Pro D2 - Joe Jonas (Biarritz) : “Je sais que je suis un petit peu ciblé, mais…”

  • Joe Jonas avec le maillot biarrot contre Colomiers
    Joe Jonas avec le maillot biarrot contre Colomiers - Icon Sport
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Mercredi matin, le jeune arrière du BOPB (22 ans) est revenu sur les évolutions qu’il veut amener à son jeu, nous a dévoilé ses ambitions sur la saison qui arrive, a évoqué la comparaison naissante avec Cheslin Kolbe et a même parlé d’un projet de podcast, qu’il a récemment lancé avec son grand frère, Curtis.

Joe, c’est votre troisième saison avec le groupe professionnel. Comment l’abordez-vous ?

Cette saison, je me suis fixé des objectifs, car c’est ma deuxième année en Pro D2. Avec l’expérience que j’ai eue l’an dernier et comment la saison passée s’est terminée, j’aimerais bien qu’on soit dans les six premiers. Avec l’effectif qu’on a, je pense que c’est possible. Ensuite, personnellement, je veux faire une saison propre. Tout le monde connaît le Joe qui aime bien relancer, je ne dis pas que je vais arrêter de le faire, car c’est mon style de jeu, mais je veux progresser sur la prise de décision. Quand dois-je relancer ? Est-ce le bon choix ? Est-ce qu’il ne vaut mieux pas taper ? Je veux être plus propre là-dessus, comme ça, on verra que j’ai évolué, que j’ai appris, que j’ai grandi.

Est-ce difficile, pour un garçon joueur comme vous, de parfois se freiner et ne pas tout relancer ?

Non. Quand je regarde des vidéos après les matchs, je vois, parfois, qu’en relançant un ballon, je mets l’équipe en difficulté si ça ne marche pas. Il faut vraiment faire attention à ça, car ça peut coûter cher. Après, je suis quelqu’un qui aime prendre des risques…

L’an dernier, vous avez disputé 26 matchs (21 titularisations). Qu’en avez-vous retiré ?

J’ai appris à enchaîner des matchs avec les professionnels, c’est bien et c’était important. Je me suis toujours dit qu’il fallait que je fasse une saison sans blessure. Ça m'a permis de voir comment il fallait se préparer, chaque semaine, pour être au mieux au moment du match. La saison dernière m’a appris que, lorsque je fais tout ce qu’il faut dans la semaine, je suis bien pour jouer au niveau que je veux, le week-end.

Joe Jonas face à Rouen lors de la saison 2022-2023
Joe Jonas face à Rouen lors de la saison 2022-2023

Aujourd’hui, vous commencez à être connu sur les terrains de Pro D2. Vous sentez-vous plus ciblé ?

Pas forcément, mais je ne peux pas non plus dire non. Quand j’entends des joueurs parler de moi, ils disent de faire attention, car j’ai des crochets. Après, ça m’oblige à me poser les questions de savoir s’il faut que je relance un ballon, ou pas. Je dois trouver d’autres solutions pour manipuler les défenses. Je peux continuer à jouer comme à mon début de carrière, mais tout le monde est un petit peu au courant. Maintenant, je sais que je suis un petit peu ciblé, mais ça ne change rien pour moi. L’adversaire peut savoir que je vais jouer comme ça, mais il faut quand même m’arrêter.

On vous a vu à l'œuvre face à Colomiers avec, notamment, un joli crochet sur Martin Dulon. Pouvez-vous nous raconter ce geste ?

Tout le monde dit que c’est énorme, mais pour moi, c’est normal, je suis habitué à faire ce geste. Ce n’est pas si impressionnant que ça. J’ai appris le crochet chez moi, en Afrique du Sud, car on jouait tout le temps à toucher. Ce geste vient de là. Aujourd’hui, je suis en train de grandir et ça m’aide, car je suis plus en confiance. Lorsque je vois le défenseur face à moi, je peux essayer de l’amener où je veux avant d’enclencher mon crochet. Après, des fois, ça ne marche pas et ce n’est pas bon.

Le crochet est-il votre geste préféré, sur un terrain de rugby ?

J’aime bien, oui, mais le plus beau, pour moi, c’est quand je fais une passe décisive avant un essai.

Vous êtes polyvalent. Vous êtes habitué à jouer à l’arrière, mais vous pouvez jouer en neuf, dix, au centre ou à l’aile. Quel est votre second poste préféré ?

Entre dix et treize. Je pense treize. J’adore ce poste, car tu es dans le jeu, mais tu es aussi libre. Lorsque je joue à l'arrière, parfois, je sors d’une rencontre en ayant fait deux plaquages. En treize, tu es dans la ligne, tu plaques plus et à ce poste, tu peux faire des passes décisives pour ton ailier.

Cheslin a des crochets différents des miens

Renaud Dulin, votre entraîneur de l’attaque, aime développer des polyvalences. Avez-vous évoqué ce sujet avec lui ?

Oui. J’ai connu Renaud en tant qu’entraîneur du centre de formation au BO, lors de ma première année. Il me connaît, il sait ce que je peux faire.

De par votre profil et votre nationalité, vous êtes souvent comparé à Cheslin Kolbe. Le connaissez-vous personnellement ?

Quand j’étais petit, en Afrique du Sud, lorsque Cheslin ne jouait pas, tu n’avais pas trop envie de regarder le match. Quand nous étions petits, nous voulions tous être comme lui. C’est un joueur que j’apprécie beaucoup sur le terrain. Tout le monde dit que je suis un Kolbe, mais ce que Cheslin fait n’est pas tout à fait pareil par rapport à ce que je fais. Cheslin a des crochets différents des miens. Après, quand quelqu’un te dit ça, ça fait plaisir, car il a des grosses qualités, il a gagné des titres. Personnellement, je ne le connais pas. Il m’a suivi, l’autre jour, sur Instagram. Ça fait plaisir. Ma mère connaît un petit peu son père. Avec Cheslin, nous avons parlé une fois, vite fait, lorsque Toulon était venu jouer à Biarritz, en Top 14. C’est tout.

Récemment, vous avez lancé un podcast que vous réalisez avec votre frère, Curtis. D’où vous est venue cette idée ?

Ce podcast s’appelle “Explore the Journey”. Nous sortons deux épisodes par mois. Nous le faisons en anglais ou en français, selon les invités. Le principe est le suivant : avec mon frère, nous avons remarqué que tous les podcasts disponibles aujourd’hui sont faits par des joueurs qui sont en fin de carrière ou à la retraite. Il n’y a pas vraiment de joueurs encore en activité qui tiennent leur podcast. Nous voulons inviter des joueurs de rugby pour qu’ils nous partagent leur parcours. Parmi tous les auditeurs, il y en aura peut-être un ou deux qui se sentiront inspirés et qui se diront “lui a vécu ce que je suis en train de vivre actuellement, il faut continuer…” C’est un podcast pour la motivation. Peut-être qu’il y a des garçons, en Afrique du Sud, qui sont dans la même situation que moi, il y a cinq ans. En partageant mon parcours, ces jeunes peuvent s’en inspirer. Dans ce podcast, nous voulons inspirer des gens.

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