La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
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Avant un bouillonnant Afrique du Sud-All Blacks, notre consultant revient sur le premier match du Tri-Nations entre les Boks et les Wallabies samedi dernier au Cap.

Les matchs entre les Tri-Nations, avant Coupe du monde, vont nous permettre de mesurer les chances pour ces équipes du sud d"accéder au dernier carré des qualifiés dans cette compétition.

Ces 3 équipes auront, on ne peut en douter, l'ambition de finir premières de leur poule. Si l'on regarde les dernières ½ finales depuis la création de la Coupe du monde, on voit que ces quatre pays sont régulièrement présents à ce stade de la compétition, seule l'Angleterre est venue par deux fois s'intercaler (2003 et 1991) et l'Afrique du Sud n'avait pas participé, pour cause d'apartheid, aux deux premières . Leur confrontation en ce sens est intéressante car cela donne à la France, logiquement contrainte de finir en tête de sa poule, la possibilité d'analyser les forces en présence mais surtout les spécificités des uns et des autres. Il serait en effet erroné de penser que les entraîneurs vont chercher à cacher leur jeu. Autant cela est envisageable dans des matchs faciles, autant c'est impossible quand on se défie entre meilleurs dans une compétition officielle. Les productions des équipes du sud dans cette compétition seront bien révélatrices du style de jeu qu'elles seront à même de produire en Coupe du monde. En ce sens, c'est une chance pour la France qui présentera un autre visage que celui proposé lors de la dernière tournée en Nouvelle-Zélande. Les matchs de préparation juste avant le début de la compétition mondiale ne seront pas significatifs.

La première des confrontations Afrique du Sud - Australie a déjà fait émerger des forces et faiblesses. J'ai noté entre autres, pour les deux équipes une vulnérabilité défensive dès que le jeu prend un peu d'ampleur. Quand les Sud-Africains sont sortis de leur jeu préférentiel fait essentiellement d'affrontements, de percussions - libérations - passes - percussions individuelles, jeu certes déstabilisateur dans lequel excelle Burger, puisque se réalisant en avançant (cependant pas suffisamment efficace pour conclure), les Australiens ont immédiatement été en difficultés. Le défi physique proposé fait de puissance n'a que très peu perturbé les Wallabies qui se sont satisfaits de plaquer le porteur de balle en refusant de contester la possession du ballon. Ceci afin de mieux se replacer en plus grand nombre sur la largeur pour faire face de manière organisée à la déferlante suivante.

En revanche, la plus belle séquence qui a balayé tout le terrain, mal terminée en bout de ligne par Montgomery (mauvaise lecture l'amenant à jouer au pied pour lui-même alors que deux partenaires étaient idéalement placés plein centre pour recevoir son coup de pied) illustre, compte tenu du nombre de balles disponibles et des situations favorables, comment le jeu aurait pu et dû prendre une autre dimension. Cette option aurait peut-être évité aux Springboks d'attendre les deux exploits de Steyn entré au bon moment (deux drops) pour gagner le match.

Dans le même ordre d'idée, les Sud-Africains m'ont paru fragiles dans le replacement défensif. Dès que leur première ligne de défense était sur le "reculoir" - défendre - plaquer - se replacer collectivement en lisant le jeu des adversaires voire en l'anticipant implique, comme en attaque, une bonne lecture du jeu de l'opposition. Je ne suis pas certain que les Springboks aient pour le moment cette capacité à retrouver vite une organisation en cohérence avec les propositions offensives des adversaires. Tout déséquilibre, même partiel, les mettait en difficulté.

De même, il est surprenant de ne pas avoir perçu que la stratégie des Australiens consistait à occuper le terrain par le jeu au pied et donc qu'ils n'avaient aucune intention, ni projet offensif dans leurs 50 mètres. Utiliser le jeu de gagne terrain de Larkham pour contre-attaquer pouvait, avec un replacement adéquat, s'avérer intéressant pour perturber ce type de jeu.

Il est particulièrement intéressant de voir comment cette même équipe sud-africaine va être capable de répondre au jeu tout terrain que proposent les All Blacks et si la priorité sur le défi physique sera suffisante. A voir et à apprécier.

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