Reggiardo : "Pour Agen, c'est le match le plus important de l'année"

Par Rugbyrama
  • Mauricio Reggiardo (Entraineur SU Agen)
    Mauricio Reggiardo (Entraineur SU Agen)
  • Equipe d'Agen
    Equipe d'Agen
  • Match aller : SU Agen - Brive le 23/12/2017
    Match aller : SU Agen - Brive le 23/12/2017
  • Enrico Januarie (Su Agen)
    Enrico Januarie (Su Agen)
  • Jake McIntyre (Agen)
    Jake McIntyre (Agen)
  • Pierre Fouyssac & Julien Heriteau (SU Agen) vs Stade Français
    Pierre Fouyssac & Julien Heriteau (SU Agen) vs Stade Français
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Avant une mise au vert de deux jours, le manager et entraîneur des avants d''Agen s'est entretenu sur la réception capitale de samedi face à Oyonnax. Sans langue de bois, l'Argentin se livre à cœur ouvert sur ce duel entre le 11ème et le 14ème de Top 14.

Rugbyrama : Pourquoi avoir disputé un match amical la semaine dernière contre la sélection argentine des -20 ans, les Pumitas ? (victoire 68-29 d'Agen)

Mauricio Reggiardo : C'était prévu depuis trois, quatre semaines. Il s'agissait de ne pas couper complètement. Un seul groupe de joueurs avait coupé après Montpellier et j'avais trouvé que nous avions commis beaucoup d'erreurs lorsqu'ils avaient repris. Il fallait rester dans le rythme de la compétition. Puis c'était un peu un match de gala contre une équipe nationale, même si il ne s'agit que des -20ans, c'est toujours une bonne chose pour le club. Je me suis entendu avec le manager de leur équipe que je connais bien. Ils étaient en tournée pendant quinze jours du côté de Béziers où ils disputeront la coupe du monde en juin prochain, et ils sont allés rendre visite au Stade toulousain pour profiter de leurs infrastructures pendant cinq jours. Pour nous c'était un bon match d'entraînement où nous avons pu voir pas mal de joueurs. La bonne autre nouvelle c'est que nous n'avons pas eu de blessés.

Equipe d'Agen
Equipe d'Agen

Samedi c'est un nouveau rendez-vous contre un concurrent direct, Oyonnax. Est-ce que l'enjeu est le même que face à Brive ?

M.R. : Non, ce match qui arrive face à Oyonnax est le match le plus important de l'année. Notre groupe s'est créé le 1er juillet et il s'agit de la semaine la plus importante dans la vie de ce groupe. Je n'aime pas parler de match à la vie, à la mort parce que ce sont des termes trop graves pour qu'ils soient utilisés pour du sport, et du rugby. Ça on l'utilise pour parler de gens qui sont à l'hôpital. Mais cette rencontre c'est celle de la survie d'Agen en Top 14. Ce n'est pas définitivement pas une semaine comme les autres.

Quels sont les mots d'ordre et les axes de travail cette semaine ?

M.R. : Il faut que les joueurs aient des certitudes. C'est à nous, au staff de leur donner de la confiance et de leur montrer leur chemin. Si le chemin est tracé, qu'il est sûr et qu'ils le suivent , ils vont trouver des certitudes.

Face à Oyonnax, nous devons avoir des certitudes

Est-ce qu'à Brive ils sont sortis du chemin ?

M.R. : Je crois qu'à Brive il nous a manqué de la détermination. La même qui nous avait fait défaut contre Bordeaux-Bègles. Ces deux matchs étaient très importants mais nous avons trop pensé à ce qui allait arriver derrière, nous nous sommes trop sentis en sécurité en se disant qu'on allant rattraper les coups plus tard. Face à Oyonnax, s'il nous manque de la détermination, derrière il n'y aura plus rien à jouer. Sur ce match, nous devons avoir des certitudes et être déterminés pour ne pas avoir de regrets.

Match aller : SU Agen - Brive le 23/12/2017
Match aller : SU Agen - Brive le 23/12/2017

Avec Oyonnax, vous vous croisez souvent sur les mêmes objectifs ces dernières saisons, que ce soit pour l'accession en Top 14 ou le maintien. Que vous inspire cette équipe ?

M.R. : À chaque fois que nous préparons un match, je dis à mes joueurs que nous avons et que nous proposons un meilleur rugby que celui de l'équipe en face. Ce fut le cas pour le Stade français, Castres, même Montpellier.... Mais là, c'est la première fois de l'année que nous allons jouer une équipe où je sais, je sens que notre rugby n'est pas le meilleur. Je crains le rugby d'Oyonnax. Attention, car cela n'assure de rien. Face à l'UBB et contre Brive, nous avons perdu alors que je considérais que notre rugby était plus en place. Ce n'est pas parce que ton rugby est meilleur que tu es sûr de gagner.

Si Canal te met à 20h45 un samedi c'est que c'est un match important

Comment battre ce rugby fait de passes et de dynamisme alors ?

M.R. : Oyonnax est capable de conserver le ballon pendant plus de six minutes comme ils l'ont fait contre Clermont en fin de match. À Pau, leur premier essai arrive après 3 minutes 45 de temps de jeu. Clairement, cette équipe me fait peur. Je crois de toute façon que celui qui n'a pas peur est un idiot. Il faut avoir peur dans la vie, il faut pour moi être humble et avoir des c... pour avoir peur et le dire. Le mec qui n'a peur de rien est un imbécile. Oyonnax a un rugby, un état d'esprit. Ce n'est pas pour ça qu'ils gagneront mais il faut qu'Agen en ait conscience, en prenne conscience. Je respecte énormément ce qu'ils ont fait, comment ils se sont construits. Je m'identifie beaucoup plus à l'identité qu'ils ont aujourd'hui que celle qu'ils avaient sous Christophe Urios. C'est un rugby ambitieux, faits de mouvements, de conservation de ballons. Cette équipe a su changer son identité en travaillant énormément. Le rugby d'attaque qu'ils ont mis en place n'a pas été facile à construire, ça prend du temps. Nous essayons de le faire aussi à notre manière et nous lutterons avec nos arguments contre eux.

