Interview de légendes – Magne : "S'offrir le grand chelem en 2004 était une façon de se guérir"

  • 6 Nations - Olivier Magne dans Interview de légendes
    6 Nations - Olivier Magne dans Interview de légendes
  • 6 Nations - Olivier Magne (France) plongeant dans l'en-but contre l'Écosse en 2004
    6 Nations - Olivier Magne (France) plongeant dans l'en-but contre l'Écosse en 2004
Publié le Mis à jour
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 – Avec quatre grands chelems à son actif, Olivier Magne fait partie des joueurs l'ayant le plus réalisé. Celui que l'on surnomme affectueusement "Charly" revient pour nous sur celui de 2004. Avec ce sentiment de la revanche face aux champions du monde anglais...

En 2004, vous réalisiez votre quatrième grand chelem après ceux de 1997, 1998 et 2002. Avait-il une saveur plus particulière ?

Oui, bien sûr, il avait une saveur particulière. Pourquoi ? Car c'était celui qui venait après la désillusion vécue quelques mois plus tôt en demi-finale de Coupe du monde. Nous avions à cœur de prendre notre revanche sur cette équipe d'Angleterre qui nous avait défaits lors du Mondial. Pour nous, c'était important de gagner contre les champions du monde et pour un grand chelem qui plus est, c'était énorme ! Et en plus, nous les battons avec la manière dans une ambiance incroyable. C'était vraiment un grand chelem un peu particulier.

Ce sentiment de revanche, était-il vraiment prédominant ?

C'est rare dans le Tournoi, mais à ce moment-là l'idée de revanche prédominait oui. Notre sentiment était vraiment que cette Coupe du monde aurait dû être pour nous malheureusement. Les Anglais avaient été meilleurs ce jour-là sur le plan stratégique. Les retrouver quelques mois après seulement pour disputer cette "finale", c'était un peu conjurer ce mauvais souvenir. S'offrir le grand chelem face aux Anglais, qui reste un match toujours au sommet, était une façon de se guérir.

Durant ce match, vous menez largement (21-3 à la mi-temps) avant de voir les Anglais revenir sur vos talons (24-21). Y a-t-il eu un moment de doute ?

Pas vraiment non. C'est vrai qu'il y avait une domination assez nette de notre part. Nous avions assez d'avance dans ce match, et même si les Anglais reviennent un peu à la fin, nous avions suffisamment de garanties dans notre équipe et dans notre jeu pour gagner ce match. Il n'y avait pas eu d'inquiétudes particulières au sein de l'équipe. Ça avait été dur, bien sûr, comme toujours face aux Anglais, mais j'avais eu ce sentiment que ce match était bien en notre faveur.

À quel moment au cours du Tournoi, vous dites-vous que vous pouvez réaliser le grand chelem et jouer cette finale face aux Anglais ?

J'ai eu beaucoup de chance dans ma carrière avec ça. J'ai commencé mon aventure en Bleu par deux grands chelems et de fait, j'ai toujours débuté le Tournoi avec l'idée de faire un grand chelem. Je ne concevais pas qu'un Tournoi puisse se gagner sans faire le grand chelem. Une victoire dans cette compétition n'a pas la même saveur si l'on ne gagne pas tous nos matchs. J'ai toujours eu le sentiment que mes partenaires et moi-même, nous étions partis avec cette idée de faire le grand chelem et non simplement gagner le Tournoi. Ça a toujours été une obsession. Même si c'est vrai, je pense qu'il faut attendre le dernier match pour véritablement se positionner et dire que nous pouvons le faire, car tous les matchs sont durs. Il y a toujours des surprises dans le Tournoi. Mais sinon, l'état d'esprit en ce qui me concerne a toujours été de faire le grand chelem.

6 Nations - Olivier Magne (France) plongeant dans l'en-but contre l'Écosse en 2004
6 Nations - Olivier Magne (France) plongeant dans l'en-but contre l'Écosse en 2004

Vous faisiez partie des cadres de cette équipe. Quel a été votre rôle auprès des moins expérimentés du groupe ?

L'équipe était assez aguerrie à ce moment-là. Il y avait des jeunes joueurs certes, mais qui avait pour la plupart participé à la Coupe du monde 2003. Tous les membres du groupe étaient rompus aux matchs compliqués. Puis nous Français, nous avions un avantage dans ces rencontres qui peuvent ressembler à des matchs de phase finale. Nous avions l'habitude dans notre championnat de ces rencontres sous haute pression, qui demandent à être très bien préparées. Mon rôle était, tout simplement, de faire au mieux en tant que joueur. Il y avait tellement de grands noms sur le terrain que ce n'était pas bien compliqué.

Un moment au cours de la semaine vous reste-t-il en mémoire ?

Pas particulièrement non. Je suis plus marqué par les deux premiers grands chelems qu'on réalise avec des joueurs avec qui j'avais déjà beaucoup joué en sélection. Hormis le fait marquant de retrouver les Anglais pour cette "finale", je n'ai pas de souvenir particulier. Dans cette équipe de 2004, il y avait une grosse sérénité, tous les joueurs étaient prêts. Il n'y a jamais eu de moment de panique, de doute.

Une semaine de match pour le grand chelem, est-ce si particulier à vivre ?

Je dirais que ça va de pair avec l'évolution médiatique, et de la société, où l'événement devient plus important. Ce que j'en ai ressenti à l'époque, c'était qu'on faisait un grand chelem mais ça ne reste finalement que du sport. On a envie de faire en sorte que cet événement soit plus important qu'il ne l'est réellement. C'est un match qui se prépare comme un autre finalement. Quand on est joueur, on se focalise avant tout sur sa performance sans se focaliser sur le résultat sinon ça bloque un peu les initiatives. Il faut vraiment rester sur la ligne de conduite qui a été préparée depuis le début du Tournoi pour finalement arriver à cet aboutissement de la maîtrise de son rugby sur un dernier match. L'événement en lui-même est beaucoup plus fait par l'environnement que par l'équipe elle-même.

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