Deux clubs déjà qualifiés pour la phase finale

Pas invités la saison dernière, les joueurs de Franck Azéma avaient fini l'année à la neuvième place, à 15 points du Top 6. L'année d'avant, c'est un Stade Toulousain en déprime post-Novès qui flirtait avec le ridicule, concluant l'exercice en douzième position. Des saisons sans où ces deux grands noms du rugby français ont appris à manger leur pain noir, avant de ressurgir au premier plan.

Car cette saison le Stade Toulousain et l'ASM Clermont-Auvergne sont les épouvantails du championnat. Loin, très loin devant les autres, les bons élèves se distinguent quand le gruppetto s'agite derrière. Solides du début à la fin, Clermontois comme Toulousains ont littéralement squatté les deux premières places du championnat, synonymes d'un aller simple pour Bordeaux, sans correspondance.

Dans une période marquée par un rugby de combat de plus en plus violent, stratégique et physique, les deux formations ont promu un jeu léché, aux antipodes des standards des actuels. Une formule du "jeu avant tout" ponctuée par des prises d'intervalle façon Guitoune, des cassages de rein à la Kolbe ou encore des slaloms géants à la sauce Penaud... De quoi insuffler un vrai vent de fraîcheur sur le championnat et même plus encore.

Car en plus d'éclabousser le Top 14 de leur classe, ces derniers ont également su s'expatrier avec des campagnes Européennes réussies. Si Toulouse s'est incliné aux portes de la finale sur la pelouse du Leinster pour son retour dans la grande coupe, Clermont de son côté s'est facilement qualifié pour la finale de la Challenge Cup. En finale,les Rochelais se dresseront face à eux sur la pelouse du Saint James Park de Newcastle.

Deux rencontres au sommet indécises

De plus, Jaunards comme Rouge et Noir ont été les principaux fournisseurs du XV de France et particulièrement des lignes arrières lors du précédent tournoi des six nations. Lors de la première journée face au Pays de Galles, la ligne de trois-quart était composée à 100 % de joueurs des deux clubs. Si les N'Tamack, Julien Marchand, Dupont ou encore Ramos font désormais partis des valeurs sûres en dépit de leur jeune âge, ils voient arriver de nouveaux talents largement au niveau comme Tauzin, Mauvaka, Guillaume Marchand ou autre Lebel. Côté Auvergnat la filière de formation implantée à Nadroga au cœur des Fidji, continue de lancer de nouveaux espoirs, Tuicuvu étant le dernier en date.

De retour aux affaires courantes du championnat, les deux équipes connaissent peu la défaite cette année : Toulouse a enchaîné une série record de quatorze rencontres sans défaites ( treize victoire et un nul) quand Clermont est la seule équipe de championnat à ne pas s'être incliné à domicile malgré des frayeurs sur un match nul concédé face... à Toulouse.

Disputé veille de fête, le match aller à Michelin avait surpris son monde, voyant les deux équipes se quitter sur un score de parité (20-20) alors que le Stade toulousain s'est déplacé avec une équipe remaniée, une semaine après une intense rencontre de coupe d'Europe remportée 42-27 aux dépens des London Wasps. Quatre mois plus tard, le feu d'artifices eut lieu au Stadium de Toulouse, consacrant l'hégémonie des deux clubs sur cette saison de championnat. A la sortie de ces quatre-vingt minutes de grand spectacle, un score improbable (47-44) et neuf essais inscrits.

Loin de ses prestations spectaculaires samedi à Castres, Toulouse l'a malgré tout emporté dans ce derby bouillant. A l'approche des échéances finales, ce succès autoproclamé "à la Castraise" par un William Servat chambreur, a rassuré sur les bords de la Garonne.

Déjà qualifiés, et avec une fin de phase régulière sans réel enjeux, les deux grands favoris pourraient voir cet avantage se transformer en déficit à leurs dépens. En effet, derrière eux, la meute enragée menée par le LOU ou le Castres Olympique bataillera jusqu'à la vingt-sixième journée du championnat pour former le tiercé gagnant. Les trois prochaines journées offriront des rencontres aux allures de phase finale : Lyon - La Rochelle, Castres - Montpellier, Bordeaux Bègles - Lyon, Stade Français - Racing. Le genre de rencontre où un groupe se serre, se retrouve, où une histoire d'hommes se crée pour lancer une formidable épopée, censée conduire jusqu'au mythique bout de bois. Et si le Stade toulousain avait déjà disputé la sienne samedi?

Par Léo-Pol PLATET