Pour Mike Phillips, ce sera le match de l'année et plus encore

Cette date du 6 décembre 2014, le staff du Racing-Metro l'avait évidemment cochée dès le tirage au sort des poules la Champions Cup comme un moment clé de sa saison européenne. Premier round d'une confrontation rapprochée face à l'équipe définie comme deuxième plus dangereuse du groupe, son côté décisif pour la qualification ne faisait pas l'ombre d'un doute. Mike Phillips, lui, l'a écrite en rouge, police large, surlignée plusieurs fois et affichée au-dessus de son lit. Ce retour aux sources, sur les terres d'une franchise qui l'a élevée au rang de crack parmi les meilleurs numéros neuf mondiaux, vaut pour lui tellement plus que quatre ou cinq points.

Pour le côté sentimental, bien-sûr, mais surtout parce qu'il revêt un double enjeu sportif fondamental pour lui. Depuis trois ans qu'il a quitté son pays de Galles natal pour la France, le temps (il a 32 ans) et quelques déboires extra-sportives ont fait leur œuvre. Confronté à la concurrence écrasante du vice-capitaine Maxime Machenaud, Phillips est deuxième dans la hiérarchie des demis de mêlée du Racing. En sélection, c'est pareil. il a vu le jeune Rhys Webb lui passer devant. Samedi, les deux hommes seront aussi adversaires sur le terrain, de quoi faire naître un match dans le match et pimenter un peu plus la partie : Il a un gros challenge personnel, glisse son capitaine Dimitri Szarzewski. Il joue contre son concurrent en équipe nationale et il a à cœur de faire un bon match .

Se relancer ou mourir

Lors de la tournée d'automne, Mike Phillips n'a connu qu'une titularisation, contre les Fidji, est rentré en jeu contre l'Australie et la Nouvelle-Zélande et n'a même pas pris part à la seule victoire des siens, contre l'Afrique du Sud. Ne comptez pourtant pas sur Mike le réservé pour lancer les hostilités et des pics contre son rival qui lui grignote avec appétit du temps de jeu sous la tunique rouge depuis près d'un an. C'est assez étrange de jouer en face de lui alors que nous étions dans la même équipe la semaine avant, commente t-il. C'est une opportunité pour moi de prouver ce que je vaux et ce que je sais faire .

En revanche, lorsqu'on lui demande s'il reste un peu du Phillips brillant de 2011 en lui, le compétiteur reprend le dessus : On verra bien samedi. Moi, je me sens bien et en bonne forme. Je sais que je dois enchaîner les performances mais j'ai toujours cette volonté de faire mon travail sur le terrain. Je suis concentré sur la compétition saine que je mène avec Maxime Machenaud pour être le demi de mêlée numéro 1 en club et jouer le plus souvent possible. Retrouver sa place de titulaire en sélection passe aussi par là, même si l'international français, régulièrement loué par ses entraîneurs, sera tout de même dur à déloger.

Labit: "Il doit garder à l'esprit que l'important demeure le jeu du Racing et non son match contre Webb"

Reste que le staff du Racing n'est pas resté sourd aux ambitions de son grand demi de mêlée et lui donnera la chance de s'exprimer dans son ancien jardin. Laurent Labit entend et comprend la motivation de son joueur : J'ai discuté avec lui à son retour de sélection et j'ai bien compris qu'il avait envie de jouer. Pendant les tests d'automne, il n'a pas pu beaucoup le faire. Il y a forcément beaucoup d'excitation pour Mike car c'est son pays et son club et le joueur qu'il aura en face de lui est son concurrent au pays de Galles. Il va vouloir se confronter à lui et il sait que le sélectionneur regardera les deux matchs. C'est évidemment une rencontre très importante pour lui en vue de la Coupe du monde mais il doit garder à l'esprit que l'important demeure le jeu du Racing et non son match contre Webb . Un match où Mike Phillips a finalement tout à gagner, lui qui a déjà tant perdu.