Raconte-moi ton essai, Facundo Isa... "Je suis devenu fou et j'ai foncé vers l'en-but"

Facundo Isa, contre Paris vous inscrivez l'essai de la victoire (15-19) à la 79e minute après une remontée de 60 mètres. Racontez...

Facundo Isa : Vous imaginez bien que tout est allé extrêmement vite. Mais je n'avais qu'une chose en tête : gagner. C'était un match important pour l'équipe, et nous perdions de trois petits points à deux minutes de la fin du match. La seule solution pour l'emporter était que l'un d'entre nous renverse tout. Alors, quand j'ai vu Louis (Carbonel N.D.L.R.) prendre l'intervalle à l'entrée des 22 mètres, je ne me suis posé aucune question. J'ai foncé !

A quoi pensez-vous quand Carbonel s'échappe ?

F.I. : Je le connais peu, mais je sais qu'il aime attaquer la ligne et qu'il est capable de remonter les ballons. C'est un joueur qui fait régulièrement jouer après contact. Alors, quand il a foncé dans l'espace, j'ai su qu'il fallait que je me porte à son intérieur. J'ai choisi la continuité plutôt que de venir déblayer, et il m'a fait une passe incroyable...

Vous aviez fait plusieurs en-avants pendant la rencontre. Y pensez-vous au moment de récupérer le ballon ?

F.I. : Non. En réalité, j'étais sûr que je ne lâcherai pas le ballon. Les quinze mètres qui ont suivi ? Il restait quatre défenseurs, notamment Julien Arias qui est un ailier assez costaud. Je suis donc devenu fou et j'ai foncé vers l'en-but, sans chercher à comprendre. Je n'avais que l'en-but en ligne de mire.

Avez-vous cherché des soutiens ?

F.I. : Honnêtement, je n'ai pas regardé quels étaient mes coéquipiers présents autour. J'ai visé Julien Arias, j'ai accéléré, je l'ai percuté et je me suis ouvert l'espace. Ensuite, j'ai plongé.

C'était votre premier essai en Top 14 sous les couleurs du RCT. Anecdotique ?

F.I. : C'était important pour moi. J'ai eu des opportunités lors des premiers matchs mais je n'avais jamais marqué. Alors j'étais un peu frustré. Cet essai m'a libéré. Combien j'en marquerai cette saison ? Je n'en ai aucune idée, mais beaucoup, j'espère.

Que s'est-il passé au coup de sifflet final ?

F.I. : Je ne me rappelle plus vraiment. Je sais simplement que j'ai serré la main de Julien Arias, qui est très sympa, en lui demandant s'il allait bien. Il m'a répondu que c'était le jeu, et que j'avais gagné le duel. On a rigolé...Et on s'est donné rendez-vous au match retour.

Après la rencontre, Mathieu Bastareaud a dit qu'il voulait parfois vous mettre des claques durant la semaine − "Il est tout le temps "ensuqué". Tu as l’impression qu’il dort, qu'il n’écoute pas les annonces (..) Mais après quand il fait ce type de production sur le terrain, tu ne peux rien dire..." −, comment l'avez-vous pris ?

F.I. : [rires] J'ai lu ça, en effet... Je ne sais pas pourquoi il a dit ça ! J'essaye de tout donner aux entraînements et il le voit. Je pense donc que c'était une blague. On en a reparlé, c'était rigolo. On s'entend très bien et j'espère qu'il continuera à dire des choses comme ça sur moi... tant que l'équipe gagne ses matchs.

Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti