Top 14 - Toulon a rendu un bel hommage à ses huit légendes intronisées au Hall Of Fame

Par Mathias Merlo
  • Pour l’inauguration de ce panthéon, le premier dans l’histoire du sport français, le RCT a célébré, mercredi soir, ses huit premiers membres
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Pour l’inauguration de ce panthéon, le premier dans l’histoire du sport français, le RCT a célébré, mercredi soir, ses huit premiers membres (Baillette, Bodrero, Carrère, Herrero, Gallion, Champ, Wilkinson, Van Niekerk) au terme d’une soirée sous le signe de la reconnaissance et de l’émotion.

Il y a l’histoire, puis il y a les hommes qui la font. En plus de 100 ans d’existence, le brin de muguet a été porté par des milliers de joueurs. Mercredi soir, au Zenith de Toulon, plus de 150 joueurs, de cinq générations confondues, ont partagé la création de ce Hall Of Fame.

Avant la cérémonie, la joyeuse bande a défilé sur le tapis rouge. Il y avait le sourire rayonnant de Joe Van Niekerk, les bruyants de la génération dorée de 1992 avec Jaubert, Loppy ou Louvet venus célébrer leur frère Éric Champ, et l'aura naturelle de de Jonny Wilkinson. De nature discrète, Jérôme Gallion a capté également les flashs, comme les regards perçants du "Grand" André Herrero et de Christian Carrère. Philippe Saint-André et Bernard Laporte, les maîtres d’œuvre des années fastes, ont pris du plaisir à discuter avec leurs anciens poulains (Bruno, Giteau, Sonny Bill Williams…) et à réaliser quelques photos en souvenir du bon vieux temps.

Le 18 mai 2013, le Rugby Club toulonnais remportait son premier titre européen en s'imposant face à Clermont sur la pelouse de Dublin. Dix ans plus tard, Bernard Laporte, à l'époque entraîneur du RCT, se livre sur ses souvenirs.https://t.co/6Vd3hL8RDX

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Plus de 400 personnes, dont le prince Albert II de Monaco et la princesse Charlène, venus en "amis du RCT" et en "passionnés de rugby", ont dîné autour d'un repas concocté par le chef triplement étoilé Christophe Bacquié. Derrière les micros, Clémentine Sarlat et Christian Califano ont assuré l'animation de l'événement. "C’est un privilège d’ouvrir le panthéon du rugby toulonnais, s'est félicité Bernard Lemaître, pour lancer la soirée. C’est notre lieu de mémoire et d’hommage à ceux qui ont écrit l'histoire du RCT. Ils ont marqué exceptionnellement leur époque par leurs exploits, leur rudesse, l’influence exercée, et la trace laissée. C’est une occasion de montrer notre servitude."

Un événement comme une courroie de transmission

Ce Hall Of Fame a d’abord accueilli les pionniers. Sur scène, Morgane Baillette, arrière-petite-fille de Marcel Baillette, a conté les exploits de ce Catalan qui a guidé le premier les Rouge et Noir vers le Brennus. "Son fils, mon grand-père, se souvient encore de la foule qui l'attendait à la sortie du stade." Comme toutes les personnalités décorées, elle a reçu un blazer brodé ainsi qu'un trophée.

Sur la rade, Marcel Bodrero a laissé des pièces inestimables en héritage : l’école de rugby du club, ainsi qu'un cri de guerre devenu célèbre nommé "Pilou-Pilou". "Un personnage incontournable de l’histoire de notre cher RCT" a rappelé Michel Miquelis. "Ce choix me touche beaucoup, c’est un honneur pour mon père", s’est confié son fils, Michel Bodrero.

L'ancien arrière du RCT sort la sulfateuse.. \ud83d\ude2e

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L’émotion est montée d’un cran à l’arrivée sur scène de Christian Carrère. À bientôt 80 ans, l’ex-capitaine des Bleus, soutenu par Juan Lobbe, s’est fait lire une lettre. "J’ai toujours essayé d’apporter ma pierre, en mouillant le maillot, pour que le muguet soit le plus arrosé possible. Aujourd’hui, je suis fier et vous remercie."

En milieu de soirée, non loin de l’entracte, celui décrit comme « le plus grand de tous » est monté sur scène : André Herrero. "On ne parle pas d’un rugbyman, mais d’une légende vivante", s’est enorgueilli son frère, Bernard. Au moment de prendre la parole, André Herrero a eu une pensée pour la terre de ses exploits. "Quand on joue au rugby, on ne pense pas à ça. Mais quand on fait le bilan, quand on voit qu'on ne s'est pas trop trompé, c'est une fierté. J’essayais d’être loyal, exemplaire, un combattant de Mayol. Voir Mayol, ça me donne toujours un orgasme." L’auditoire s’est fendu d’un large sourire.  

La déclaration d’amour de Louvet à Champ

Petit par la taille, immense par le talent. Avec une humilité ancrée dans sa chair, après les hommages de Denis Charvet, qui a évoqué les souvenirs de son idole, et de Pierre Trémouille, en admiration devant le talent de ce demi-de-mêlée, le taiseux Jérôme Gallion a fait lever la foule. "Je ne peux profiter de cette récompense que si je la partage avec ceux qui font le club depuis 50 ans." À la fin de son propos, il a eu une parole toute particulière pour les « fauves » qui lui ont permis de brandir un bout de bois, en 1987.

