La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez "les pas perdus d'un coach", la chronique d'Henry Broncan, l'entraîneur du FC Auch-Gers.

Jeudi 26 Avril :

Rencontré au SUA, JJ C l'ex-pilier international, pour l'heure à Toulon où il a débuté une carrière d'entraîneur adjoint tout en exerçant encore comme joueur. Autant mon interlocuteur en tant qu'adversaire entre dans la catégorie des "pénibles", sur le terrain, autant, autour d'une table, vous avez la chance de côtoyer un homme adorable, très au fait de l'évolution du jeu et du professionnalisme : des idées claires, saines ; l'envie de poursuivre son implication dans l'entraînement ; une discussion enrichissante avec la mêlée en point d'orgue, du respect pour les piliers de la D2, en particulier ceux du FCAG, mais aussi pour PL de Mont de Marsan et FL de La Rochelle. J'aime les piliers, j'aime les écouter et ce depuis que j'ai plongé dans le Rugby : c'est toujours par eux que je commence ma composition de l'équipe et j'en mets toujours quatre sur la feuille de match. Parler de mêlées, c'est rendre hommage à Jacques Fouroux : ma passion n'est qu'un feu de paille par rapport à celle de Jacques pour cette épreuve ; je le revois me prenant directement à partie sur la "bajadita", m'infligeant un travail pratique personnel, en un contre un, dans la salle à manger d'un restaurant auscitain ; comme je n'étais qu'un piètre adversaire, il convoquait BS le pilier auscitain titulaire et bis repetita contre 40 kg supplémentaires. Les séances nocturnes, sous les phares de sa Mercedes, au joug de Rive Droite sont inoubliables !

Une anecdote à propos de 1ère ligne : j'ai débuté le Rugby en 1960, à 16 ans, à Mirande. Mon premier match (amical) je l'ai fait contre la réserve de Vic Fezensac, à Goulin ; j'étais un peu rondouillard (les bols de riz au caramel de ma grand-mère et la charcuterie de mes parents !) Mon premier coach (je l'ai beaucoup craint et beaucoup aimé) annonce : "pilier gauche Broncan". Petite surprise, certes, mais j'étais si heureux de jouer ! Bonheur de courte durée ; les deux piliers vicois, deux jumeaux, les frères Dumont, devaient avoir 15 ans de plus que moi et, là-aussi, 40 kg en sus... je fus tordu, malaxé, renversé, monté, rabaissé et je pense que mon vis-à-vis gagna, ce jour-là, sa place, en Equipe I, pour le dimanche suivant. De mon côté, à la mi-temps, c'est avec soulagement que j'entendis mon cher entraîneur déclarer, en fin stratège : "Changements, Broncan en 15". Je crois que j'ai eu une envie folle de lui sauter dans les bras. Pour le remercier, je me suis appliqué à le satisfaire à l'ultime défense ; je suis resté à l'arrière, tout le reste de la saison : je l'avais échappé belle !

Vendredi 27 Avril :

Les joueurs du FCAG sont au repos (bien mérité) jusqu'à lundi prochain et les journées, sans eux, me paraissent bien longues ; à un ami qui s'inquiète de ma nervosité, je réponds : "L'entraînement me manque et je n'arrive pas à rester calme". Au club, la nouvelle équipe s'affaire et reçoit individuellement les joueurs. Bonne initiative. Il y a incontestablement une volonté de faire fructifier l'héritage, d'améliorer les conditions d'entraînement. A ce sujet, je suis reçu par l'ensemble des employés municipaux du service des sports ; ils avaient été choqués par mes propos lors de la tempête médiatique de mars et m'avaient adressé un courrier plutôt amer : explication salutaire, franche, d'abord tendue et finalement apaisante ; en neuf ans, je n'avais jamais eu un seul accrochage avec eux : les bienfaits du dialogue ! Au moins avec eux, je ne partirai pas fâché !

