Coupe du monde de rugby 2023 - Siya Kolisi (Afrique du Sud) : "À un moment, j’ai pensé que je n'allais pas pouvoir participer à cette Coupe du monde"

Par Mathias Merlo
  • Les Springboks Siya Kolisi et Eben Etzebeth à la cérémonie de bienvenue à Toulon
    Les Springboks Siya Kolisi et Eben Etzebeth à la cérémonie de bienvenue à Toulon Abaca / Icon Sport
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Face à la presse, le capitaine des Springboks Siya Kolisi, avant de retrouver l'Écosse ce dimanche à 17h45, s'est confié sur ses doutes qui ont entouré sa préparation à la Coupe du monde, après sa rupture partielle du ligament croisé antérieur du genou droit en mai dernier.

Pouvez-vous nous parler des mois qui ont précédé ce Mondial et notamment de votre contre-la-montre pour vous rétablir à temps ?

Ça a été difficile. Je n’étais vraiment pas sûr de revenir à temps pour la coupe du Monde. Heureusement, et vous le savez aussi, nos femmes sont primordiales dans notre vie. Elle a été positive, plus que quiconque et surtout, plus que moi.  Elle m’a beaucoup encouragé. J’ai aussi rencontré un médecin qui était confiant dans le fait qu’il soit possible de me remettre sur pied et de me donner une chance de participer à cette coupe du Monde. Quand j’ai compris que c’était possible, grâce à mon chirurgien, j’ai encouragé tout le staff médical pour qu’on m’offre cette chance. On n’a pas vraiment fait le travail à moitié (rires). Je voulais surtout, aussi, me rétablir pour le long terme. Je ne voulais pas seulement m’assurer de participer à la coupe du Monde, car j’ai encore envie de jouer au rugby après ça. Je dois remercier aussi l’équipe médicale des Sharks qui a joué un grand rôle dans ce processus. Ils m’ont apporté une aide aussi bien pour me rétablir physiquement que mentalement.

Avez-vous douté ?

On a pratiqué les mêmes soins que pour Pieter-Steph (Du Toit, qui a souffert de la même blessure en 2021 et qui est revenu en trois mois). Moi, ça a pris un mois de plus. Je me suis donné les moyens, j’ai travaillé si dur... Heureusement, j’ai vécu avec le groupe, en restant au sein du camp de préparation. C’est la meilleure chose qu'on pouvait faire dans mon cas, car j’ai réalisé pourquoi je me donnais autant. Les mecs se donnaient autant que moi sur le terrain à Pretoria. J’ai pris beaucoup de confiance. Puis, vous savez, je ne suis pas le seul à avoir vécu ça. Je pense à Snyman, Pollard, Du Toit… Si je n’avais pas eu ces gars autour de moi, ça aurait été différent. Sans eux, je ne sais pas si j’aurais pu m’en sortir, parce que parfois je me suis senti, et c’est normal, à l’écart du groupe. À un moment, j’ai pensé que je n'allais pas participer à cette coupe du Monde. À chaque fois que j’ai eu ce sentiment, ils étaient là. Les gars étaient présents pour me remobiliser. Maintenant, je sais où je suis. J’étais loin derrière, mais je suis là !

Quels sentiments prédominent aujourd'hui ?

C’est génial d’être dans ce groupe. On se soutient énormément entre nous. C’est la coupe du Monde, et forcément, le sentiment est encore plus spécial. Mais j’aurais voulu revenir rapidement même si ça avait été un autre contexte. C’est toujours un sentiment spécial de porter le maillot des Springboks, et je ne considère jamais cela comme un  acquis. Aujourd’hui, je suis juste reconnaissant de vivre ce moment, en France, et d’être entouré de mecs géniaux parmi les joueurs, mais aussi le staff.

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— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 8, 2023

Vous allez retrouver l’Orange Vélodrome pour la première fois après le revers face à la France en novembre dernier…

C'était un match difficile. Nous n'avons pas eu de chance de perdre à la fin. En dehors des matchs en Afrique du Sud, c’est probablement une des meilleures ambiances que j’ai pu connaître dans ma vie de joueur. Je pense que la proximité des tribunes et le fait qu'elles soient concentrées font que c’est un stade incroyable. Des footballeurs m’avaient dit à quel point c'était intense quand on jouait à l’intérieur. Je l'ai vécu... c'est magnifique ! Je pense que tout le monde devrait avoir la chance de vivre cette expérience. Je pense que c'était aussi différent parce qu'on jouait contre la France. Je pense que cela a rendu l’ambiance encore plus spéciale. C’était magnifique.

Nous imaginons que vous avez encore en mémoire les scènes de joie à votre retour en Afrique du Sud lors du dernier sacre. Est-ce que cela ajoute de la pression au moment de défendre votre couronne mondiale ?

Ce n'est pas une pression. On a toujours parlé de ça librement comme vous avez pu le voir dans Chasing The Sun. Avant la finale, on s’est surtout dit que c’était un privilège. Nous faisons ce que nous aimons, et nous sommes en capacité de rendre les gens heureux. Je n’oublierai jamais notre succès au Japon. C’est un moment spécial, et génial à vivre. Mais, je dois avouer que lorsque nous avons atterri au pays… Je n’avais jamais vu rien de tel. Tout le monde avait quitté son travail et ses activités pour nous accueillir. Tout ça pour venir nous voir ! C'est fou. C’est ce genre d’énergie qui nous anime encore aujourd’hui. C’est pour ça que nous nous donnons encore plus au quotidien. Quand on éprouve de la pression, le staff active des leviers pour nous rappeler tout ça et nous faire avancer. Nous le faisons pour les Sud-Africains, ce peuple si différent des autres, si diversifié. Nous jouons pour des aspects différents des autres. Nous rassemblons, avec ce maillot, le peuple sud-africain. Nous le représentons. Ce n’est pas de la pression, c’est un immense privilège et un honneur de jouer pour eux.

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