Guiry : "Malgré tout, je retiens beaucoup de bonnes choses"

  • Bertrand Guiry (Biarritz) contre Nevers
    Bertrand Guiry (Biarritz) contre Nevers
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PRO D2 - Après quatre ans passés à Biarritz, Bertrand Guiry va rejoindre Provence Rugby la saison prochaine. Usé par cette longue saison, mais loin d’être résigné pour la suite, le troisième ligne aile est revenu, pour nous, sur son épopée rouge et blanche.

Rugbyrama : Quel bilan tirez-vous de la saison ?

Bertrand Guiry : Elle est décevante en termes de résultats sportifs. Au début de l’année, nous avions l’impression que nous étions capables de nous qualifier pour les phases finales. D’ailleurs, nous avons toujours l’impression que nous avions le groupe pour. Malheureusement, le résultat est négatif. Nous avons tout de même vécu de beaux moments, sportivement, sur certains matchs, comme les victoires que nous sommes allés chercher à l’extérieur sur cette deuxième partie de championnat.

Selon vous, pourquoi est-ce que ça n’a pas fonctionné cette année ?

B.G. : C’est compliqué, il y a beaucoup de choses, mais il y a deux points principaux. À un moment de l’année, nous avons eu beaucoup de blessés et nous avons pas mal utilisé le même groupe de joueurs. Sur la fin, nous avons manqué de fraîcheur et de ressources mentales après avoir fait les efforts qu’il fallait pour gagner des matchs à l’extérieur. Cette rencontre contre Colomiers reflète un peu ça. Ensuite, le contexte dans lequel le groupe a travaillé toute l’année n’était pas du tout favorable pour faire une bonne saison.

Personnellement, vous avez disputé 28 matchs soit 2048 minutes. C’est votre plus grosse saison en termes de temps de jeu depuis que vous êtes sur le circuit professionnel. Comment l’avez-vous vécue ? A-t-elle été usante ?

B.G. : Je ne vais pas me plaindre d’avoir joué, j’ai essayé de donner le meilleur à chaque fois. Après, ça a été une longue saison. Peut-être plus nerveusement que physiquement.

Vous avez passé quatre ans à Biarritz. Qu’en retirez-vous ?

B.G. : Surtout de très bons souvenirs, comme cette demi-finale à Agen même si nous l’avions perdue. Nous avions renversé le cours d’une saison qui était mal embarquée en allant gagner à Mont-de-Marsan à la dernière journée pour se qualifier. C’était d’autant plus jouissif. Puis nous avions joué cette demi-finale face à une belle équipe qui allait remonter par la suite dans un stade plein, il faisait chaud, le public de Biarritz s’était déplacé en masse… Quand nous étions rentrés sur le terrain, je me souviens de ce ressenti. C’était un bon moment à partager avec l’équipe.

Je me souviendrai aussi du barrage contre Grenoble, mais pas pour les mêmes raisons. J’avais beaucoup de regrets sur ce match, plus qu’après celui d’Agen où nous avions tout donné. L’an dernier, nous avons manqué de lucidité en fin de match et ça nous a coûté la rencontre. Après, il y a aussi des moments de partage avec les gens qui nous supportent, les derbys gagnés. Il y en a eu quatre sur six et, ici, c’est toujours un moment particulier. J’en oublierai, mais dans les joueurs, j’ai rencontré des mecs comme Alban Placines, Maxime Lucu, Kylan Hamdaoui, Charles Gimenez, Laurent Magnaval, Thomas Synaeghel, Mathieu Giudicelli.

Pour la plupart, ils resteront mes amis. Dans l’encadrement, j’ai eu la chance de rencontrer certains entraîneurs ou des personnes travaillant pour le club qui sont très compétents. Pour finir, il y a eu la naissance de mon premier garçon, Raphaël, qui a vu le jour début janvier à l'Hôpital de Bayonne. Ça restera le moment le plus fort de ces quatre années.

Avez-vous trouvé des similitudes entre votre Catalogne natale et le Pays Basque ?

