Les Gallois rois d'Europe

Personne n'attendait les Diables Rouges. Eliminés dès le premier tour de la Coupe du monde, les Gallois paraissaient alors veillissants, en perte de confiance et de repères. Le Tournoi des 6 Nations 2008 s'annonçait pénible pour une équipe en reconstruction avec à sa tête Warren Gatland, fraîchement promu sélectionneur du quinze du Poireau. Sa première décision fut de recruter comme assistant l'Anglais Shaun Edwards, en poste aux Wasps, et qui a obtenu l'autorisation de cumuler les deux casquettes. Fait inédit dans le rugby de haut niveau.

Le grand chelem en hiver

Malgré ce renforcement du staff technique, le premier match à Twickenham, sur la pelouse des vice-champions du monde anglais, peut faire craindre le pire. La boucherie annoncée n'a finalement pas lieu et à la surprise générale, les Gallois s'imposent 26 à 19. Le quinze de la Rose, performant pendant une heure, se laisse surprendre par l'allégresse de l'arrière Lee Byrne et du demi de mêlée Mike Phillips. La suite fut comme un enchantement avec notamment un succès historique à Croke Park, en terre irlandaise, sans oublier une orgie offensive face à l'Italie. Le 15 mars, c'est le jour de la "finale" contre la France qui peut prétendre gagner la compétition.

Emmenés par un Shane Williams des grands jours, qui marque son sixième essai du Tournoi, les Gallois se hissent à la hauteur de l'événement et vont chercher leur deuxième grand chelem en quatre ans. La mêlée de la principauté, comble de l'euphorie, fait même reculer le pack tricolore en deuxième période. C'est le jour du sacre pour Hough, Phillips, Ryan Jones, Shane Williams, Tom Shanklin mais aussi le vétéran Martyn Williams, sorti de sa brève retraite internationale par les suppliques du nouveau sélectionneur dès son arrivée aux affaires.

Confirmation à l'automne

Cette phalange galloise fut ensuite frappée par une épidémie de blessures. Elle parti en tournée estivale en Afrique du Sud avec une équipe trop amoindrie pour donner le change face aux champions du monde. Mais à l'automne, les Diables Rouges ont retrouvé leur statut de meilleur formation de l'hémisphère Nord. Ils sont les seuls à avoir battu une équipe du Tri Nations en s'imposant face à l'Australie. Huit jours auparavant, ils frolaient l'exploit en menant à la mi-temps face aux irrésistibles All Blacks. La manière était au rendez-vous mais pas la concrétisation.

Malgré leur réservoir limité en nombre, ils ont réussi sur cette tournée à faire emmerger des nouveaux talents comme l'ailier Lee Halfpenny et le troisième ligne athlétique Andy Powell, passé dans l'anonymat du championnat de Pro D2 sous les couleurs de Béziers lors de la saison 2003-2004. De bon augure pour retrouver le pays de Galles aux avant-postes lors de la saison 2009.