Il a le Rouge et le Noir chevillé au cœur et au corps. Double champion de France (1987, 1992), et premier homme à avoir levé le Brennus en civil, Eric Champ est resté l’homme qui « aime les chandelles et la castagne ! » Pourtant, dans ce monde de brutes, il est souvent question d’amour. Pour son « Grand », le « meilleur d’entre tous avec André Herrero », Thierry Louvet a fendu l’armure : "Grand, tu sais qu’on a du mal à parler. On n’est pas très fort pour les discours. Il suffit d’un regard, et puis tout est compris. (…) Pendant 15 ans, ça a été un bonheur, un plaisir, et un honneur de jouer avec toi. Tu es devenu le Grand. Ça veut tout dire. Au-dessus, il n’y a rien. Grand, quand je te dis frère, tu sais ce que ça veut dire. On t’aime mon Grand."

De retour à Toulon dans le cadre de son intronisation au "Hall Of Fame", Jonny Wilkinson s’est exprimé devant un parterre de journalistes pour évoquer son retour sur la Rade. \ud83d\udd34\u26ab\ufe0f

Son anecdote > https://t.co/tvnjCurm1h pic.twitter.com/hWa0g5d1uv

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En suivant, Serge Blanco, un adversaire devenu un ami de longue date du Toulonnais de naissance, a pris le pas de l’Indien pour raconter son Eric Champ : "Il m’a chatouillé à Mayol dans les règles de l’art. (…) Puis, j’ai partagé d’autres moments avec lui. (…) Il était le premier défenseur, le premier attaquant, mais surtout le premier ami. À côté de lui, il ne pouvait rien vous arriver. Avec beaucoup d’émotion, je suis fier, véritablement, de lui dire que c’est plus qu’un coéquipier. Je l’aime éperdument."

À l’image d’André Herrero, Eric Champ a parlé de son amour viscéral de Mayol : "On serait quoi sans ce stade et ce public ? On ne serait rien. On ne serait rien sans ce peuple de Mayol. Je pense au stade, à ses supporters. Ils font partie de nous, on fait partie d’eux. On a envie de leur ressembler, ils ont envie de nous ressembler. Toulon, c’est aussi ça." Pour finir son discours, l’ex-flanker a eu une pensée pour Eric Melville, "l’homme qui n’avait pas peur", passé de l'autre côté en 2017.

Les larmes contenues de Jonny Wilkinson et Joe Van Niekerk

Ils sont les symboles du Toulon gagnant des années 2010. Deux capitaines venus d’au-delà les mers. Parti sans dire au-revoir, Joe Van Niekerk, qui a eu des discours poignants de Bryan Habana et Carl Hayman, louant « sa folle énergie », est revenu par la grande porte. "C’est un rêve pour moi de faire partie de cet héritage, d’avoir donné mon sang et mes larmes pour ce club. Je veux remercier mes frères qui font partie de ma vie, Bernard Laporte, un coach exceptionnel et Mourad Boudjellal, pour la sagesse et la connaissance. Je veux aussi remercier les meilleurs supporters du monde, ici, à Toulon. Toulon, c'est pour toujours dans mon cœur, pour la vie." Le Sud-Africain a retenu ses sanglots.

L’emblématique capitaine de Toulon de 2008 à 2014 s'est confié sur son plaisir d’intégrer le Hall Of Hame et sur ce lien spécial qu’il entretient avec les supporters, des années après un au revoir manqué...

L'interview : https://t.co/2xhBFsUevr pic.twitter.com/U5Xlg8FMuE

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Jonny Wilkinson a préféré baisser la tête devant les louanges de Pierre Mignoni et Bernard Laporte. Ce dernier a dévoilé que le demi d’ouverture avait refusé de porter la flamme olympique avant les Jeux Olympiques de Londres en 2012. Son joueur voulait rester auprès de ses partenaires pour s’entraîner. L’anecdote a fait rire le public. Elle en disait aussi beaucoup à propos du caractère de l'homme.  

Capitaine tourné vers le collectif, le champion du monde 2003 a eu un mot touchant envers ses ex-équipiers et Toulon. "En 2009, je ressentais un moment difficile, mais Toulon avec Mourad (Boudjellal NDLR) et Philippe Saint-André m’a permis de revivre le rugby, de réexplorer mon talent et ça m’a presque sauvé la vie à l’époque. (…) Vous ne saurez jamais ce que vous m’avez donné, le public, les joueurs, et les entraîneurs. J’ai pu vivre quelque chose que je n’imaginais pas possible. Vous avez été parfait pour moi." En quittant l’estrade, le capitaine vainqueur du doublé en 2014 a essuyé ses larmes discrètement. À ces huit hommes, il fallait ces mots doux dans ce voyage vers la postérité. Ils resteront à jamais dans les premiers dans l'histoire du Hall Of Fame RCT.

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