Champions Cup - Denis Marchois (Bayonne) : "Ce n’est pas évident d’être en retrait, mais je sentais vraiment que j’en avais besoin"

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Le deuxième ligne Denis Marchois sera titulaire demain à Northampton. Il sera aussi capitaine, un rôle qu’il a partagé avec Camille Lopez depuis le début de la saison et qui lui a été confié par Grégory Patat l’an dernier. Il nous a accordé une longue interview pour évoquer son début de saison marqué par les blessures, puis les responsabilités liées au brassard de capitaine et sa perception de ce rôle.

Après un début de saison où on vous a beaucoup vu, vous avez un peu disparu des radars. Pourquoi ?

J’ai eu des pépins physiques avec la pause liée à la Coupe du monde. Nous avons fait une deuxième préparation physique et ça commençait à tirer partout, au niveau des genoux, des tendons. J’ai attrapé une tendinite sous le pied, elle m’a pas mal dérangé pendant deux ou trois semaines. Je n’étais vraiment pas à 100 % physiquement, donc Grégory Patat a préféré me mettre de côté. Il y a eu, ensuite, quelques bons résultats de l'équipe. C’était difficile de réintégrer la rotation. Ça s'est fait au Munster.

Comment avez-vous vécu ces semaines en retrait ?

Ce n’est pas évident d’être en retrait, mais je sentais vraiment que j’en avais besoin. Ça m'a permis de me reposer. Les deux préparations m’ont fait mal.

D’autres joueurs ont expliqué être plus en forme que jamais après deux préparations…

Mais je me sentais en forme ! C’est au niveau articulaire que ça ne suivait pas. À la fin de la seconde préparation, je commençais à avoir mal au niveau des genoux, puis la tendinite s’est déclarée sous le pied. Suite à cette blessure, je me suis reposé. Le fait de ne pas m'entraîner avec cette tendinite au pied a permis à mes genoux de se remettre nickel. Là, je suis à nouveau d’attaque.

Pendant cette période où vous avez moins joué, vous êtes-vous mis en retrait de vos responsabilités de capitaine ?

Oui, c’est Camille qui a géré ça et il l’a très bien fait. J’ai eu des discussions avec Greg à ce niveau-là. Il me faisait toujours confiance, me disait qu’il n’y avait pas de problème. Il voulait que je continue à amener ma parole, mais j’ai un peu tapé en touche. Quand tu es 24e, ou remplaçant, je ne trouve pas évident de prendre le leadership.

Bayonne boucle l'année 2023 sans s'être incliné à Jean-Dauger après un succès à la sirène face au Racing 92 !

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Néanmoins, dès que vous avez été titulaire, même si Camille Lopez l’était aussi, vous avez récupéré le brassard. Était-ce important, à vos yeux ?

Pas forcément, mais j’en suis ravi. J’ai parlé de ça avec Camille. À Bordeaux, il m’a dit que c’était très bien que je revienne comme capitaine, que ce soit moi qui parle. Lui, ça le déleste d’un poids. J’ai pris les choses en main et c’est bien que tout ne repose pas que sur une seule personne. Que ce soit Camille ou moi, il y a des leaders dans l’équipe, des suppléants qui font le boulot. Et puis nous sommes tous grands, nous savons tous ce qu’il y a à faire.

En vous redonnant de suite le brassard, Grégory Patat renforce la confiance qu’il a en vous…

Bien sûr. C’est un signe de confiance, ça montre que tout va bien à ce niveau-là, c’est chouette.

Vous avez été titulaire contre le Munster et Glasgow, puis lors du voyage à l’UBB. Comment vous êtes-vous senti dans le jeu ou en touche ?

En touche, j’ai pris un coup. J’étais un peu aux fraises (sourires), j’ai du mal à revenir comme il faut.

Aujourd’hui, on vous sent épanoui à l’Aviron dans le groupe et peut-être plus posé lorsque vous prenez la parole face à la presse. Le ressentez-vous aussi ?

Oui. C’est ma troisième saison au club, je commence à comprendre comment ça fonctionne, je commence à aussi vous connaître. Je suis arrivé un peu sur la pointe des pieds à Bayonne, je ne faisais pas trop de bruit, je ne connaissais pas grand monde. Naturellement, avec le temps et les moments passés, les langues se délient un peu et on est un peu plus à l’aise.

Le rôle de capitaine de l’Aviron vous pousse aussi à être plus exposé…

C’est sûr qu’on est plus affiché, interviewé, sollicité. Mais plus tu le fais, plus tu es à l’aise.

Ressentez-vous le poids du brassard au quotidien ?

Non, je suis très détaché de ça. Le capitanat n’a rien changé de moi-même. Je sais que je dois parler un peu plus avant le match, sensibiliser les mecs lorsque ça ne va pas trop, mais après, je ne me prends pas du tout la tête avec ça.

Vous n’êtes pas comme votre partenaire, Thomas Ceyte, qui se nourrit de l’énergie du public sans arrêt…

(Il rigole) Non, je ne suis pas comme ça. Au contraire. Je suis plus discret.

Après deux saisons sous les couleurs de l'Aviron bayonnais, Thomas Ceyte rejoindra Clermont-Ferrand la saison prochaine. Un départ que le deuxième ligne déplore et qui n'était pas son choix numéro un.https://t.co/4gkt2wrubq

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Aviez-vous été surpris, l’an dernier, lorsque Grégory Patat vous avait désigné capitaine de l’équipe ?

