duc, fraîchement débarqué, livre son sentiment d'ancien observateur avec une pointe d'insouciance. "Pendant le Mondial, l'équipe de France m'a fait vibrer quand elle a battu la Nouvelle-Zélande. Mais c'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de jeu de mouvement", note l'ouvreur de Montpellier. Aucune volonté de polémiquer dans ses propos, juste l'aveu d'une impression, largement partagée par les amateurs de rugby et les amoureux déçus des Bleus.

Fondamentaux incontournables

Attention toutefois. L'enthousiasme de la nouveauté confine parfois à l'aveuglement. Il n'est donc pas vain de rappeler que l'arrivée d'un nouveau staff, et partiellement d'une nouvelle génération, n'offre pas à elle seule la garantie d'un jeu plus aéré. Surtout pour un groupe en formation, qui n'a que quelques jours pour se découvrir. Plus que jamais, c'est d'abord sur les bases que doit s'appuyer l'équipe de France pour ce Tournoi. Marc Lièvremont l'a rappelé mercredi matin: "Les fondamentaux sont incontournables. Il n'y a pas d'opposition entre la rigueur de base et le jeu sur la largeur. Il y a du combat partout. Il est omniprésent. C'est un sport de combat collectif avant d'être un sport de mouvement."

Finalement, la grande différence entre Laporte et ses successeurs réside probablement dans le fait que le Secrétaire d'Etat aux Sports a toujours fustigé l'idée d'un système de jeu particulier. Il se voulait pragmatique. Lièvremont, N'Tamack et Retière semblent eux nourrir un réel projet de jeu. "Ils savent précisément où ils veulent aller. Leurs principes de jeu sont très clairs , dit Heymans, avant de lâcher dans un petit sourire: Et c'est vrai, ils ne sont pas forcément très éloignés du jeu toulousain ."

Mais là encore, gare aux raccourcis. Elissalde sort aussi sec le sifflet. "Si notre conquête n'est pas bonne, si nous n'avons pas le ballon, on pourra toujours discuter trois heures pour savoir comment on joue, s'emballe le buteur des Bleus. Que vous soyez à Toulouse, Bayonne ou en équipe de France, le rugby, c'est d'abord: conquête, combat, défense, et occupation du terrain. Après, la nuance peut se faire sur la manière d'utiliser le ballon quand vous l'avez." Pas question de faire un procès d'intentions au nouveau staff. Même un procès de bonnes intentions. Derrière les idées, visiblement précises, et sûrement alléchantes, il y aura dimanche la réalité du terrain. Un terrain, Murrayfield, qui a enterré bien des illusions, et mêmes les meilleures intentions bleues au fil du temps...

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