Bastareaud: "J’avais éteint mes téléphones, j’étais tout seul chez moi..."

Fin décembre, les spéculations allaient bon train au sujet de Mathieu Bastareaud. Au sortir d’une lourde défaite face au Stade français, le centre toulonnais craquait littéralement. En larmes, il lâchait: Depuis le début de la saison, je suis un zombie. [...] Il faut savoir dire stop. Je suis arrivé à un point de rupture. Mais dire stop à quoi ? Au rugby ? Prendre du recul quelques jours ? Ou définitivement ? Les questions étaient multiples. Plus de trois semaines après, l’international français est revenu sur cet évènement. Et s’est expliqué dans L’Equipe. Sans détour. C’était une accumulation de plein de choses, professionnelles, personnelles. Et au bout d’un moment... Je suis humain, quoi ! Quand ça sort, ça sort.

Ces propos ressemblaient fortement à un signal d’alarme. Bastareaud a envie de jouer, on le sait. Une envie féroce afin de se sentir bien et d’être performant. Petit hic: sa présence sur la liste des internationaux protégés en vue du Mondial et donc une limitation à trente matchs sur la saison. Si on m’écoutait, je jouerais quatre-vingts minutes tous les week-ends. Mais ce n’est pas possible. [...] En début de saison, je savais que ce serait comme ça, mais je savais pas que ce serait aussi compliqué pour moi. Et avant le match face au Stade français, le centre varois a avoué qu’il avait une sensation personnelle pas bonne et qu’il cogitait. La raclée face à son ancien club (30-6) a constitué la goutte qui a fait déborder le vase. 

L’émouvante lettre d’André Boniface

Pourtant, Bastareaud avait bénéficié d’une semaine de vacances à Noël. Si cela lui a permis de couper du rugby, ce break n’a pas eu que des effets positifs. J’étais à Londres, dans l’anonymat, et je me suis rendu compte que c’est ce qu’il me plait le plus: pouvoir me balader dans la rue sans qu’on m’arrête toutes les cinq minutes. Quand je suis rentré à Toulon, j’ai eu le contre-coup.

Après ses larmes et la mise en avant de son mal-être, Bastareaud a dû digérer. Ce ne fut pas chose aisée dans les jours qui ont suivi. J’ai eu pas mal de messages (de soutien) mais je n’avais pas forcément envie de tout ça, je n’étais pas en état. J’avais éteint mes téléphones, j’étais tout seul chez moi, à la maison. Je n’avais pas envie de communiquer avec grand monde, précise-t-il dans L’Equipe. Depuis, Bastareaud s’est remis. A relevé la tête. Le Toulonnais a également reçu une lettre émouvante d’André Boniface - elle m’a touché -. Puis a appris sa sélection avec le XV de France pour le stage préparatoire au XV de France. Une marque de confiance, dit-il. Tout comme son club, qui a toujours été derrière lui. Désormais, ce mauvais passage s’avère terminé. Aujourd’hui, je me sens bien, tout simplement, assure Bastareaud. C’est tout là l’essentiel.