Un petit peu, oui ! Je n’ai jamais été capitaine. Un nouvel entraîneur arrive, Maxime Machenaud et Camille Lopez viennent d’arriver, tu te dis qu’il y a des pointures. Il y avait aussi des anciens comme Jean Monribot. Ça a été un honneur qu’il me file le capitanat, mais ça s’est fait naturellement. Au début, il a voulu voir ce que ça donnait lors des matchs amicaux et ça s’est plutôt bien passé.

Le brassard a-t-il changé votre rapport aux arbitres ?

J’essaye de vraiment être plus calme, plus réfléchi avec eux. J’essaye de les écouter, j’ai moins la tête dans le guidon. Je souffle un coup avant d’aller leur parler. Je me rends compte qu’ils ont bien souvent raison (rires).

Mais vous jouez à un poste qui vous oblige à avoir la tête dans le guidon…

Oui (sourire). Pour moi, c’est un exercice, pas une difficulté. Mais quand je suis presque occis et qu’il faut aller voir l’arbitre, je me dois d’avoir cette lucidité. Il faut redescendre et mesurer ce que tu lui dis, ne pas lui gueuler dessus. À la fin de chaque mi-temps, j’aime aller les voir pour savoir ce qu’ils veulent me faire remonter. Il faut que le dialogue soit ouvert avec les arbitres sans qu’on se gueule dessus.

Qu’avez-vous appris des autres leaders comme Camille Lopez ?

Un mec comme Camille, c’est l’exigence à chaque entraînement. Il veut tout le temps être bon, tout le temps gagner, sans être con. Il rigole toujours, mais est exigeant quand il le faut.

"On a l'impression que Camille Lopez est éternel"

La Troisième Mi-Temps rend encore hommage au demi d'ouverture bayonnais ! pic.twitter.com/ercxrhE9Qs

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Avez-vous des modèles, comme capitaine ?

Un gars qui est respectable, c’est Antoine Dupont. Ce mec, il ne perd jamais son sang-froid. C’est impressionnant. Ce n’est pas du tout le même joueur que moi, au niveau du poste. Moi, des fois, quand je perds mon sang-froid, j’ai un peu honte. Je me regarde et je me demande, pour qui est-ce que je passe. Je pense qu’Antoine Dupont peut toujours se regarder à la télé, après, et être fier de lui, alors que moi, des fois, je passe pour un con. Je ne pense pas qu’il s’en foute ou que ça ne l’affecte pas, mais il est au-dessus de tout ça. C’est toujours classe.

Qu’est-ce que cette saison a de différent, par rapport à l’an dernier ?

Nous arrivons à ne pas faire de faux-pas, pour l’instant, à la maison. À l’extérieur, je pense que nous sommes un peu plus attendus. Je pense au match à Perpignan, où nous sommes tombés sur une équipe qui nous respectait, qui nous craignait et qui a vraiment fait un très, très bon match. L’an dernier, nous étions moins attendus et nous avons pu faire des exploits, parce que les mecs pensaient avoir gagné le match avant le coup de sifflet. Nous sommes un peu plus respectés. Ce n’est pas qu’on nous manquait de respect la saison dernière, mais les mecs sont plus méfiants et font un peu plus attention à nous. Ce n’est pas évident.

Quel bilan faites-vous de cette phase aller, qui est presque terminée en championnat ?

Comme d’habitude, nous avons fait la part des choses. Une victoire à l’extérieur aurait été bien. Avec ça, la phase aller aurait été complètement réussie. Là, on a fait les choses bien, mais je pense qu’il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. Nous ne sommes pas passés loin de la déconvenue contre le Racing et si tu perds ce match, ce n’est pas la même phase aller…

L’an dernier, vous avez aussi remporté des matchs sur la sirène…

Exactement. On a gagné contre le Racing, tant mieux. On est dixième, mais on n’est pas non plus sauvé et dans les clous où on aimerait être. Quelques points en plus, ça aurait été bien.

Paradoxalement, c’est lorsque vous avez fait tourner, à l’extérieur, que vous avez été les meilleurs…

Peut-être, mais ça montre la force d’un groupe. Au Munster, un mec comme Thomas Dolhagaray avait fait un super match. Des mecs qui ne jouent pas trop sont au niveau. C’est super.

Qu’allez-vous attendre des deux prochains matchs de coupe d'Europe ?

Il ne faut pas faire un non-match, notamment vendredi. On veut montrer un bon visage pour trouver un peu plus de certitudes.

N’est-ce pas l’occasion, aussi, de se créer de beaux souvenirs ?

Bien sûr. Il y a déjà des beaux souvenirs du Munster, mais il ne faut surtout pas baisser la tête à la fin du match. Après Glasgow, même si nous avons perdu à Dauger, c’était une belle rencontre. Les Écossais étaient venus avec d’énormes intentions, mais on perd alors qu’on aurait pu gagner. J’étais ravi de ce match. C’est important de ne pas regarder ses pompes à la fin.

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Les commentaires (2)
mikele64 Il y a 3 mois Le 12/01/2024 à 13:38

Super mec. Très bon esprit et lucide. En phase avec l'aviron bayonnais.

Zaintza Il y a 3 mois Le 12/01/2024 à 13:13

Un vrai guerrier à la point du combat ! J'espère que lui et son équipe vont une nouvelle fois montrer un beau visage dans cette Champions Cup, le résultat est presque secondaire. Le seul objectif reste le top 14 mais ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas jouer ces rencontres. Je pense que l''aviron l'a suffisamment démontré lors des 2 premiers matchs. En espérant une incroyable surprise ce soir car on va pas se mentir sur le papier on est parti pour en prendre entre 40 et 50...après on disait ça aussi la semaine dernière...à voir !