Recadrage à Mayol

Il aura donc suffi d'une défaite, une seule, pour que Toulon s'offre un premier début de tempête. Le revers concédé dans le duel des promus à Mont-de-Marsan (25-18) samedi soir lors de la 3e journée, a eu le don de mettre Mourad Boudjellal hors de lui. "Je pensais que nous étions à l'abri de ce genre de contre-performance, tonne le président du RCT lundi dans les colonnes de Midi Olympique. Nous avons le droit de perdre des matchs mais pas de cette façon. Ce qui s'est passé dans les Landes est inadmissible."

Que s'est-il passé au juste dans les Landes? Toulon, apathique, sans fil conducteur ni cohérence collective, a livré un match il est vrai très loin de ce qu'on attend de lui. Au point que le bonus défensif ramené de Guy-Boniface a presque quelque chose de miraculeux. Pourtant, après trois matchs, le bilan du club varois est loin d'être catastrophique. Au regard des premières indications offertes par ces rencontres, il apparait mitigé. Les Toulonnais ont joué deux fois à domicile, une fois à l'extérieur. Ils ont croisé le fer avec un candidat au titre (Clermont), un prétendant à l'Europe, comme eux (Brive), et enfin un promu (Mont-de-Marsan). Des adversaires au profil différent, dans des contextes changeants, qui permettent de se faire une première idée de la valeur des Toulonnais.

Un promu pas comme les autres

Mathématiquement, le bilan est très équilibré: une victoire, un nul et une défaite. Avec sept points au compteur, Toulon se situe pour l'heure en milieu de tableau. Des temps de passage très corrects pour un promu. Sauf que Toulon n'est précisément pas tout à fait un promu comme les autres. Jamais, dans l'histoire du rugby professionnel, un nouveau venu, ou plutôt un revenant dans l'élite, n'avait été à ce point attendu. L'épaisseur de son budget, le quatrième du Top 14, celui de son passé, glorieux, et enfin de son effectif, lui donne certaines obligations.

A cet égard, les premiers pas du club du président Boudjellal laissent, sur le fond, un sentiment très partagé. Reste à savoir quel est le vrai Toulon. Celui, conquérant et fier, capable de terrasser Clermont en lui collant plus de 20 points en une mi-temps et trois essais en moins de 20 minutes? Ou celui, emprunté, dépourvu de solutions, que l'on a vu face à Brive ou dans les Landes samedi. Sur l'envie, sur l'enthousiasme, sur l'opportunisme aussi, le "petit" promu s'était offert le scalp du vice-champion de France lors de la première journée. Une entrée tonitruante qui n'a peut-être pas fait que du bien aux boys de Tana Umaga. Depuis, le RCT s'est égaré.

"Je me forçais à me taire"

Il est vrai que le Toulon aperçu à Mont-de-Marsan samedi n'a aucune chance de répondre aux objectifs fixés en début de saison par le président. Les hommes de Tana Umaga ont eu tout faux, affichant des carences inquiétantes. En mêlée fermée, ils ont encore souffert. Un problème récurrent depuis deux saisons du côté de Mayol. L'absence d'un buteur fiable pose également problème. Puis il y a cette dramatique faiblesse dans la conservation du ballon. "Quand vous rendez 26 ballons à l'adversaire, vous ne pouvez pas gagner. C'est une honte toutes ces pertes de balle", s'emporte Jean-Jacques Crenca.

Plus grave encore, le jeu toulonnais semble aujourd'hui dépourvu de la moindre identité. "Une somme d'individualités ", constate le pilier David Banquet. Furibard, Mourad Boudjellal, qui n'était pas présent à Mont-de-Marsan, a donc décidé que la cote d'alerte était déjà atteinte. Le président va réunir son staff dans la semaine. Il attend des résultats. Et vite. "Je me forçais à me taire. Dorénavant, je vais hausser le ton... ", a-t-il promis. La semaine promet d'être chaude dans le Var, alors que se profile à l'horizon le leader parisien...