De la lumière aux abîmes

Par Rugbyrama
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Certains Bleus étaient hors-sujet dimanche à Twickenham. Le demi de mêlée biarrot Dimitri Yachvili en fait partie. Un coup dur pour celui qu'on surnommait le bourreau des Anglais, à six mois de la Coupe du monde.

Dimitri Yachvili s'est-il grillé pour le Mondial ? La question peut paraître abrupte. Mais les connaisseurs le savent, ce n'est jamais bon signe quand, en conférence de presse après le match, Bernard Laporte déclare qu'il n'a "pas envie honnêtement" d'analyser la prestation d'un joueur. Le sélectionneur tricolore a lâché deux petites phrases seulement : "Dimitri n'était pas le seul sur le terrain, on ne va pas lui dire qu'il a fait un grand match mais on ne l'accablera pas non plus. Qui le sélectionne sinon moi ? Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas joué et cela s"est vu, c"est tout. "

Depuis le 27 janvier exactement, avec le BO contre Brive. Toujours dans le groupe des 22 mais sans la moindre minute de jeu depuis le début du Tournoi, il a indéniablement manqué de rythme. Mais pas seulement. Bien qu'il ait inscrit la moitié des points français (sur pénalité avec 100% de réussite), le Biarrot n'a pas su gérer le jeu comme à son habitude, mettre ses avants dans le sens de la marche et s'appuyer sur son (habituellement excellent) jeu au pied. C'est même dans ce secteur qu'il s'est montré le plus défaillant (7 ballons rendus aux Anglais).

Exemples : sur le deuxième essai anglais, à la 75e. Les Anglais tapent, il leur rend le ballon une première fois. Ils retapent et le Basque, dans ses 22, ne trouve pas la touche mais Geraghty qui n'en demandait pas tant. Plaquages ratés de Bonnaire, de... Yachvili, passe à Tindall qui aplatit. Le coup de poignard dont les Bleus ne se relèveront pas. Autre exemple. plus tôt dans le match, quand à la demi-heure de jeu, il joue vite une pénalité au pied en interpellant "Chicken", alias Vincent Clerc, sur l'aile opposée. Las, le Toulousain perd son duel aérien et le feu follet Strettle met le feu dans les 22 Tricolores. Seule l'intervention de Poitrenaud, premier à aplatir dans son en-but, sauvera la patrie.

Un cadeau empoisonné ?

Bref, le demi de mêlée du BO n'a pas fait un grand match. Il est même passé complètement à côté. Et ça arrive à tout le monde. Le problème, c'est qu'il n'a pas su saisir sa chance. Mercredi, lors de l'annonce de l'équipe, Laporte l'avait prévenu : "Pierre Mignoni a marqué des points pendant ce Tournoi. A Dimitri de nous montrer qu'il est là." Raté. Mais au fait, était-ce vraiment une chance que d'être ainsi lancé, sans avoir joué depuis cinq semaines, dans un match capital pour la victoire dans le Tournoi, voire le Grand Chelem? La pression était lourde sur ses épaules. Il y est habitué. Mais cette fois ce n'est pas passé, et il a explosé.

Livide en conférence de presse, Dimitri Yacvhili a à peine commenté sa prestation. Il pensait "être pire" physiquement et a "rendu trop de ballons au pied". Il a surtout insisté sur la "déception de la défaite" . Yachvili, le taiseux, en avait gros sur le coeur dimanche soir. Celui qu'on appelait le bourreau des Anglais s'est peut-être fait hara-kiri face à ses meilleurs ennemis.

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