La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Notre expert Pierre Villepreux revient sur la réunion de Londres organisée par l'IRB pour valider les règles expérimentales testées depuis trois ans partout dans le monde.

La dernière réunion organisée par l"IRB à Londres, en présence des pays les plus représentatifs du haut niveau, avait pour objet de valider les règles expérimentales testées maintenant depuis plus de trois ans un peu partout dans le monde. En 2004, à Auckland, a eu lieu une conférence sur le jeu à laquelle participaient les fédérations participatives et donc les entraîneurs des diverses équipes. Ces derniers ont proposé de "relooker" certaines règles qui n"étaient plus en adéquation avec ce que l"on devait attendre de la production rugbystique si l"on voulait que ce jeu soit un vecteur de développement important et qu"il réponde aux attentes de tous les partenaires, ceux qui le pratiquent mais aussi tout l"environnement.

Les propositions de réflexion faite à l'IRB concernaient :
- le plaquage et post-placage et les hors jeu qui occasionnaient des décisions très subjectives de la part des arbitres
- le maul, jugé par les techniciens présents comme "indéfendable" avec les règles de cette époque
- le nombre de joueurs en touche qui donnait lieu à des tricheries difficiles à détecter par les arbitres
- le retour du ballon dans les 22m et les options de jeu au pied successives
- les pénalités et le poids trop élevé des sanctions sur certaines fautes (transformation de cette sanction en coup de pied francs)
- la redéfinition de la règle pour le poteau de coin de la ligne d'en but.

La commission mise en place par l'IRB a donc pris en compte ce constat pour proposer des règles expérimentales mais elle a aussi réfléchi pour donner au jeu une dimension plus dynamique, plus spectaculaire avec plus d'options de jeu pour les joueurs.

La volonté de la commission visait, autant que faire se peut, à aller vers un jeu :
- plus facile et plus simple à jouer et à comprendre pour les joueurs et arbitres
- plus agréable à voir et à comprendre pour ceux qui le regardent

En même temps :
- redonner du pouvoir aux joueurs pour qu'ils soient réellement responsables du jeu produit et de leur jeu, et ainsi ne pas être conditionnés par les injonctions arbitrales, surtout dans les phases cruciales de rucks
- que ces modifications soient garantes des valeurs et de la spécificité du rugby

Toutes les soucis énoncés plus haut ont été pris en compte. Cependant,d'autres propositions règlementaires non répertoriés lors de la conférence d'Auckland 2004 ont été faites et, entre autres, celle touchant le positionnement des joueurs ne participant pas à la mêlée (ligne de hors jeu).

Commencé à Stellenbosh en Afrique du Sud, le processus expérimental s'est réalisé aussi en Ecosse, Australie, Nouvelle-Zélande, France, Angleterre et Irlande mais toutes ces pays ne l'ont pas testé dans leur totalité et c'est regrettable car leur jugement sur sa pertinence est tronqué.

Ce processus d'évaluation a été qualificativement remarquablement mené et a jumelé les aspects d'analyses du jeu et ceux sécuritaires. Tout en même temps ont été répertoriés les avis et évaluations des joueurs, des arbitres et des entraîneurs sur toutes les règles expérimentales testées. Toutes les règles, leur justification, et les statistiques correspondantes ont été exposées aux pays représentés par un membre de la commission IRB.

Certaines règles furent validées à l'unanimité. Il s'agit de celles concernant :
- le poteau de coin
- le rôle et place des arbitres assistants
- la touche rapidement jouée

D'autres ont donné lieu à des débats constructifs mais acceptées :
- les lignes de 5 m sur la mêlée
- le retour du ballon dans les 22 m avec pas de gain de terrain si coup de pied direct

En revanche , certaines et non des moindres ne seront pas "recommandées" à la "rugby Committee" qui est la "Commission du jeu" de l'IRB. Il s'agit de :
- l'écroulement du maul
- de la non limitation du nombre de joueurs participants à la touche
- de la transformation des pénalités en coups francs

Personnellement, ces trois règles me semblaient répondre totalement aux soucis d'évolution nécessaire au jeu de rugby pour devenir attrayant, plus dynamique, plus varié. Les raisons invoquées sont certes recevables mais refusent du même coup que, pour mieux les utiliser, il faut du temps, mais surtout de la volonté pour les joueurs et entraîneurs de se les approprier positivement et de faire preuve de créativité pour enrichir tactiquement leur utilisation. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que les joueurs qui ont testé ces règles se sont prononcés favorablement.

C'est dommage car avec le maul ancienne version, les vieilles stratégies vont ressurgir (séries de maul répétitifs, longs à souhait) et la recherche de la pénaltouche source d'essais assurés compte tenu des difficultés procurées aux défenseurs pour stopper cette forme de jeu. Le retour à un nombre de joueurs identiques en touche accentuera les choix de passage par un maul avant de lancer le jeu et moins d'utilisations directes.

La transformation des pénalités en coup franc était une occasion unique, grâce aux options de jeu accordées (jouer vite - au pied – mêlées), de donner au jeu une vie tactique différente et enrichie et préservait le style de jeu de chacun. Seuls en effet les hors-jeu et le jeu déloyal sont sanctionnés par une pénalité les autres fautes le sont par un coup franc. Rappelons que les joueurs qui ont joué avec ces options ont donné un avis très favorable.

Globalement si l'hémisphère sud s'est prononcé favorablement sur ces trois règles, le Nord s'est montré beaucoup plus réticent même si certains pays après une nuit de réflexion sont revenus en arrière et ont proposé un aménagement de la règle qui pourrait satisfaire la plupart d'entre eux, dont la France. Elle a proposé de pénaliser en plus des hors-jeu le cas des joueurs retardant volontairement les libérations dans la situation plaqueur-plaqué qui, rappelons le, n'est pas une règle expérimentale.

Où va-t-on maintenant ? Quelle procédure va être employée pour que ces règles expérimentales soient définitivement adoptées ? La décision n'appartient pas à la réunion de Londres. Il s'agissait de s'appuyer sur cette réunion mondiale pour fournir des "recommandations " au "rugby committee" (commission sportive de l'IRB). Elle est compétente pour proposer à "l'Executif Committee" (bureau directeur de l'IRB) les adoptions souhaitées mais aussi pour voir si il faut aller plus loin dans l'expérimentation de certaines règles et bien sûr celles qui ont posé problème à Londres. Il faut aussi noter qu'une règle ne peut être définitivement adoptée que si 75% des membres du comité Directeur votent favorablement. Pas vraiment gagné !!!!

Enfin quelques règles non expérimentales ont été évoquées .Parmi les plus importantes, on peut noter la proposition française visant, par la règle de la carence, à mettre fin aux mêlées simulées. Cette proposition a reçu globalement un avis favorable. De mêm, il est pratiquement acquis que la durée des mi-temps, passent de 10 à 15 minutes.L'extension de la vidéo à des phases de jeu autre que la validation ou non des essais ne sera pas recommandée. On en saura plus après la réunion du Rugby Committee du mois de mai en attendant juin pour la décision finale de Exécutif Committee.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?