Enrico Januarie (Su Agen)
Enrico Januarie (Su Agen)

Agen est reconnu pour avoir une discipline de fer, en Corrèze, ce ne fut pas forcément le cas. Comment l'expliquer ?

M.R. : Nous avons subi l'engagement briviste. Il y avait en face de nous une équipe qui avait peur, qui était crispé mais elle ne se posait pas de questions, elle avançait. Samedi il faut qu'à nouveau nous retrouvions de l'efficience, et j'insiste là dessus de la détermination. Face à l'UBB, nous avons manqué d'humilité alors que nous avions peur face à Montpellier.

Cela a-t-il vraiment compté dans l'approche du match ?

M.R. : Je le pense. J'ai beaucoup entendu les gens dire, les journalistes et les autres entraîneurs de Top 14 déclarer dernièrement que nous allions nous sauver. Ça a fait du bruit mais je me rappelle qu'avant le coup d'envoi de la saison tout le monde nous voyait dans le sondage du Midi Olympique condamnés. Je préfère ce discours-là du début de saison (sourires). Nous sommes toujours vivants. Ce que je veux pour samedi c'est que les joueurs comprennent que nous allons jouer une équipe très dure. Oyonnax a ciblé deux matchs : chez nous à Armandie et la réception de Brive. S'ils gagnent ces deux matchs, ils sont quasiment sauvés. Ce doit être le même état d'esprit qui nous anime.

L'envie peut-elle vraiment faire la différence ?

M.R. : Les deux équipes ont envie de se sauver, il y aura de la détermination collective des deux côtés, ça je peux vous l'assurer. C'est un putain de match qui arrive et on fait ce métier pour vivre des moments comme celui-là.

Ce sont un peu vos phases finales non ?

M.R. : C'est un match de phase finale clairement. Ce n'est pas pour rien que nous jouons à 20h45 samedi. Cette saison avec Oyonnax nous avons beaucoup joué à 18h. Là, il y a quelque chose en jeu. Si Canal te met à 20h45 un samedi c'est que c'est un match important.

Jake McIntyre (Agen)
Jake McIntyre (Agen)

Est-ce qu'il y a des enseignements à tirer du match de la saison précédente en Pro D2 ? (victoire 26-31 d'Oyonnax à Agen)

M.R. : Je me souviens qu'ils avaient réussi leur quarante premières minutes en menant rapidement 21-3. Nous avions fait une entame comme nous en avons trop l'habitude d'en faire cette année encore. Ça c'est notre carte de visite et pour ce samedi j'espère que ça va changer. Je travaille pour, je suis moins permissif au début des entraînements, les joueurs se concentrent plus vite. Nous essayons avec Stéphane Prosper et Rémy Vaquin (entraîneur de la touche) de les mettre dans les meilleures conditions.

La frustration des derniers matchs a t-elle été constructive pour le groupe ?

M.R. : Je ne sais pas si on peut parler de frustration. Il y avait plutôt de la déception, celle de ne pas avoir su les préparer à ce qui les attendait, notamment face à l'UBB, alors qu'il s'agissait d'un match piège. Nous n'avons pas réussi à faire passer le message, je le prends plutôt comme ça.

Cette semaine, est-ce qu'il y a besoin de beaucoup parler ou pas ?

M.R. : Peut-être que oui, il n'y a pas besoin. Je ne parle pour rien dire et si ça ne sort pas du cœur je n'en ai pas besoin. Je ne suis pas là pour faire de la communication mais je suis là pour être honnête dans mes mots. Je veux transmettre mes sentiments. Beaucoup d'entraîneurs communiquent , ce n'est pas mon cas.

Pierre Fouyssac & Julien Heriteau (SU Agen) vs Stade Français
Pierre Fouyssac & Julien Heriteau (SU Agen) vs Stade Français

Stéphane Prosper a remis en cause le niveau de jeu de vos leaders après le match de Brive. Est-ce qu'il fallait les piquer dans leur orgueil ?

M.R. : Stéphane a dressé un constat qui s'est avéré juste. C'était factuel. Sur ce match, nous avons sorti Ricky Januarie à la 42ème minute parce qu'il ne faisait pas un bon match. Aujourd'hui encore Ricky a les boules. Mais notre fonctionnement repose sur la méritocratie, ce sont les meilleurs qui jouent.

Daniel Dubroca a déclaré dans le Petit Bleu (édition du samedi 31 mars) en parlant des joueurs et du match de ce samedi: "Il est inutile de jouer à la baballe ou de faire de la musculation, ce qu'il leur faut c'est de la greffe d'hormones". Qu'en pensez-vous ?

M.R. : Ce que je peux dire c'est que j'ai beaucoup de respect pour les gens qui parlent avec leur cœur. C'est le cas pour Daniel Dubroca. Il a transmis ses sentiments, ses émotions. J'ai beaucoup de respect pour ses mots car c'est un monsieur du rugby, une légende comme Hugo Porta, Philippe Sella...Quand vous dites des vérités ça ne peut pas faire de mal, mais il faut les dire. Ce ne sont pas seulement les paroles d'un passionné. À Armandie, il a levé le Bouclier, il a été président du club, capitaine d'Agen, de l'équipe de France. Les mots de Daniel m'ont provoqué la boule au ventre et j'espère que mes joueurs l'ont aussi.

Propos recueillis par Enzo Diaz

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