Ntamack-Smith : le sang froid contre le feu follet

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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 - Ce sera LE duel de ce match au sommet. D'un côté, la maîtrise du Français et de l'autre, le talent insolent de l’Anglais.

Rarement, on aura vu un parcours aussi balisé. Depuis son plus jeune âge, on lui prédit ce qui est en train de lui arriver. Romain Natmack fait partie du club hyper fermé des joueurs dont on parlait en équipe de France, avant même qu’il n’ait joué en Top 14. A notre sens, seul Matthieu Bastareaud dans les années 2007-2008 a vécu semblable destin, avec toute la pression qui va avec. Dimanche, il retrouvera Marcus Smith qu’il a déjà affronté, mais c’était chez les moins de 20 ans en 2018 pour une finale mondiale.

Romain Ntamack se retrouve donc au point où tout le monde l’attend depuis des années, comme si c’était facile. Observer Romain Ntamack est une expérience fascinante, comment fait-il pour rester aussi calme avec autant de responsabilités et autant de regards qui convergent vers lui. Il suffisait de le voir à la mi-temps du match de Cardiff, assis par terre, zen comme un moine tibétain, avec Laurent Labit qui donnait des consignes. Il fallait bien qu’un destin à ce point écrit d’avance souffre de quelques embûches. Elles nous l’auront rendu plus sympathique.

Romain Ntamack s’est trouvé confronté à la concurrence d’un autre phénomène : Matthieu Jalibert (un peu l’équivalent français de Marcus Smith). Disons que le talent insolent du Bordelais a pu faire un soupçon d’ombre à la maîtrise du Toulousain… On a même remarqué qu’auprès de certains esprits un peu partisans, il a fallu défendre les qualités de Ntamack. C’est de bonne guerre, et ce fut toujours un plaisir de rappeler la qualité de ses transmissions (ah ses retours intérieurs, de vrais rubis) ; sa lecture du jeu (combien de mauvais choix peut-on lui reprocher ?) ; sa défense très correcte pour un ouvreur ; son absence de bourdes ; son sens de l’interception (une autre forme de lecture du jeu). En fait, il a fait de sa sobriété une arme stratégique. Ce n’est pas ses équipiers qui s’en plaindront. Ntamack, c’est l’art de jouer juste. On disait ça autrefois de Barry John, les plus anciens comprendront.

Smith a dû attendre son tour

On ne compte plus les articles qui ont été faits à son sujet depuis, en gros, six mois. Les puristes le connaissent depuis un peu plus longtemps, depuis ce moment où, à 18 ans chez les Harlequins, il avait dû remplacer un titulaire blessé. C’était en 2017, et on percevait déjà son talent spécial, des témoignages, son allure et sa physionomie aussi avec ses traits asiates venus des Philippines (par sa mère). Marcus Smith avait tout de suite fait son trou, au point d’être appelé par Eddie Jones dans un rassemblement élargi du XV de la Rose.

Mais il aura mis quatre ans pour faire ses vrais débuts au niveau international. C’est un peu le style Eddie Jones que de se faire prier pour prendre les décisions que tout le monde réclame. Mais au printemps dernier, il amena les Harlequins au titre de champion d’Angleterre après une demie et une finale de toute beauté. Marcus Smith a finalement revêtu le maillot blanc contre les Etats-Unis l’été dernier à la faveur de la tournée des Lions. Il a d’ailleurs été appelé illico par ces mêmes Lions pour pallier une blessure. Mais pour le grand public, il a explosé à l’automne quand il fut l’artisan de la victoire extraordinaire des Anglais sur les champions du monde Sud-Africains.

Que dire de lui ? Qu’il est un attaquant hors-pair, un dynamiteur de défenses adverses. On pourrait le comparer, côté français, à Matthieu Jalibert : un talent créatif pur. Son palmarès est encore mince. Il n’a encore jamais affronté la France chez les seniors. On espère que son coup d’essai ne sera pas un coup de maître.

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