Baky écrit : le Cosma est vivant

Par Rugbyrama
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BAKY ÉCRIT - Retiré des terrains, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby, des belles histoires du monde amateur aux exigences du secteur professionnel. Cette semaine, place à un voyage insolite en Guyane, où Meïté anime des ateliers d'écriture pour les demandeurs d'emploi, et où le rugby prend de l'ampleur.

Un soleil invisible et lourd fait suer à grosses gouttes. Le terrain synthétique est rutilant. De l’aveu de Laurent Pinto, président d’honneur du Cosma, club de rugby de Saint-Laurent-du-Maroni, il s’agit du même qu’au CNR à Marcoussis. Bien que n’étant pas un grand fan de cette surface je dois bien l’admettre, je suis impressionné.

Quand Guillaume Pages, l’un des hommes à tout faire du club, réunit ses ouailles au centre du terrain en tant qu’entraîneur de l’équipe sénior, c’est pour les féliciter de leur belle victoire 44-0 face au RC Tigre, l’un des deux clubs résidents de Cayenne. C’était en Coupe de Guyane, la compétition qui ouvre la saison sur le territoire. Il faut dire qu’avec six clubs, le calendrier est plus que généreux. Avec des matchs espacés de deux voire trois semaines, cette compétition laissera place au championnat domestique, début 2023.

Mais ce n’est qu’une étape. A l’heure où j’écris ces lignes, le territoire compte 500 licenciés quand l’an dernier à pareille époque, il n’en comptait que 200. Prochain objectif : 800. Dominique Castella, président de la ligue de Guyane, est confiant. Ce chiffre sera vraisemblablement battu dans les mois à venir. Mais attention, il faut qu’il soit battu avec une répartition correcte sur toute la Guyane et dans les clubs. Notamment chez les féminines. Elles jouent exclusivement à 7. Avant de passer à 10 ? C’est tout ce que l’on souhaite à Samantha Catel, l’ancienne de l’ASM Romagnat, et toutes les filles qui tentent de faire vivre le rugby féminin en Guyane.

Le travail est colossal. Et Dominique Castella ne tarit pas d’éloges quand il s’agit d’évoquer ceux qui œuvrent pour le développement du sport dans l’enclave sud-américaine.

Qu’il s’agisse de Paul Guerreschi (conseiller technique de club), qui crapahute en pirogue sur l’Oyapock (fleuve qui sépare la France du pays de Neymar) pour emmener le rugby dans les entrailles de l’Amazonie. Jacquy Pawé, le chef coutumier, avait donné son accord pour que le ballon ovale vienne rebondir dans son village de 700 âmes ; le RC Kourou et le RC Tigre qui bénéficient de l’assistance de ce passionné n’en demandaient pas tant.

Qu’il s’agisse encore Thomas Hennion (en charge des U16) qui multiplie les opérations dans les écoles guyanaises afin de détourner les tendrons du sacro-saint football. Ou enfin de Loïc Wrzochol (Conseiller Technique de Club) qui intervient à l’ouest de la région. Auprès du Cosma et des Jaguars de Javouhey.

Les "expatriés" de la métropole viennent grossir les rangs des différents clubs, et le cosmopolitisme saute aux yeux à Saint-Laurent-du-Maroni. Pourtant, le vœu pieu de Laurent Pinto serait de voir une équipe senior composée uniquement de joueurs locaux. Des Bushinengue, des Saramaca, des Matawai ou encore des Paramacas. Toutes ces populations descendantes d’esclaves venus d’Afrique de l’Ouest.

Autre tractation dans les coulisses, la venue de l’équipe de France de Fabien Galthié en Guyane avant la Coupe du monde 2023. Rien de tel pour booster les vocations et faire grimper en flèche le nombre de licenciés. Et, surtout, reprendre le flambeau de l’international numéro 14. Natif de Cayenne, il fut le premier joueur noir de l’équipe de France de rugby. Son nom : Georges Jérôme.

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