La grande désillusion

On attendait une rose sans épine, ç'a été Waterloo(Midi Olympique).

Pour les Bleus tout du moins, car l'Angleterre de son côté, revit ! Le très exigeant Jeremy Guscott qui a fait en son temps les beaux jours du XV de la Rose l'affirme sur le site de la BBC Online où il tient une chronique : "Je ne prendrais pas Jonny Wilkinson dans le groupe même s'il est en forme." Pourquoi donc se passer de celui présenter tous les jours comme étant l'homme providentiel ? "Parce que Flood (la doublure de Wilko à Newcastle, ndlr) a une grande influence et applique le plan de jeu et que si vous avez besoin de le changer, alors il y a Geraghty qui est là !"

"Malgré son incroyable performance, Flood trouve encore à redire sur sa performance," s'étonnent les journalistes du Guardian. "C'est du sport, affirmait Mike Catt au Times dimanche matin, des choses étranges peuvent se passer." Prémonitoire.

Une prémonition que les Français n'ont pas vu venir, où peut-être si, au contraire, trop bien vu venir... Et voilà l'Angleterre qui se réjouit de conserver un espoir de remporter le Tournoi à moins de 180 jours de défendre son titre conquis en 2003. "La Rose pique encore"... Plutôt en opposition sur les idées politiques, Le Figaro et Libération se sont mis d'accord sur le titre!

Retour sur terre salvateur?

Et oui, si l'Angleterre garde espoir, cela signifie que les Bleus ont perdu... tout espoir de conquérir un neuvième grand chelem. "Donnés favoris, les Bleus de Laporte ont reçu une gifle hier à Twickenham," entame Le Parisien."A six mois du Mondial, c'est un vrai rappel à l'ordre."

"C'était le premier grand test pour la France depuis sa rencontre face aux All Blacks. Las, reprend Midi Olympique, dans ce premier gros rendez-vous du Tournoi, le XV de France a échoué."

Retour sur terre, rappel à l'ordre... Mais "le retour sur terre, les pieds un peu collés à la glaise de l'automne. Mais tout cela, à bien y regarder, enchaîne Jacques Verdier dans son édito, pourrait s'avérer être la meilleure des choses en vue des mois à venir, du Mondial qui s'annonce. Optimisme pas mort." Selon Midi Olympique, ce revers donnera à l'équipe de France "une humilité porteuse d'espoir".

Certains prédisaient une Angleterre jouant et abusant du jeu au pied, las, le XV de France fut battu par un festival de relances et de jeu de mains initiés par de "new kids on the block" (The Guardian) du nom du groupe de boy's band américain du début des années 90. "Des "rookies" cornaquée par un "vieillard" de 35 ans, Mike Catt, lequel se permettra même le luxe de s'enfoncer dans la défense adverse avec le culot d'un débutant pour envoyer son protégé, Toby Flood, à l'essai," insiste Libération.

Face à eux, Yachvili et Chabal devaient être les stars de la journée, mais comme le tonne Le Parisien : "les deux ont été hors sujet." Pour Sud Ouest, "A force de tergiverser, les Français semblent vouloir se contenter du minimum : pensent-ils construire une victoire à la Pyrrhus, sur le modèle de celle de 2005, avec six coups de pieds transformés et puis s'en va ? Petit bras, quoi. Patatras."

Sans inspiration offensive, à preuve le surnombre mangé par le capitaine Ibanez en première mi-temps. Même Jauzion, le meilleur trois-quarts centre français et pour beaucoup du monde, a été pour Midi Olympique, "le symbole de l'inefficacité collective." Le Midol analyse l'association Marty-Jauzion du jour et en conclut que "les deux joueurs ont donné parfois l'impression de ne pas jouer dans la même direction. Inquiétant à quelques mois de la suprême échéance."

Oui, la suprême échéance, parlons-en. Reprenons le chantier, mais surtout, attention de ne pas jeter d'un seul coup, tout ce qui a été fait aux orties.