Coupe du monde de rugby 2023 - Siya Kolisi : "Il n’a pas toujours été facile d’être le premier capitaine noir de l'Afrique du Sud"

  • Siya Kolisi sera capitaine pour la 50ème fois avec l'Afrique du Sud, face au Tonga.
    Siya Kolisi sera capitaine pour la 50ème fois avec l'Afrique du Sud, face au Tonga. PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Dimanche face aux Tonga, le troisième ligne de l’Afrique du Sud fêtera son cinquantième capitanat à la tête de l’Afrique du Sud. Le futur élément du Racing 92 s’est confié avec franchise et émotion sur son parcours hors du commun.

Vous allez briser une nouvelle barrière, avec un 50ème capitanat sous le maillot sud-africain. Lors de votre enfance, avez-vous rêvé d’arriver à un tel chiffre ?

Certainement pas. Honnêtement, c'est quelque chose dont je n'ai jamais rêvé. Je n'ai même jamais pensé que cela arriverait. Vous savez, d’où je viens, on ne rêve pas trop. Je n’avais pas ce genre de rêve en tête. J'ai juste joué au rugby parce que j'aimais ça. Je jouais parce que cela me permettait d'éviter les problèmes. J’y allais parce que la plupart de mes amis jouaient au rugby. Dans mon enfance, il était impossible de croire qu’un jour, en France, j’allais venir devant vous pour répondre à vos questions.

Comment incarnez-vous ce rôle, qui dépasse désormais le terrain, depuis vos premiers capitanats avec les Stormers ?

Il n’a pas toujours été facile d’être capitaine. C’était même très difficile au début. J’ai souvent été considéré comme le farceur, voire le coquin de l’équipe. En 2016, c’était au moment où je me suis marié, Fletchy (Robbie Fleck, ex-entraîneur des Stormers, NDLR) est venu me parler. "Je pense que tu devrais diriger l’équipe". Il m’a confié ce rôle. Mais, il a fallu du temps pour que j’incarne pleinement la fonction, parce que j’étais toujours vu comme ce farceur, le dernier en fête avec le verre à la main. Dans l’esprit des gens, j’étais ça. Maintenant, je suis devenu quelqu’un de différent. Tout cela a pris du temps, et désormais, j’essaie d’être moi-même dans toutes mes actions.

Les champions du monde ont pointé les défaillances qui ont mené à ce revers. Ils ont promis de répondre par un match encore plus physique. \ud83d\ude05https://t.co/egXOfbURx6

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 27, 2023

Avez-vous douté ?

Je le répète, les débuts ont été difficiles. Il n’y a pas de plus grand honneur que celui d’être capitaine des Springboks, surtout avec l’histoire de cette équipe. Il n’a pas toujours été facile d’être le premier capitaine noir des Springboks. Dans mon esprit, pendant quelque temps, je ne comprenais pas que j’étais le capitaine. C’est un rôle important, mais dans l’esprit des gens, c’est encore plus haut que ce que je pensais. Ce rôle signifie beaucoup dans leur regard, et je n'ai pas saisi le poids immédiatement. Heureusement, sur ce chemin, des garçons m’ont aidé à l’image de Duane (Vermeulen, NDLR) et Pieter-Steph (Du Toit, NDLR). Honnêtement, la fonction aurait été dure à relever sans le soutien des joueurs et du staff. Rassie (Erasmus) me connaît depuis longtemps, et il a construit autour de moi pour m’aider à relever ce défi.

Quel genre de capitaine êtes-vous ?

Je ne prends pas toutes les décisions. Je ne me préoccupe que d’une seule chose : bien jouer, et évidemment, parler à l’arbitre. Mon rôle n’a pas évolué depuis mon premier capitanat. Je le répète, sans mes partenaires et le staff, je ne sais pas si j’aurais pu tenir le coup.

Il y a cinq ans, Kaunda Ntunja avait eu des mots forts pour votre première entrée comme capitaine. Est-ce qu’il sera dans vos pensées, dimanche soir ?

Il est toujours dans nos pensées depuis son décès. Honnêtement, il a changé tellement de choses pour les personnes de couleur en Afrique du Sud. Je ne pense pas que la plupart des gens regardaient le rugby avant qu’il soit propulsé en tant que commentateur. Il était important que l’on soit représenté dans un sport qui a longtemps été interdit aux personnes comme nous. Quand tu peux t’identifier, derrière, cela ouvre des portes. Il m’a fait me sentir si spécial ce jour-là. Il a participé au fait que plus de personnes regardent et aiment le rugby. D’ailleurs, on écoute encore ses commentateurs sur nos essais. Je peine à expliquer par des mots ce qu’il représente.

Siya Kolisi et les Springboks doivent réagir après leur défaite face à l'Irlande.
Siya Kolisi et les Springboks doivent réagir après leur défaite face à l'Irlande. PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport

Vous avez parlé de votre difficulté à épouser ce rôle de capitaine par rapport à votre personnalité. A-t-il été parfois difficile de rester seulement un être humain comme les autres ?

Il a fallu que je reste le même que je suis, à cet instant présent, devant vous. Avant d’être capitaine, ou un joueur de rugby, je suis un humain. Je suis uniquement le capitaine quand je dois parler à l’arbitre. Sinon, je suis moi-même, en tout cas j’essaie. Vous savez, vous ne pouvez pas dire aux gens ce qu’ils doivent penser de vous. Je reste le même, en étant visible le plus souvent pour que les gens se fassent leur propre avis.

Nous savons que votre famille compte beaucoup pour vous. Est-ce que tout le monde sera présent, à Marseille, en ce jour spécial ?

Malheureusement, ils ne seront pas tous présents. Ma femme et mes enfants iront en revanche au stade. En fait, je n’ai pas trop prévu la venue de toute ma famille, parce que je ne savais pas quand viendrait cette 50e fois en tant que capitaine. Si j’avais su, j’aurais peut-être mieux préparé mon coup (rires). Ils viendront peut-être plus tard. J’espère que la compétition va encore continuer un moment pour nous.

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Les commentaires (3)
Anhuro Il y a 7 mois Le 30/09/2023 à 11:07

Pasali, pourquoi ne demandez vous les noms des "toubibs" qui ont remis sur pieds les Français, Jelong et À Dupont ?.
Trop facile de juger (compris l'allusion mal venue) un sud-africain (1 noir ????) et les Français qui eux sont (blanc !).
Petite information , je suis français depuis (ma famille 1635 !) et BLANC mais, je ne supporte pas ce genre d'attaque dégueulasse même si vous vous en défendez.
Velomo

pasali Il y a 7 mois Le 29/09/2023 à 16:17

Il y pire, on ne va pas le plaindre.
En tout cas il devrait partager l'adresse de son médecin et les médicaments utilisés vu la vitesse de rémission c'est stupéfiant

Tygo48 Il y a 7 mois Le 29/09/2023 à 16:35

Est-ce lui qui a initié les chants à l'entrée sur le terrain ?