Soirée TV : Narbonne vaillant mais indiscipliné et le Stade toulousain printanier, Michalakisé et Heymanisé ! Un mois de juin à hauts risques pour ses adversaires : GN souriant et PCh les traits tirés.

Samedi 28 Avril :

Pour la première fois de la saison, de visu, me voici devant le SU Agen ; les supporters bayonnais, justifiant leur titre de meilleur public de France ont envahi Armandie ; il y a de la confiance dans l'Aviron : JPE, JFB et XP, trois forts caractères ont su associer leurs compétences pour redresser les Basques ; le premier m'a invité à passer, dans l'après-midi, à l'hôtel ; j'ai décliné et je me suis fendu d'un texto où j'indiquais que, pour une fois, je ne lui adressais pas le mot de Cambronne !

Les supporters agenais ont relevé le défi ; réputé tiède, le public lot-et-garonnais sort le grand jeu et son équipe débute pied au plancher, dominant mais laissant trop d'occasions en chemin ; score toujours serré : autour d'un merveilleux RD et d'un percutant VG, l'Aviron ne se laisse pas distancer. Mieux, il a égalisé logiquement dans la stupeur locale et la joie visiteuse. Pottioka peut pavoiser : dans une émission TV, j'avais entendu que la mascotte avait été élevée au rang de demi-dieu par la ferveur bayonnaise ; j'ai la révélation d'un bel acteur, peut-être le meilleur de tous ceux qui évoluaient sur le terrain !

Dimanche 29 Avril :

Agen doit se réveiller, ce matin, avec la gueule de bois ; les radios annoncent le départ de FG après celui, mardi, de ML. Le SUA compte ses amis. La solution ? Elle ne peut être que du côté des joueurs : ils sont sur le terrain ; à eux d'éradiquer leurs divergences, de constituer, pour trois semaines, une véritable équipe, de retrouver le don de soi au bénéfice du collectif ; hier au soir, ils ont voulu bien faire, mais individuellement, chacun croyant pouvoir sauver le bateau, allant au plus loin, sans se soucier du soutien : une équipe de bric et de broc. Des joueurs de renom qui ont beaucoup donné au SUA vont quitter le club : à eux de le faire par la grande porte ; ils ont suffisamment d'expérience pour peser efficacement sur les trois prochaines rencontres.

Lundi 30 Avril :

17h30, le FCAG reprend sous l'orage menaçant ; le pilier droit BB, pendant la trêve, a trouvé le moyen de jouer au...football et de se blesser, à la cheville, pour une durée de 6 mois ! Entraînement classique de reprise, quelques maladresses... Dimanche, les Espoirs rencontrent Bourgoin en 8ème de finale : je veux les renforcer...sans sacrifier le déplacement de la "Une" à Bordeaux.

20h30, réunion avec les Présidents du SUA, le Directeur Général et le Président de l'Association : DF, LVD et le préparateur physique sont évincés ; quatre joueurs prennent les rênes sur le modèle Stade français 2001 ; tâche très difficile, insurmontable ? Deux d'entre eux sont présents : l'envie de prouver, de l'enthousiasme... Un manager amoureux de son club de toujours est appelé ; le second préparateur physique passe premier ; chez les joueurs, j'apprécie cette volonté d'implication : j'espère que leurs camarades sauront les aider. Dans la crise actuelle, seul le collectif joueurs peut sauver le club de la descente : dans le domaine de l'engagement, une réponse est attendue dès vendredi soir à Aimé Giral et le vendredi suivant à Ernest Wallon ; enfin il FAUDRA GAGNER le 27 Mai, à Armandie, contre le Stade Français : "un mois, trois matchs" martèle le futur président AT.

Mardi 1er Mai :

Les marchands de muguet ont envahi la Ville ; il pleut sur Auch ; à 15 heures, entraînement Rive Droite : il m'en reste plus que neuf à diriger ! Est-ce la pluie ? J'ai le vague à l'âme !

A Agen, les quatre joueurs ont débuté leur fonction : de tout coeur avec eux ! Je serai toujours du côté des malheureux.

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