Chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Retrouvez chaque semaine la chronique de Pierre Villepreux, notre consultant. Aujourd'hui, il évoque l'estime de soi.

Le championnat européen des moins de 18 ans qui se déroule en ce moment en Cote Basque - Landes implique 32 nations. La compétition est organisée selon 4 niveaux de jeu, représentatifs de la valeur des pays participants. Les différences de niveau de jeu entre les uns et les autres sont grandes. Mais quel que soit ce niveau, si l'on accepte de ne pas entrer dans une analyse qualitative du jeu collectif, on est surpris, toutes compétitions confondues de déceler des joueurs qui, dans la variété des situations de jeu, sont mieux disposés que les autres pour prendre des initiatives. Qui en font le temps de l'action et du contexte des décideurs responsables dans l'orientation du jeu successif en bonifiant ce qui existe ou en changeant ce qui avait été prévu. Cette capacité à prendre le jeu en main est l'expression d'une liberté qui prend justement forme dans la prise de risque. Comme ce type de joueur allie en général de bonnes capacités motrices, on lui accorde rapidement un potentiel que l'on n'accrédite pas aussi facilement aux autres qui dans la même situation choisiront non pas "le jouer" mais le "non jouer", traduction de peur ou d'incertitude.

Quand on félicite ce type de joueurs pour leur implication, on perçoit vite qu'ils situent la valeur du compliment comme une reconnaissance, mais le mérite ne semble pas leur appartenir car, du moins à cet âge, ils n'ont pas une auto évaluation de leur valeur et du pourquoi de celle-ci.

Cette capacité à s'engager dans l'action sans calcul caractérise manifestement ceux qui présentent une bonne estime de soi. Quand on situe cette analyse dans le cadre du "joueurs en jeu", il ne s'agit pas d'auto-admiration mais bien de la confiance acquise pour réussir dans ce qu'ils entreprennent en jeu. Composante essentielle de l'estime de soi, la confiance en soi permet de jouer avec le sentiment que rien ne peut leur arriver, que les obstacles sont naturels, ce qui les amène à décider, faire des choix rapides. Comparativement à d'autres, le risque d'échouer ne les effleure pas, puisqu'il s'agit de s'imposer dans la situation présente. L'échec est rarement mal vécu et son explication fait appel à la malchance ou s'exprime en terme d'erreur à gommer et les réactions émotionnelles éventuellement provoquées ne perturberont pas leurs attitudes et comportements ultérieurs. Etre capable en jeu de s'investir avec le même engagement derrière une erreur c'est aussi penser que l'on est "supérieur" à tout ce qui arrive, et les expériences vécues puisque entreprises sont forcement constitutives de la formation du joueur qui y gagnera en liberté, créativité et autonomie.

Pour un entraineur il est toujours intéressant d'avoir ce type de joueurs et il faut savoir favoriser leur épanouissement car ils deviendront à terme des "leaders de jeu" comme on les appelle aujourd'hui. Leur influence sur les autres, plus prudents et hésitants, est déterminante.

Ces futurs leaders imposent aux autres leur confiance et c'est prioritairement en jeu que leur charisme est nécessaire.

Doit-on aujourd'hui détecter ce type de talent et développer ces aptitudes ? Certainement oui, si l'on pense qu'ils sont à même de jouer un rôle central dans la dynamique du projet de jeu de l'équipe.

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