Tonga, l'équipe qui monte

Les cotes de paris sont souvent révélatrices. Avant la Coupe du monde, une victoire finale des Tonga se situait à 5000 contre 1 chez les bookmakers britanniques. Celle de l'Angleterre, tenante du titre, à 34 contre 1. Il n'est pas question d'envisager une seconde que les Tonguiens soulèvent le trophée mais vendredi, pour le choc décisif et la place en quarts, un succès du XV de la Rose est coté à 1,05 contre 1 et seulement de 8 contre 1 pour les joueurs du Pacifique. Plutôt étonnant quand on connait la différence de niveau entre les deux formations. Moins quand on voit leurs prestations respectives dans cette Coupe du monde.

Les Tonga n'étaient pas attendus comme outsiders dans la poule A. Nantis de deux succès en quatre participations, les Aigles de la Mer venaient avant tout pour faire aussi bien: battre les Etats-Unis et les Samoas. Mais la rencontre perdue de peu devant l'Afrique du Sud (30-25) - sans doute l'une des plus belles de cette Coupe du monde - a donné de nouvelles ambitions aux hommes de Quddus Fielea qui lui, y a toujours cru. "Quand j'ai dit qu'on visait les quarts de finale à ma première conférence de presse, on m'a traité de fou ! Et là, nous sommes à un match de la qualification."

Latu: "Changer la vision des gens"

Pour l'atteindre, il faudra battre l'Angleterre vendredi ou faire match nul. Même si le tenant du titre n'a convaincu personne depuis le début de la compétition, il part favori. Sauf pour Epeli Taione, le centre tonguien. "Celui qui gagnera sera celui qui montrera le plus d'envie et ça sera nous ! Nous connaissons bien les Anglais, leurs forces et leurs faiblesses, car beaucoup d'entre nous évoluent en Angleterre". Le Toulousain Finau Maka en rajoute. "Les Anglais risquent d'être nerveux après notre performance contre les Springboks. Il faudra en profiter".

Même en cas d'élimination, les Tonga auront quoi qu'il arrive réussi leur Coupe du monde et mis en lumière cet archipel de 748 km². "Nous sommes en train de changer la vision que les gens ont du rugby tonguien , explique Nili Latu, le capitaine. Nous ne jouons pas que pour nous mais pour tout les Tonga". "C'est un coup de pouce énorme pour notre rugby , renchérit Maka. Le monde de l'ovalie va enfin reconnaître notre niveau" . Sauf peut-être l'IRB qui ne sait toujours pas s'il faut réduire le nombre d'équipes en 2011. Une victoire des Tonga vendredi devrait rendre la décision plus simple. Et plus logique.