Tout sauf amical

. Une conquête à revoir

En dépit de la victoire, la conquête française a laissé à désirer la semaine dernière à Twickenham. C'est même une source d'inquiétude, particulièrement en ce qui concerne la mêlée, chahutée par son homologue anglaise. Même si le staff tricolore s'est évertué à minimiser les difficultés rencontrées dans ce secteur clé du jeu, personne n'est dupe. Marconnet toujours sur des béquilles, De Villiers sur le flanc, la France ne dispose plus que d'un pilier de niveau mondial aujourd'hui, Olivier Milloud. Mais le Berjallien, longtemps absent lui aussi, manque de compétition. Le XV de France semble donc plus fragilisé que jamais. Le match de Marseille permettra-t-il se rassurer? A voir...

La touche doit elle aussi retrouver davantage de consistance par rapport à la rencontre de Londres, mais ce secteur suscite globalement moins d'inquiétudes dans l'optique du Mondial. La rentrée d'Harinordoquy en huit peut permettre de retrouver une certaine stabilité. Mêlée et touche, voilà donc les deux domaines dans lequel les Bleus doivent encore rassurer. ''Avec seulement 35% des ballons, nous avons pu marquer deux essais', avance Laporte. Mais, à Marseille, il faut rectifier le tir en touche et en mêlée pour avoir plus de munitions''.

. Entretenir la dynamique

Avant le déplacement à Twickenham, Bernard Laporte n'avait pas hésité à lâcher que le résultat lui importait peu. Cette semaine, pourtant, ses joueurs n'ont eu de cesse de rappeler à quel point la victoire obtenue en terre anglaise leur avait fait du bien. " Elle montre que nous sommes dans le vrai, donne du sens, à notre démarche ", note Dominici. Rien de tel qu'un bon succès chez le meilleur ennemi pour créer une dynamique positive. Reste maintenant à l'entretenir. Un revers samedi soir constituerait un coup d'arrêt fâcheux. Entre confiance et doutes, les Bleus hésitent encore. Gagner demeure encore le meilleur moyen de pencher du premier côté.

. Provoquer un engouement

Les Bleus disputent trois matches de préparation au Mondial, mais un seul en France, celui face à l'Angleterre samedi. Ce Crunch au parfum de pastis doit donc permettre aux hommes de Bernard Laporte de prendre la température du public français à trois petites semaines du grand rendez-vous. Un échec, au niveau du score ou même sur la forme, serait contrariant. C'est l'occasion de séduire, d'accrocher pour de bon le public français. Les Français, à l'image de Christophe Dominici, mesurent bien ce paramètre: "ce match peut être un déclic par la ferveur qu'il provoquera. Le 7 septembre approche...", souligne l'ailier parisien. Damien Traille rappelait lui l'engouement du public lors des stages de Fnt-Romeu ou Val d'Isère. Une cote d'amour, ça s'entretient.

. Les enjeux individuels

Pas la peine de se leurrer. A trois semaines et deux matchs du début de la Coupe du monde, il y a des places à prendre et à perdre dans ce XV de France. Laporte a encore martelé cette semaine que, contrairement à 2003, il n'avait pas d'équipe-type. Clément Poitrenaud, assez peu inspiré à Twickenham, se voit offrir une nouvelle place de titulaire. Mais le Toulousain, s'il est le seul arrière de métier dans le groupe des 30, doit tout de même se méfier. S'il ne hausse pas le ton, Bernard Laporte pourrait être tenté de placer Cédric Heymans voire Damien Traille au poste 15. Aligné à l'aile, Heymans a une belle carte à abattre. Idem pour la troisième ligne, entièrement remaniée d'une semaine sur l'autre. Dusautoir et Nyanga aux ailes, et plus encore Harinordoquy au centre, doivent marquer les esprits. On suivra également attentivement le retour de Christophe Dominici, ou le comportement de la charnière Michalak-Elissalde, aujourd'hui en retrait par rapport au duo Skrela-Mignoni. Bref, au-delà du résultat collectif, le décryptage des performances individuelles sera inévitable samedi soir...