Jauzion, le cadre épinglé

"Notre système sollicite beaucoup le 12. Alors c'est sûr que si je suis un peu en-dedans, forcément, ça nous met des bâtons dans les roues. Si j'arrive à prendre la ligne, à passer les bras et à faire prendre l'intervalle à mon coéquipier, ça fait avancer tout le monde."

Yannick Jauzion ne s'en cache pas : sa prestation à Twickenham a été très mitigée (comme pour la plupart de ses coéquipiers) et il le sait. "Il faut que je rectifie le tir ce week-end, que je m'investisse plus et que je me pose moins de questions. Ce n'est pas que je ne me sentais pas bien, mais j'ai été approximatif."

Moins incisif en tout cas. Il a raté deux gros plaquages (11e sur Catt et 66e sur Strettle) qui auraient pu coûter cher aux Bleus et n'a pas su jouer son habituel rôle de détonateur en attaque dimanche. Il n'a jamais semblé capable de franchir le premier rideau anglais ou faire jouer de bons ballons derrière lui. Bref, Yannick Jauzion a manqué son rendez-vous. Et il compte bien se racheter samedi contre l'Ecosse, pour sa (probable) dernière apparition sous le maillot bleu avant la Coupe du monde.

"Plus de velléités offensives"

Car le Toulousain a une réputation (et une place) à défendre. Depuis le début du Tournoi, il n'est pas à son meilleur niveau. Il reste une valeur sûre mais on l'a connu plus déterminant. Et le staff du XV de France attend beaucoup de lui, qui, avec ses 41 sélections, fait aujourd'hui partie des cadres de l'équipe. "C'est sûr qu'au fil des sélections, on attend plus de moi. C'est à nous de montrer la voie aux plus jeunes." A David Marty par exemple, avec qui il est associé depuis le match contre l'Irlande et la blessure de son acolyte en club, Florian Fritz. Leur association, frileuse comme le reste de l'équipe à Twickenham mais performante sur les deux autres matchs, marche bien. "Il faudra que nous montrions plus de velléités offensives samedi," précise-t-il. Ce match face à Andrew Henderson, qui possède un peu le même gabarit que lui, sera un bon test pour Yannick Jauzion. "Les Ecossais jouent beaucoup sur lui. Ils l'utilisent en pénétration, en leurre et en pivot. A nous de l'empêcher de jouer."

Les Bleus se méfient beaucoup de ces Ecossais qui leur réussissent mal depuis deux ans. "Il faudra oser, jouer à la française quoi !" Et avec ce Tournoi encore très ouvert (quatre équipes peuvent encore l'emporter), le match ne sera pas simple à gérer. "Nous allons essayer de marquer un maximum de points en première période, tenter toutes les pénalités, prendre tous les points possibles. Après, on verra à la mi-temps comment réagir. Même si on ne peut plus faire le grand chelem, il est très important de remporter le Tournoi." Yannick Jauzion a le discours d'un cadre. A lui d'en avoir l'étoffe samedi.