Toulon, as-tu du coeur?

Jeudi matin, Tana Umaga a rechaussé les crampons. Comme au bon vieux temps, l'ancienne star des All Blacks s'est mise au milieu de ses joueurs. Combinaisons, plaquages, Umaga s'est fait plaisir. Les mauvaises langues diront que Toulon aurait bien besoin aujourd'hui du fabuleux joueur qu'il fut, plutôt que du manager si contesté qu'il est aujourd'hui. Encore que. Du talent, le RCT n'en manque pas sur le papier. Les noms ronflants, les CV épais comme un pilier samoan, les gros salaires, tout cela, Toulon n'en manque pas. Pourtant, à l'aube de cette 15e journée, le club varois est dans la zone des relégables. Si la saison s'arrêtait maintenant, il repartirait directement de là où il est venu.

Plus qu'un problème d'individus, Toulon souffre aujourd'hui d'un mal collectif. Sur le terrain, cette équipe ne vit pas. Ce fut encore sensible samedi dernier lors de la lourde défaite à Clermont. Or dans la lutte pour le maintien, ce sont précisément les vertus de solidarité, de combat, d'envie, qui peuvent sauver un club. Le phénomène n'est pas nouveau. L'arrivée d'Aubin Hueber, à la place de Jean-Jacques Crenca, n'a pas provoqué l'électrochoc espéré. Pas plus que les coups de gueule répétés de Mourad Boudjellal, lassé de voir des joueurs amorphes sur le terrain à longueur de match. "Certains n'ont pas le niveau, d'autres ne pensent qu'à la fin de chaque mois ", constate Hueber.

Van Niekerk capitaine

Sans un sursaut collectif à ce niveau-là, Toulon ne s'en sortira pas. Il n'est pas souhaitable ni même nécessaire. Il est vital. Au-delà du résultat, à Brive, c'est sur ce plan que les Varois seront attendus. C'était le sens du message présidentiel cette semaine à l'entraînement. "Il nous a dit qu'une défaite ne serait pas la fin du monde, mais qu'il voulait qu'on rentre sur le terrain à Brive pour faire mal à l'adversaire et que surtout on ne baisse pas les bras", témoigne le jeune demi de mêlée Anthony Giacobazzi dans les colonnes de Var Matin.

Le staff toulonnais tente tout ce qu'il peut pour faire réagir son groupe. Joe Van Niekerk, la seule "vedette" digne de son rang depuis le début de la saison, a ainsi été promu au rang de capitaine. Il succède à Kefu et Collins. A charge pour lui de fédérer autour de sa personne. Vaste programme. "Joe a autant d'expérience que Jerry et il fait preuve de beaucoup d'envie. J'aimerais que les autres joueurs aient la même envie que lui et qu'il transmette sa motivation à ses partenaires", souffle Tana Umaga.

Mais il faudra plus qu'n changement de capitanat pour remettre le RCT au-dessus de la ligne de flottaison. Toulon n'a plus le temps d'attendre. Désormais, peu importe les noms, seuls les guerriers auront leur place sur le terrain. "Chacun doit se donner à fond pour le collectif, prévient Hueber. Ca n'a pas été le cas contre Clermont, comme souvent précédemment. Maintenant, il va falloir trouver un état d'esprit, et joueront uniquement ceux qui y adhéreront, quitte à ce que ce soir une composition d'équipe choquante pour certains. Le message est suffisamment clair. Reste à savoir s'il sera entendu.