La chronique de Pierre Rabadan

Par Rugbyrama
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Notre expert, le troisième ligne du Stade français Pierre Rabadan, tire un premier bilan du Mondial. Et revient sur la nécessité, selon lui, de conserver une Coupe du monde à 20 équipes.

Une coupe du monde, ça se gagne à Vingt !!!

Trois journées de chaque poule se sont maintenant écoulées, il est l'heure de tirer un premier bilan de cette VIème coupe du monde de rugby.
Les choses sérieuses commencent ce week-end avec l'ultime rencontre qui va déterminer les quarts de finalistes. Et il y des surprises auquelles on s'attendait peu avant l'ouverture.
Notre chère équipe de France d'abord, quasiment qualifiée pour les "phases finales" mais en position d'attente suite à la désillusion Argentine. Le quinze de la Rose à la peine qui va devoir jouer un huitième de finale face au Tonga et qui n'est pas si certain d'une victoire qui, il y a quelques temps, n'aurait pas laissé le moindre doute.
La qualification sans aucun accroc (ok ça n'est pas vraiment une surprise !!!) des nations du Sud avant la dernière journée ou encore le comportement de certaines nations "mineures".

Je ne souhaite pas aller à l'encontre de ceux qui proclament qu'une Coupe du monde se gagne à trente joueurs, j'en conviens très justement, cependant je vais essayer ici d'exposer un point de vue plus global sur la compétition, de prendre de la hauteur.

Bien sûr, chaque nation se doit de faire le maximum pour remporter la coupe Webb Ellis, mais toutes ne partent pas avec les mêmes chances tant il existe de nombreuses disparités entre les pays participants. C'est un fait.
Il me semble alors qu'il faut se poser une question essentielle à l'existence de cette compétition.
Quel est le but d'une Coupe du monde de rugby ?

L'élément de réponse qui me vient tout de suite en tête, c'est la promotion et la fête du rugby au travers de la réunion d'une grande partie des nations mondiales.

Dans ce cas pourquoi réduire le nombre de participants à la prochaine édition comme les instances l'évoquent actuellement ?

Je n'ai certainement pas tous les éléments en ma possession pour tenter de convaincre les responsables de cet éventuel changement mais je reste persuadé que l'un des succès de ce rendez-vous mondial du rugby est celui de sa représentation mondiale.
Le rugby se développera encore s'il devient plus universel, plus représentatif encore.
Les éléments défendant cette amputation sont ceux d'écarts sportifs trop importants, de niveaux trop disparates ou encore de matchs ne présentant pas d'intérêts "rentables".

Pourtant la Coupe du monde ne s'est jamais aussi bien portée financièrement.
Les stades sont tous quasi-remplis, les compteurs affichent des bénéfices record et les retombées économiques sont considérables.
Sans parler des records d'audience et d'une économie "rugby" en pleine expansion.
Et le meilleur reste à venir...

Dans ce cas pourquoi vouloir changer une équipe qui gagne ?
Pour accroître encore ces profits déjà fleurissants, ou harmoniser encore une compétition qui séduit déjà tant ?
Regardons un peu sous un autre angle, de l'autre côté des poteaux.

Les petites équipes, dont certains veulent la tête, donnent le meilleur et le public y trouve son compte. Bien sur les scores de certains matchs sont surprenants, déroutants et parfois vexants pour ces nations.
Mais comment ne pas exulter devant l'enthousiasme d'un public dévoué à la cause d'une équipe Géorgienne faisant trembler le quinze du Trèfle ou encore aduler cette valeureuse équipe du Tonga qui, après s'être défaite dans une joie aux larmes de ses confrères Samoans, est pasée à un rebond de faire trébucher la grande Afrique du Sud.
Comment ne pas aimer ce Japon-Fidji qui fut un régal pour tout amateur de rugby ou encore ce rugueux Tonga-Etats-Unis, toutes ces équipes heureuses de se confronter à un haut niveau parfois douloureux, mais qu'elles redemande, devant les yeux du monde.

Enfin ce public Portugais, à l'image de ces joueurs valeureux, pour la plupart amateurs, fier, heureux et parfois même étonné, de voir leur pays représenté.
Enfin ce mélange des cultures, des civilisations que chacun de nous découvre ou redécouvre avec toujours autant d'attrait.
Ou encore ces Namibiens entraînés entre leurs horaires de travail pour représenter dignement et sans jamais abdiquer quelle que soit la situation. Les exemples sont nombreux.

Le rugby est là, dans toutes ses valeurs, dans toute sa splendeur avec toute sa pudeur.

Allons messieurs, laissez-nous aimer ce rugby du monde, que l'on redécouvre tous les quatre ans avec une joie intense, qui nous imprègne de ce pouvoir de réunir des joueurs, des supporters de toutes origines, de toutes nations.
Ces drapeaux absents de ce moment "magique" nous priveraient de l'ivresse de leurs bonheurs et du bienfait de leur présence.
Pour que notre planète devienne chaque jour, un peu plus ovale.

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