Flashback : le jour où Pompidou a appelé au retour de Spanghero en équipe de France...

Le XV de France va mal La gueule de bois après le premier Grand Chelem de l'Histoire du rugby tricolore en mars 1968 n'en finit pas. Après la gloire, la chute est terrible : depuis le triomphe contre le pays de Galles, la bande à Christian Carrère n'en finit plus de perdre. Les comptes indiquent dix défaites de rang entre le 13 juillet 1968 (12-9 contre les All Blacks à Christchurch) et le 22 février 1969 (22-8 contre l'Angleterre)… Et le sujet finit par devenir politique. Au début du mois de mars 1969, le futur président de la République Georges Pompidou est même interpellé sur la question. Le candidat à la présidentielle ne se dérobe pas et avance une solution : "rappelez Spanghero".

Walter, héros du Grand Chelem puis présent lors des neuf défaites suivantes vient en effet d'être snobé par le comité de sélection pour le troisième match du Tournoi contre l'Angleterre à Twickenham.

Constat : sans lui, les Bleus ne se sont pas relevés. Alors forcément la suggestion est écoutée par le comité de sélection. Et même amplifiée : Spanghero n'est pas seulement rappelé, il se voit proposer le capitanat par le président de la FFR, Albert Ferrasse.

Il est même presque supplié pour cela le 16 mars 1969 à Armandie un jour où Narbonne affronte Dax en quart de finale du Challenge Du Manoir. La nuit tombe et Spanghero sort en dernier d'un vestiaire narbonnais où l'atmosphère est plombée par la défaite (15-13). Un homme l'attend : Guy Basquet, numéro 2 de la FFR, venu pour achever de le convaincre. Le colosse de Bram qui était devenu international le 25 juillet 1964 contre l'Afrique du Sud, se voit dérouler le tapis rouge. "Nous avons construit une équipe de France pour toi avec de nombreux joueurs de Narbonne - Gérard Sutra, Jo Maso, Gérard Viard, René Bénesis... On a besoin de toi comme capitaine pour qu'il se passe quelque chose."

Walter Spanghero cède : le 22 février 1969, il est à Colombes pour guider les Bleus contre le pays de Galles. Pour son premier capitanat, il limite les dégâts. Après dix défaites de rang, les Bleus tiennent le choc contre le pays de Galles (8-8). Retour tonitruant à défaut d'être gagnant. "N'allez pas me transformer en héros de roman populaire", calme Spanghero.

Retour de courte durée pourtant. A l'été 1969, il n'y a pas de tournée dans l'hémisphère sud. Blessé pour le test suivant organisé contre la Roumanie le 15 décembre 1969, Walter Spanghero n'est pas convoqué pour le match de sélection France A/ France B du 28 décembre et dessine une nouvelle fois sa retraite internationale. Il reviendra pourtant encore en novembre 1970 pour préparer la tournée d'été 1971 en Afrique du Sud. La FFR avait fait pression sur le président du RCNM, Bernard Pech de Laclause faisant miroiter des matches internationaux à Narbonne en cas de retour de Walter en Bleu… Face aux Springboks, il regagne définitivement ses galons de capitaine.

Statut officialisé pour la réception de l'Angleterre lors du Tournoi 1972 et conservé jusqu'à sa retraite internationale définitive au terme du Tournoi 1973 marqué par l'inauguration du Parc des Princes, le 13 janvier contre l'Ecosse (16-13).

Walter Spanghero partira sur une 51e sélection le 14 avril 1973 contre l'Irlande (défaite 6-4). Un an plus tard, le 2 avril 1974 George Pompidou succombera à un cancer hématologique. Entre temps, le président aura laissé cette phrase de légende : "Spanghero est un nom qui honore la France".