Gachassin: "La FFR doit avoir son stade !" 

Par Rugbyrama
  • Jean Gachassin - Juin 2012
    Jean Gachassin - Juin 2012
Publié le Mis à jour
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Jean Gachassin, ancien rugbyman international devenu président de la Fédération Française de Tennis, nous a accordé un entretien passionnant... Il est encore quelque part, le petit lutin qui mettait le feu au Tournoi des Cinq Nations dans les années 60.

Quand vous apparaissez aujourd’hui en tant que président de la FFT, y a t-il encore des gens qui se souviennent que vous avez été international de rugby ?

Jean GACHASSIN: Et bien oui, beaucoup de monde est encore au courant. Je signe encore des autographes comme une star, on me parle quand même de tennis à 60 ou 70 pour cent... Puis ensuite on me parle de rugby. Faut croire que nous avions marqué notre époque, avec notre façon de jouer. Mais je vais vous faire une confidence: ceux qui me demandent de signer des autographes ne sont pas parmi les plus jeunes.

Quand vous voyez le joli revers de Federer, pensez-vous encore aux gestes des grands attaquants des années 60 ?

J.G: C’est le geste merveilleux, exécuté au bon moment, avec le bon tempo. Quand je le vois, je repense à Jean Prat qui chronométrait nos attaques pour que le ballon arrive à l’aile dans le temps juste, on recommençait plusieurs fois, ce qui nous énervait d’ailleurs. Mais l’excellence était à ce prix.

Et quand vous voyez Nadal frapper comme un sourd en coup droit, à quoi pensez-vous ?

J.G: Là je revois plutôt le travail de sape des avants, les Gruarin, les Berejnoi, les Walter Spanghero.

Quels conseils le président de la FFT donnerait en priorité au président de la FFR ?

J.G: Je lui dirais qu’il faut tout faire pour avoir son propre stade, c’est indispensable. Je lui dirais aussi et puis je crois qu’il faut comprendre que le sport a tellement évolué qu’il faut désormais mettre des grands professionnels à tous les postes.

Quand vous étiez joueur, vous étiez souvent en butte à l’autorité d’Albert Ferrasse ...

J.G: Oui, j’en ai souffert. Je me souviens d’un problème avec lui parce que j’avais participé à une émission de télévision et il n’était pas d’accord. Il fallait que je lui demande l’autorisation, paraît-il. Je lui avais dit que si c’était comme ça, on risquait de se retrouver au tribunal. Et finalement, tout s’est arrangé. C’était comme ça à la FFR, le président voulait tout régenter de haut en bas.

Une fois arrivé à un poste à responsabilité, n’avez-vous pas été tenté d’exercer vous aussi cette forme de pouvoir absolu ?

J.G: Non, vous plaisantez. Je m’appuie sur mes vice-présidents en qui je fais entièrement confiance. Tous les mois, nous faisons un point sur les dossiers en cours. Vous imaginez bien que quand il s’agit de droits télévisés par exemple, je ne suis pas un spécialiste.

Votre nouveau sport, le tennis, est réputé par l’individualisme....

J.G: C’est exact mais j’ai essayé d’amener quelques transformations pour avoir des joueurs encore plus fiers de jouer en Coupe Davis et en Fed Cup.

D’où votre attitude dans l’affaire Marion Bartoli, n’est-ce-pas ?

J.G: Oui, sa façon de se préparer ne correspondait pas à nos règles, malheureusement, je dis bien malheureusement, elle ne pourra pas aller aux Jeux Olympiques.

Mais justement, n’êtes-vous pas devenu le Albert Ferrasse de Marion Bartoli ?

J.G: Ah, non, absolument pas. Dans la cas Bartoli, nous appliquons des règlements connus de tous. J’estime que les joueurs ont des droits mais aussi des devoirs. Et puis, il faut savoir que dans cette histoire, nous avons fait des concessions mais nous ne pouvions plus aller plus loin. Sur le moment, j’ai dit que Marion regretterait son choix quand elle aura quarante ans mais nous devons nous revoir après Roland Garros... Alors on verra bien.

Imposez-vous autoritairement le choix des capitaines des équipes de Fed Cup et de Coupe Davis ?

J.G: Non, les capitaines des deux équipes sont nommés par la Fédération, mais après consultation des joueurs. Tout ça doit venir d’un consensus, c’est la particularité du tennis.

Revenons au problème du Grand Stade. Êtes-vous concernés par cette problématique à la FFT avec votre projet d’extension de Roland Garros alors que certains pensaient carrément à le changer d’endroit ?

J.G: Pas tout à fait. Notre idée n’est pas d’aller vers le gigantisme, mais vers la qualité. Avant les joueurs venaient avec deux personnes. Maintenant, ils sont dix. C’est surtout à ça que nous devons nous adapter. Mais pour ce qui est du rugby, la FFR doit tout faire pour avoir son propre stade. Si nous, nous devions payer 20 millions d’euros par an de loyer, nous ne nous en sortirions pas. Après, c’est sûr il faut faire attention parce qu’il y a de grosses sommes à investir, mais je pense que Serge Blanco est la bonne personne pour s’occuper de ça.

Aimez-vous le stade de France ? Auriez-vous apprécié d’y jouer ?

J.G: Disons que je trouve que les tribunes sont un peu loin du terrain. Moi j’adore les stades anglais, avec des sièges au ras de la pelouse. C’est davantage l’esprit rugby.

Que pensez-vous des éternels problèmes du rugby français ?

J.G: Je trouve assez lamentable cette question du calendrier. Quelque part ce titre de champion 2012 aura quelque chose de truqué, toutes les équipes n’ont pas pu compter sur leurs meilleurs joueurs tout au long de l’année. C’est incroyable. Mais je l’avoue, je n’ai pas les solutions, je n’ai pas réfléchi suffisamment à cette question.

Et cette finale Toulouse-Toulon, qu’en avez-vous pensé ?

J.G: Elle était tristounette, mais on s’y attendait. On voyait venir un gros combat, il a eu lieu. C’est sûr, j’aurais aimé voir plus de jeu de mouvement. Je pense que le moment est venu de changer certaines règles.... Ne pas voir d’essai en finale et en demies, c’est quand même terrible. J’ai l’impression qu’on ne peut plus attaquer après la sortie des mêlées. Il faut faire quelque chose, c’est sûr.

Y a t-il encore des joueurs dans lesquels vous vous reconnaissez ?

J.G: Oui, bien sûr. J’aime François Trinh-Duc qui essaie de prendre la ligne et de créer de vraies offensives. J’apprécie aussi Vincent Clerc, Maxime Mermoz ou Clément Poitrenaud. Ils essaient de perturber les défenses adverses.

Vous avez toujours été disert et disponible. Vous avez finalement bien trouvé votre sport car il nous semble que le monde du tennis est devenu plus ouvert à la communication que celui du rugby. Dans les Tournois, les joueurs viennent s'exprimer quoi qu'il arrive.

J.G: Oui, peut-être. En Coupe Davis par exemple nos joueurs sont obligés de venir s'exprimer devant la presse. C'est dans le contrat. Mais attention, nous n'avons que cinq ou six joueurs dans l'équipe. Dans une équipe de rugby, ils sont beaucoup plus nombreux, c'est plus difficile à gérer.

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