La chronique de P.Villepreux

Par Rugbyrama
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Chroniqueur pour notre site, Pierre Villepreux évoque aujourd'hui le départ de Frédéric Michalak aux Natal Sharks et met en perspective le nouveau défi du Toulousain.

Le choix effectué par Fred Michalak de partir jouer en Afrique du sud a pu être perçu comme une info plutôt banale et logique dans un système professionnel qui place le joueur à la disposition du plus offrant. L"aspect économique n"est certainement pas la seule raison de ce départ. Conjointement, le joueur est sensé rechercher aussi sportivement les conditions qui vont à la fois lui permettre de progresser, donc d"accéder à un jeu plus performant à même de valoriser son image, en espérant aussi que le plaisir sera présent sur et hors du terrain.

Une telle option pour un joueur de ce niveau va l'amener à devoir, pour asseoir sa crédibilité, réaliser des exploits. Pas évident, surtout dans ce rôle de "play maker" puisqu'au poste qu'il occupe il s'agit bien de peser sur le jeu des autres tout en assurant une prestation personnelle sans faille. Faut il encore que celle-ci soit constante, évolutive, séduisante. Ceci n'est pas facile à maitriser. Quand on s'expatrie, surtout comme c'est le cas hors d'Europe, le potentiel mental exigé, les motivations, donc la confiance que l'on a en soi, se doivent d'être au top... Pour réussir, il ne s'agit plus de préserver l'image que le joueur avait su créer et véhiculer dans un contexte de club voire national plus facile à maitriser. Il s'agira bien alors, loin de ses bases, de savoir dépasser ce que l'on était.

Dans un premier temps, il y aura inévitablement une remise en cause. Celle-ci risque de provoquer une phase logique de déstabilisation. Je m'explique. Dans le cadre d'une autre culture, être confronté à d'autres formes d'entrainement, devoir acquérir de nouveaux apprentissages s'adapter à des principes de jeu différents, tout en sachant répondre aux attentes des partenaires, obligent à modifier ses habitudes. En formation, on parle de période de reconstruction et elle n'est pas facile à négocier, pas plus pour les "génies du jeu" que pour les moins doués, car justement les meilleurs jouent beaucoup sur leur seuls points forts, c'est pour cela que quand on les entraine on a beaucoup de mal à les sortir de ce qui les font "roi".

Quand le joueur est capable d'assumer ce type de contraintes, il pourra acquérir de nouvelles compétences et s'il ne perd pas celles qui faisaient sa force précédemment, son jeu s'en trouvera amélioré et automatiquement enrichi dans la dimension adaptative. La réussite dans ce type de défi demande du temps et une tranquillité d'esprit que la haute performance et l'environnement n'accepte pas obligatoirement.

Ce n'est pas par hasard que les Fédérations du Sud s'attachent les services des stars et de celles des jeunes en devenir. Le fait de les avoir à disposition sur les 4 années qui séparent une Coupe du monde de la suivante n'est pas neutre.

J'espère que Fred pourra participer à la coupe du monde 2007. Vu son jeune âge, il peut légitimement aspirer à devenir un des leaders de celle de 2011. A ce jour il est confronté à une rude concurrence pour entrer dans la liste des 30. Avec l'arrivée à ce poste de jeunes talents potentiellement sélectionnables pour le Tournoi des 6 Nations 2008, il ne se place pas dans les meilleures conditions pour garantir son avenir tricolore. Mais j'espère sincèrement, qu'il saura dans le Sud, être à la hauteur et conserver toutes ses chances de rester compétitif pour 2011. Traverser la manche aurait certainement été plus facile à gérer. Londres est quand même plus près de Marcoussis que de Durban.

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