Sale: Cipriani est désormais bien plus sage

L'ouvreur Danny Cipriani a mis de l'ordre dans sa vie et dans son jeu instinctif pour revenir sur le devant de la scène en Angleterre, où ses performances avec Sale l'ont ramené au seuil du XV de la Rose. Avant de se rendre dimanche à Clermont en Coupe d'Europe, Cipriani, 26 ans, n'a pourtant pas eu beaucoup de raison de sourire ces derniers jours. Samedi dernier, il a vu son équipe s'incliner sur un drop du Munster à la dernière seconde (27-26) pour son entrée en matière en Coupe d'Europe, alors qu'il avait personnellement inscrit 16 points. Et mercredi, il a eu beau chercher son nom dans la liste de 33 joueurs publiée par le sélectionneur anglais Stuart Lancaster en vue des test-matchs de novembre, rien. Une désillusion pour celui qui avait retrouvé en juin le maillot frappé de la Rose, près de six ans après sa dernière sélection, avec deux entrées en jeu contre les All Blacks qui avaient été unanimement saluées. "Cette tournée m'a fait énormément de bien, reconnaît-il. C'était comme revenir à l'école et j'ai beaucoup appris."

En concurrence avec Owen Farrell, George Ford, Stephen Myler et Freddie Burns, Cipriani (9 sélections) n'a cependant pas tiré une croix sur le Mondial 2015 devant son public. D'autant que l'ancien enfant prodige et terrible du rugby anglais semble s'être racheté une conduite en plus d'avoir injecté une bonne dose de régularité à ses prestations. "Il a réussi à transformer son jeu et il est passé d'un talent brut à un numéro 10 influent capable d'orchestrer le jeu", loue l'ancien international Austin Healey (41 ans, 51 sélections). "Danny a toujours eu ce côté anticonformiste (...). Si vous intégrez cela dans un plan de jeu structuré, cela devient très dangereux pour l'adversaire", ajoute-t-il.

Cipriani: "Me mettre vraiment au travail"

Réputé pour ses éclairs de génie qui en ont fait un ouvreur précoce, champion d'Europe 2007 avec les Wasps, Cipriani a amélioré sa défense et sa précision au pied. La saison passée, il a ainsi inscrit 143 points pour les Sharks en championnat, dont deux essais. Sa mue, il la doit en partie à Steve Black, le mentor du plus célèbre des ouvreurs anglais, Jonny Wilkinson. Black l'a notamment encouragé à la lecture, avec un livre référence: "Blink", de Malcolm Gladwell. "Cela parle de faire confiance à son instinct plutôt que de prendre le temps de savoir si les décisions prises sont correctes ou non, explique Cipriani. On peut en retirer des enseignements pour le rugby, dans la façon de jouer, le processus décisionnel et des petites choses comme cela." "Depuis que je travaille avec Steve Black, j'ai compris qu'il fallait que je me mettre vraiment au travail", poursuit-il. Une prise de conscience qu'il fait aussi remonter à avril 2013 et un accident: il s'était fait renverser par un bus dans les rues de Leeds et avait fini à l'hôpital avec un sérieux traumatisme crânien.

Cela lui avait valu un titre de plus dans des journaux qu'il avait déjà abondamment abreuvés par le passé en raison de ses frasques. La plus célèbre ? Une sortie en boîte de nuit deux jours avant ce qui devait être son premier match international comme titulaire face à l'Ecosse en mars 2008. Cela lui avait valu d'être écarté de l'équipe pour la rencontre. Une fracture à une cheville survenue en mai 2008 ainsi qu'une attitude résolument désinvolte l'ont même obligé à s'expatrier en Australie chez les Melbourne Rebels entre 2010 et 2012 pour reprendre ses esprits loin du tumulte. Le voilà de retour sous le feu des projecteurs, et cette fois pour les bonnes raisons.