L'édito de Jacques Verdier

Blacks à part...

Un mot personnel : j'ai vu Australie-Nouvelle-Zélande, samedi soir, prévenu du score, sommé par quelques amis d'assister à cet "exploit" australien, de vivre par le menu cette rencontre qui devait présider, il ne fallait plus en douter, à "la relance" même de la Coupe du Monde, sinon à la fin de l'hégémonie black.

J'ai vu. Et à la soixantième minute d'une rencontre dominée de la tête et des épaules par la Nouvelle-Zélande, je me pinçais littéralement pour tenter de comprendre comment l'Australie, pareillement à la remorque, pourrait bien s'y prendre pour gagner une rencontre pareille. On connaît la suite, n'y revenons pas. Ou plutôt si, pour tenter de comprendre, essayer d'y voir clair...

De fait, l'Australie a gagné et on ne saurait trop s'en plaindre. Voir les Blacks poser un genou à terre, c'est plutôt encourageant à la veille du Mondial. Et je ne parle pas là, seulement, pour la France. Rien n'est pire, pour une compétition sportive, que de connaître le vainqueur avant même que le coup d'envoi ne soit donné. Il fallut un Poulidor ou un Ocana pour donner un peu de sel aux Tours de France gagnés par Anquetil et Merckx. Mais si je dois pousser la métaphore cycliste un peu plus loin, rien ne fut plus ennuyeux que les Tours de France gagnés sans encombre par Lance Armstrong.

Pour autant, ne rêvons pas. Il est permis de penser que les Blacks n'ont pas tout donné dans une rencontre qui leur semblait acquise depuis le début et au cours de laquelle ils laissèrent percer un peu de légèreté. Mais enfin, comme me le suggérait André Boniface dimanche matin, cette rencontre, les Australiens peuvent la jouer dix fois, ils la perdront neuf. Cela suffit certes à leur bonheur présent. La France, en 1999, ne s'y était pas pris autrement pour parvenir en finale et réaliser un exploit historique. Il arrive donc que les Blacks laissent échapper des rencontres qui ne devraient pas l'être. On saura s'en souvenir. Mais de là à affirmer que la Coupe du Monde est relancée...Blacks à part, je redouterais plutôt le contraire. Parce que les All Blacks ne sont pas hommes, justement, à commettre trop souvent la même erreur...

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