Pro D2 - Hans Nkinsi (Béziers), l'histoire d'un indésirable devenu incontournable

Par Rémy Rugiero
  • Hans Nkinsi est un des meilleurs joueurs de Béziers cette saison.
    Hans Nkinsi est un des meilleurs joueurs de Béziers cette saison. ASBH Fred Bedos
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Revenu dans son club de formation à l'intersaison, le deuxième ligne Hans Nkinsi cumule les prestations solides depuis le début de la saison avec l'ASBH. Retour sur une carrière et un parcours passionnants dans lequel le Biterrois s'est toujours remis en question pour accéder à ses rêves.

Il y a des passages de la vie qu'il faut affronter pour mieux apprécier ce que l'on peut récolter avec le temps. Ce passage obligatoire, Hans Nkinsi ne l'a jamais esquivé, entre tribulations dans diverses formations jusqu'au plus haut niveau. Revenu au bercail depuis le mercato estival, le deuxième ligne se souvient de son arrivée plus jeune au club, là où tout démarre d'une façon singulière :"Je suis arrivé en France en 2002 en provenance du Congo. J'avais à peine 10 ans. Ma famille connaissait celle de Yannick Nyanga."

Puis le déclic :"Il nous avait invité à une rencontre de Top 16, le fameux Béziers-Perpignan qui est parti dans tous les sens." De quoi mettre dans le bain au niveau de l'engagement, aussi brutal soit-il, une expérience qui l'a marqué :"J'ai apprécié l'ambiance, l'engouement et j'ai voulu essayer. Premier entraînement à Béziers, je prends une cathédrale d'un copain et je suis rentré chez moi en pleurant. Puis le virus du rugby s'est installé et j'ai appris petit à petit les rudiments nécessaires. J'observais les Nyanga, Szarzewski et Jeannard avec curiosité, et Diego Minarro le directeur du centre m'a beaucoup apporté."

Pas rancunier pour le coup, car la décision d'une séparation fut prise au moment d'enjamber le pas du professionnalisme, à peine découvert sous la tunique Rouge et Bleu, il se souvient :"Je tiens à Diego. Et si à l'époque, il m'avait annoncé qu'on ne me conservait pas, je sais que mon retour lui a fait plaisir." Puis viens le temps de la vadrouille et de nombreux clubs à son compteur :"Je suis parti à Narbonne où l'on gagne le titre de champion de France espoirs, puis ensuite Grenoble où je retrouve Clément Ancely. Direction Castres et pour finir Aix pour revenir à la maison."

Une attitude détendue

Une carrière fournie qui lui a apporté l'expérience nécessaire :"L'histoire est belle. Je rentre dans mon club formateur avec la sensation que tout est mis en place pour que l'on avance. Le début de saison y contribue. J'ai appris partout et malgré l'amertume de l'époque, j'ai emmagasiné du vécu." Et un sentiment qui se dégage, Hans Nkinsi est apaisé et cela se traduit sur le pré :"J'ai eu des moments compliqués, mon rugby n'était pas à son top. J'évolue maintenant dans un contexte qui me correspond avec des valeurs qui sont les miennes. La formation biterroise en quelque sorte."

Pierre Caillet qui le désirait ardemment, ne tarit pas d'éloges à son sujet :"J'ai joué avec lui son premier match professionnel sous le maillot de Béziers face à Oyonnax sous la neige. Dès la première minute, il a pris un coup sur l'œil et il n'y voyait quasiment plus rien ! J'apprécie le garçon sur tous les aspects. Il a des émotions à partager, avec un profil pareil, vous avez toujours un retour. Il s'est bonifié et le fait qu'il puisse connaître autre chose lui a fait du bien. C'est une volonté de faire revenir des membres comme lui. Hans, aujourd'hui est moins à fleur de peau, il faut savoir le gérer selon les circonstances. Et l'on voit que sa venue est une très bonne chose, car il souscrit pleinement à notre projet." Quasiment titulaire depuis le début du championnat, Nkinsi aligne les feuilles de matchs.

"Une vie meilleure"

Alors que sa mutation n'était pas ficelée aussi facilement, le deuxième ligne a pris tout de même le temps de la réflexion, pour s'assurer que toutes les conditions étaient réunies pour performer :"J'ai pris ma décision tranquillement. Au poste de deuxième ligne, il y a de sacrés noms à Béziers comme Clément Bitz, Pierrick Gunther, John Madigan, Gillian Benoy et Pierre Gayraud. On m'a fait comprendre qu'il fallait rendre la confiance que l'on te portait sur le terrain et je m'efforce de le faire. Je suis épanoui dans ce mode de fonctionnement."

Alors que les Biterrois se déplaceront à Biarritz ce vendredi dans la quête d'une première victoire à l'extérieur, l'ancien grenoblois explique à sa façon ce tiers du championnat favorable à l'ASBH, qui trouve écho selon certains principes :"Au début, il a fallu se connaître, beaucoup d'entre nous sommes arrivés à l'intersaison. Maintenant, on ne se pose pas trop de questions. On met en place quelque chose qui se construit avec patience. Béziers mérite d'être bien placé." Hans jouera face aux Basques une nouvelle rencontre, malgré une épaule endolorie, signe d'un état d'esprit exemplaire et typique d'un groupe ayant envie d'évoluer le plus haut.

Hans Nkinsi, c'est l'histoire d'un garçon atypique, qui retire une immense fierté de son parcours sans occulter son passé qui l'a amené jusqu'au bord de l'Orb :"Ma mère est venue en France alors que nous étions au Congo, pour nous apporter une vie meilleure. Pour moi, ce fut un objectif et un honneur, durant toute ma carrière, de pourvoir la rendre fière de moi." Sans oublier son idole Yannick Nyanga qu'il considère comme sa plus grande inspiration. 

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