Twickenham, temple des "Stades"

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Stade rochelais et Stade toulousain, les deux équipes qui ont dominé la France et l'Europe, vont s'affronter ce samedi soir dans une finale de Champions Cup inédite. Là, dans l'enceinte la plus mythique de ce sport, il n'en restera plus qu'un...

Ce samedi soir, quoi qu'il arrive, l'histoire du rugby ne sera plus la même. C'est bien le premier enseignement à retenir d'une finale qui verra Rochelais ou Toulousains créer l'événement. Les Maritimes, qui bataillaient encore en Pro D2 en 2014, ont enfin l'opportunité de graver dans le marbre leur irrésistible ascension par un titre majeur. Ce serait le premier du club, avant même un Bouclier de Brennus comme Brive l'avait fait à la fin des années 90. "À mon arrivée en 2010, même dans mes rêves les plus fous, je n’y aurais pas pensé", disait vendredi le capitaine Romain Sazy. Puis d'ajouter : "Maintenant, c’est l’heure, il faut que l'on se paie sur ce match-là !"

Pas sûr qu'il faisait simplement référence au magnifique parcours de cette saison, mais plutôt à tous les efforts réalisés depuis toutes ces années pour s'inviter dans la cour des très grands. Côté toulousain, la dimension n'est pas la même puisque, dans cette cour, l'institution en est le monument central. Vingt fois championne de France et quatre fois d'Europe. Ce week-end, les Rouge et Noir ont l'occasion d'accrocher une cinquième étoile sur le maillot qui les ferait entrer un peu plus encore dans la légende, puisqu'ils devanceraient alors le Leinster et ses quatre titres pour devenir les seuls détenteurs du record de sacres. Un joli clin d'œil, l'année des vingt-cinq ans de la compétition, dont la première édition avait déjà été remportée en 1996 par le Stade toulousain.

Ultime bal de rêve

Au-delà des chiffres et des symboles, c'est bel et bien un duel titanesque qui s'annonce, entre les deux équipes qui ont jusque-là dominé le Top 14 et l'Europe. Chacun pourra, à sa guise, chipoter sur la réorganisation de la Champions Cup en cours de route, sur les matchs tronqués par les épisodes Covid ou sur les adversaires affrontés pour en arriver là... Oui, si certains veulent crier à l'édition tronquée, qu'ils le fassent vite (et pas trop fort) ou se taisent à jamais. Car, quelles que soient les embûches qui ont mené jusqu'à cet affrontement, il possède la vertu d'opposer deux formations qui n'ont rien volé à personne. Et, sur ce qu'elles ont montré depuis des mois, accordez-nous la faiblesse de penser qu'elles sont aujourd'hui les deux meilleures de la ligne de départ.

On ne gagne pas avec autorité au Munster, là où Toulouse ne l'avait jamais emporté de son histoire, ou à Clermont, où le club ne s'était plus imposé depuis près de vingt ans, par hasard. Autant qu'on ne terrasse pas les redoutables Anglais de Sale avant d'éteindre les ogres du Leinster à Marcel-Deflandre, sans mériter sa place pour la dernière échéance. Cet ultime bal de rêve.

Souvenirs et traces indélébiles

Évidemment, par les contraintes qui ont accompagné les quelques privilégiés qui sont à Londres ce samedi, beaucoup regrettent que cette finale franco-française ait lieu à Twickenham. Le jeu valait-il la chandelle des cotons-tiges dans le nez sans arrêt et des squads limités (les joueurs blessés regarderont le match dans leur canapé) ? Il n'y aura que dix mille personnes dans les travées mais quel bonheur déjà de revoir des gens au milieu de tribunes trop longtemps et désespérément vides... Et puis, Twickenham quoi ! Cet endroit n'est pas surnommé le temple du rugby pour rien. Le manager toulousain Ugo Mola fut un des premiers, après la demi-finale remportée face à l'Union Bordeaux-Bègles, à souligner le "signe du destin".

Parce que cette enceinte est magique, notamment sur le plan personnel. "La dernière fois que j'ai foulé cette pelouse, même si c'était pour quelques minutes à la fin, c'était en 1999 pour une demi-finale de Coupe du monde qui restée mythique (la victoire de la France contre les All Blacks, N.D.L.R.), soulignait-il ce vendredi. J'y ai aussi fêté ma première sélection. Ce stade ne m'a laissé que de beaux souvenirs, j'espère que le bon karma va continuer." Ses joueurs également. Mais les Rochelais entendent bien eux aussi signer une trace indélébile dans le grand roman du "Temple". Ce samedi soir, un "Stade" sera champion. Mais, surtout, un beau champion.

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