B.G. : Il y a des similitudes au niveau géographique. Ce sont deux belles régions très attachantes dans le Sud de la France, proches de la mer, avec une identité bien ancrée et des gens qui ont du caractère. Après, la mentalité entre le Basque et le Catalan reste différente.

Pourquoi ?

B.G. : Parfois, peut-être que les gens dans le Pays Basque sont plus discrets au premier abord. Il faut plus aller les chercher pour vraiment les connaître. Une fois qu’on a appris à les connaître, ils s’ouvrent plus et, là, on peut vraiment partager de bons moments. Nous, les Catalans, avons plus cette mentalité "Sud-Est" où, au premier abord, on parle peut-être plus. Sur le fond, c’est très similaire. Ce sont des gens, pour la plupart, humbles et travailleurs avec de belles valeurs. Sur la forme, l’approche des gens est un peu différente.

Vous aviez été capitaine à l’USAP, en 2013. Vous l’avez été aussi à Biarritz, par intermittence. Comment avez-vous appréhendé ce rôle, ici ?

B.G. : C’est différent. En termes d’âge et d’expérience, à Biarritz, j’étais plus avancé par rapport au reste du groupe. À Perpignan, je pense que j’étais encore un peu jeune. Ce fut une expérience vraiment positive. Je pense avoir accompli ma mission du mieux possible quand j’ai été capitaine. Dans l’ensemble, ça a été bien appréhendé par mes équipiers. C’était une marque de confiance de la part des différents managers qui m’ont entraîné. Je les en remercie pour ça.

Vous avez décidé de quitter le club à la fin de la saison. Pourquoi ?

B.G. : Ce n’est pas un choix qui m’a été proposé. Je n’ai jamais eu de proposition de prolongation. Une stratégie sportive a été mise en place par le président et, quand à la fin du mois de mars, on n’a toujours pas de retour concernant son avenir, on prend acte de la situation. J’ai toujours cette envie de me régaler à jouer au rugby dans un contexte positif où les gens me font confiance, donc j’ai décidé de partir.

Auriez-vous aimé poursuivre ici ?

B.G. : La situation était compliquée... J’attendais de voir comment elle évoluait. Il y a l’aspect sportif, mais aussi l’extra-sportif. Sur toute cette saison, ça a été une situation inconfortable pour les joueurs et le staff. C’est une chose qui me faisait hésiter. Les gens avec qui j’aimais travailler me donnaient envie de rester. On est bien installé ici avec ma famille, mais d’autres raisons ne me donnaient pas forcément envie. C’était en cours de réflexion, mais n’ayant pas de proposition dans l’avancée de la saison, j’ai fait plus facilement mon choix.

Vous avez pu découvrir, en quatre ans, un contexte particulier. Celui de cette année semble vous avoir marqué.

B.G. : Oui, il m’a marqué. Sur les quatre saisons, parfois, c’était plus sportivement, d'autres fois extra-sportivement. Cette année, sportivement et extra-sportivement, ça n’a pas été très stable. Je souhaite au club qu’il puisse y avoir un projet sur plusieurs années où les choses seront construites de manière cohérente, où les joueurs et les résultats soient plus au centre des débats que d’autres enjeux. Ça n’a pas été le cas de manière continue pendant ces quatre années. C’est sûr que l’instabilité nous marque en tant que joueur parce que toi, tu as envie de te concentrer sur tes objectifs sportifs et des choses viennent te prendre la tête. Mais malgré tout, je retiens beaucoup de bonnes choses. Notamment les rencontres faites. Plusieurs staffs sont passés. Celui que nous avions l’an dernier, en particulier, était hyper intéressant.

Pourquoi avoir choisi Provence Rugby ?

B.G. : Des quelques opportunités que j’avais à tous les niveaux, c’était la plus intéressante. Le projet est ambitieux, le club reste relativement jeune. Quand j’ai rencontré les dirigeants et entraîneurs, j’ai senti qu’ils savaient là où ils voulaient aller, que c’était bien construit. Ça m’a vraiment donné envie de signer là-bas pour deux ans. Ensuite, c’est un peu plus anecdotique, mais comme j’ai une bonne partie de ma famille sur Perpignan, ça me permet de me rapprocher.

Propos recueillis par Pablo Ordas

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